CANAL+ Accessible : les émotions du divertissement pour tous et toutes !
Comment nous pensons à 12 millions de personnes en France en rendant nos produits numériques accessibles.
En France, 12 millions de personnes sont reconnues comme étant en situation de handicap. Or, plus de 70% du contenu numérique n’est pas « accessible ». Heuuu… il n’y aurait pas un petit problème là ?
Pourtant, une multitude de technologies existent pour leur permettre de naviguer plus facilement : lecteurs d’écran, loupes d’écran, plages braille, dispositifs de pointage etc.
Cependant, si les développements d’un site ne prennent pas en compte les règles d’accessibilité, tous ces dispositifs deviennent inopérants, rendant la navigation impossible. Tout ça pour ça… !
C’est justement pour remédier à cette situation anormale et permettre à chacun et chacune d’accéder à du divertissement (de qualité !), que chez CANAL+, nous avons décidé de prendre en main le sujet.
En tant que média, producteur, distributeur et agrégateur de contenus, nous avons conscience que notre responsabilité est particulière. A ce titre, nous souhaitons penser à la société dans toute sa diversité. Nous travaillons ainsi pour sensibiliser, promouvoir et assurer l’accès, pour tous et toutes, à nos contenus.
Nos équipes tech et éditoriales sont mobilisées pour rendre nos produits toujours plus accessibles sur les différents sites web et applications du groupe : www.canalplus.com, boutique.canalplus.com, client.canalplus.com, assistance.canalplus.com ainsi que sur nos verticales comme jobs.canalplus.com ou encore leseclaireurs.canalplus.com
Pour se donner les moyens de ses ambitions, le Groupe CANAL+ a créé un poste de « Référent Accessibilité » (mon poste 😉), au sein de la Direction du Product Management, afin de porter la vision de l’accessibilité numérique sur nos différents produits.
Dans cet article, je vais vous expliquer comment, humblement et petit à petit, nous progressons dans ce chemin vers le divertissement pour tous et toutes !
Mais au fait, c’est quoi l’accessibilité numérique ?
L’accessibilité numérique consiste à rendre les services en ligne accessibles aux personnes en situation de handicap, quelle que soit la nature de leur handicap et la façon dont chacun consulte l’information.
Un ensemble de normes a été rassemblé au sein des Web Content Accessibility Guidelines (WCAG), développées par le World Wide Web Consortium (W3C), autour de 4 grands principes. Le contenu doit être perceptible, utilisable, compréhensible et robuste.
En France, ces principes ont été regroupés au sein du Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA).
Pourquoi on le fait ?
L’accessibilité numérique répond à plusieurs enjeux :
-Un enjeu sociétal : améliorer l’accessibilité numérique, c’est permettre à tout le monde d’utiliser notre produit et de permettre de vivre la meilleure expérience possible.
Chacun et chacune peut faire face à une forme de handicap, temporaire ou permanente, au cours de sa vie.
Notre produit doit pouvoir s’adresser à tous et toutes, y compris les personnes non-voyantes, mal-voyantes, handicapées moteurs et cognitifs, sourdes et malentendantes, mais également toutes personnes ayant un handicap temporaire ainsi qu’aux personnes âgées.
-Un enjeu business : en incluant le public au sens le plus large possible. Un produit accessible va donc permettre de toucher en moyenne 15% de personnes supplémentaires dans le monde.
-Un enjeu de marque : Avoir une marque forte et engagée sur le sujet d’accessibilité est une nécessité aujourd’hui. Cette image de marque pourra principalement toucher les plus jeunes, sensibles à ces enjeux. Au-delà de cette image, le Groupe CANAL+ a conscience de sa responsabilité. Nous accordons donc une importance toute particulière à l’accès aux contenus pour tous et toutes et souhaitons être exemplaire sur ce point.
-Un enjeu de référencement : les règles d’accessibilité sont, en partie, communes aux règles SEO. Avoir un HTML sémantique et une bonne conception technique rendent le site web plus accessible. Inversement, travailler sur l’accessibilité numérique, permet de détecter et remettre en ordre des développements “dans les règles de l’art”.
-Et enfin, une obligation légale pour certaines entreprises, dont les services audiovisuels à la demande, pour qui une série d’obligations arrivera à partir du 28 juin 2025 (Directive (UE) du 17 avril 2019 relative aux exigences en matière d’accessibilité applicables aux produits et services).
Une fois que l’on comprend pourquoi, il faut comprendre pour qui et se lancer !
Comment on s’y prend ?
👉 1ère étape : détecter les obstacles.
En 2020/2021, des audits ont été menés sur l’ensemble de nos sites afin d’obtenir notre note d’accessibilité, mais également une liste des corrections à apporter.
Ces audits ont été menés à partir de la centaine de critères renseignés par le RGAA.
👉 2ème étape : corriger et améliorer l’accessibilité du produit avec les personnes en situation de handicap.
Pour se faire, nous avons renforcé nos partenariats avec deux associations, HandiCapZero et Valentin Haüy. Cela nous a permis de comprendre pour qui nous le faisons, comment nous pouvons mieux faire et avant tout, de créer une dynamique afin de construire un produit, avec elles et eux, pour leur permette de vivre la meilleure expérience.
Nous avons pu recruter un groupe de personnes non-voyantes pour mener des tests d’utilisabilité de nos interfaces sur www.canalplus.com afin de répondre à une série de questions : Comment se déroule la découverte notre catalogue ? Le recherche d’un contenu en particulier ? En audiodescription ? La navigation entre la fiche d’un contenu et notre lecteur vidéo (mais cela fera l’objet d’un prochain article 😉).
“Nothing about us, without us”
👉 3ème étape : élaborer un plan d’attaque
Depuis début 2022, une série de mesures a été mise en place :
- Correction des erreurs relevées pendant les audits ;
- Prise en compte de l’accessibilité dès l’identification des besoins ;
- Mise en place d’un audit systématique dans tous les nouveaux projets et intégration des points d’attention à destination des Product Designers et des équipes de développement ;
- Amélioration du lecteur vidéo web, le cœur de notre produit ;
- Sensibilisation de nos équipes qui contribuent au produit ;
- Réalisation de user tests et création d’un groupe de beta testeurs et testeuses avec des personnes non-voyantes (dans un premier temps) ;
- Travaux sur la mise en place d’un design system accessible ;
- Travaux pour proposer les pistes en audiodescription et sous-titrages sourds et malentendants (SME) sur notre lecteur vidéo, dès lors qu’un contenu en dispose ;
👉 4ème étape : Suivre des indicateurs pertinents.
Nous suivons deux taux :
- La conformité globale
- La conformité moyenne
Le taux de conformité s’obtient après une série de tests, sur un échantillon de pages, à partir des critères renseignés dans le RGAA.
A la différence du taux global, qui s’obtient en divisant le nombre de critères conformes par le nombre de critères applicables sur la totalité de l’échantillon, le taux moyen s’obtient en faisant une moyenne d’accessibilité sur chaque page.
👉 Dernière étape : on se lance et on avance pas à pas.
Le travail ne fait que commencer. Cela nous a permis de prendre conscience du degré d’accessibilité actuel de notre produit et des mesures à mettre en place pour l’améliorer.
Suite aux derniers audits sur myCANAL, le taux de conformité global était de 30,3 % et le taux de conformité moyen était de 50,5 %. Si notre objectif est de passer la barre des 50% du premier taux avant fin 2023, nous suivons avant tout le second, plus représentatif de l’usage de notre produit.
“Accessibility doesn’t have to be perfect, it just needs to be a little bit better than yesterday” @LeonieWatson
Dans un prochain article, nous vous partagerons comment nous avons réalisé nos premiers user tests avec des personnes en situation de handicap visuel, nos objectifs et les premiers enseignements.
Si l’article vous a plu, pensez à le claper : ça fait toujours plaisir ! Dites-nous également en commentaires les sujets que vous avez envie qu’on creuse dans de prochains articles !
Amélien Delahaie — Legal Product Manager, Référent accessibilité numérique, Groupe CANAL+.
Transcription et traduction du schéma « Les principes du WCAG d’un coup d’œil » :
- Sécurité en cas de crise : Ne pas concevoir de contenu susceptible de déclencher une crise pour les personnes souffrant d’épilepsie.
- Compatible : Optimiser la compatibilité entre les appareils et assurez-vous que le contenu est compatible avec les technologies d’assistance.
- Navigation : Fournir de multiples moyens, intuitifs, de naviguer dans le contenu.
- Aide à la saisie : Aider les utilisateurs et utilisatrices à ne pas faire d’erreurs ; faciliter les corrections.
- Lisible : Rendre le contenu du texte facilement lisible et compréhensible, tant sur le plan visuel que cognitif.
- Prévisible : Faire en sorte que les pages apparaissent et fonctionnent de manière prévisible.
- Alternatives vidéo : Fournir des alternatives pour la vidéo et l’audio. Les sous-titres et l’audiodescription sont requis pour les vidéos.
- Alternatives textuelles : Fournir des alternatives textuelles pour tout contenu non textuel afin qu’il puisse être converti en d’autres formes.
- Adaptabilité : Créer un contenu qui peut être présenté de différentes manières sans perte d’informations ou de structure.
- Accessible au clavier : Rendre toutes les fonctionnalités accessibles à partir d’un clavier.
- Clarté : Offrir un contraste des couleurs adéquat et réduire le désordre visuel qui nuit à la lisibilité.
- Temps : Donner aux utilisateurs et utilisatrices suffisamment de temps pour lire et utiliser le contenu.
