Le Ciroir : La robotique trouve soulier à son pied

Cap Digital
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5 min readMay 31, 2018

— Cet article fait partie de la série D’ici / Demain

Découvrir les objets et services qui vont bouleverser nos usages dans les prochaines années : vous en avez rêvé, nous vous l’offrons sur un plateau ! La série d’articles “D’ici / Demain” présente 16 innovations qui vont changer nos quotidiens. Comment les connaît-on ? Grâce au dispositif INNOV’up Proto, financé par la Région Île-de-France, qui permet aux entreprises les plus prometteuses de développer des prototypes d’excellence. Accompagnées par Cap Digital, ces sociétés ont 8 mois pour finaliser le développement de leurs protos qui seront présentés lors des “Paris Region Smart Weeks”, dont notre festival FUTUR.E.S in Paris. On vous les présente donc ici en avant-première.

L’innovation dans le secteur vestimentaire n’est pas toujours synonyme de smart textiles, wereables et d’IoT. Parfois, la haute technologie sert au contraire à raviver des savoir-faire qui se perdent, que la mécanisation et l’automatisation des outils contribuent parfois à éteindre. C’est particulièrement le cas dans le secteur de la cordonnerie. Loin des solutions de scan 3D pour souliers sur-mesure, des textiles thermorégulés et des composants bientôt plus légers que l’air qui débarquent sur le marché, les Ateliers Laumonier placent, eux, la technologie comme un appui au respect de la tradition et des règles de l’art.

Les Ateliers Laumonier, créés en 1923 ont été repris par Rémi Laumonier, scientifique de formation. Depuis quinze ans maintenant il fait évoluer les activités de l’entreprise pour moderniser l’entreprise. L’objectif : mettre à contribution le savoir-faire familial en commun avec les technologies émergentes actuelles. Plus exactement, en s’associant avec Thibault Louvard, ingénieur et ancien de l’hôtellerie de luxe chez LVMH, ils mettent leur savoir en robotique, conception logicielle, mécanique et miniaturisation au service d’un art vieux de plusieurs centaines d’années (1770, Mr Day) : l’entretien des souliers en cuir par le cirage.

Le mariage de l’ancien avec le nouveau

Un bras robotisé vaut-il mieux que notre bonne vieille huile de coude ? Certains l’ont cru, en installant dans les halls d’hôtels les gros rouleaux des “machines à lustrer”. Satisfaisant ? Pas de l’avis des fondateurs du projet Le Ciroir, pour qui le simple brossage-crémage-lustrage n’est qu’un traitement partiel insuffisant pour entretenir les souliers de qualité.

Avec le projet Le Ciroir, les Ateliers, entendent donc leur faire un pied de nez, pour révolutionner le quotidien des bien chaussés, et plutôt trois fois qu’une :

  • En automatisant à 100% l’opération, ce qui évite à l’usager de faire le flamand rose en présentant successivement ses pieds sous les rouleaux.
  • En respectant une à une toutes les étapes de l’entretien à la main du soulier en cuir : brossage, nettoyage par mise à nu, nourrissage à la crème de cire, brossage, imperméabilisation et lustrage.
  • En traitant uniformément la surface cuir, grâce à un relevé et une mémorisation des données géométriques de chaque soulier qui permet un travail sur-mesure lors de chaque soin.

Mécanique + électronique = mécatronique.

Pour faire tourner cette machine, le mariage de la mécanique, de l’électronique et de l’informatique est nécessaire. Cette alliance complexe est ce qui fait de’ailleurs la renommée des Ateliers Laumonier. Les systèmes mécatroniques, comme leur nom ne l’indique pas forcément, sont donc des systèmes utilisés pour assurer un pilotage de machine qui s’adapte en temps réel à des conditions qui peuvent varier (taille du soulier, forme, etc.).

Dans chaque système de ce type, trois sous-systèmes permettent d’adopter une approche optimisée : une partie opérative qui représente la structure mécanique, une partie commande qui désigne l’intelligence embarquée — électronique donc — et une partie d’interface humain-machine qui instaure le dialogue entre la technique et l’utilisateur via une interface.

Dans le cas du projet Le Ciroir, on trouve donc précisément :

  • Un dispositif de reconnaissance 3D pour relever la forme de chaque soulier dans l’espace.
  • Un algorithme d’adaptation des mouvements, pour positionner les instruments de soin le plus précisément possible et reproduire les étapes clés.
  • Une mécanique robuste pour garantir la fiabilité et éviter toute panne, les procédés choisis sont les mêmes que ceux utilisés dans les convoyeurs de machines pharmaceutiques à fort rendement.
  • Des moteurs synchronisés par PC. Toujours dans l’optique d’allier stabilité et flexibilité, le choix a été fait d’adopter une architecture PC, qu’un fonctionnement automatique, pour mieux gérer la machine.
  • Un système global flexible. Pas question pour autant que les futurs utilisateurs paient au prix cher leur exigence en terme de qualité : c’est pourquoi chaque pièce a été pensée pour être facilement réalisable et intégrable. Les coûts restent donc maîtrisés.

Le travail d’une pointure bientôt disponible pour tous les pieds

Avec Le Ciroir, les fondateurs cherchent à toucher principalement les professionnels (Hôtellerie, conciergeries, clubs, cordonniers…). Un marché à fort potentiel, notamment dans les grandes villes, selon les calculs des fondateurs.

Concrètement, la machine se présentera sous la forme d’une boite cube de 60x60cm. L’utilisateur sera amené à piloter la machine via une interface tactile intégrée, ou bien via une application sur tablette. Il pourra ainsi contrôler les options et sélectionner le cycle en fonction de l’état des souliers et de son coloris. Il insérera lui même les consommables en fonction du cycle et du coloris souhaités.

Ateliers Laumonier : 1 siècle, 3 révolutions

En terme de transformation (numérique ou pas), les Ateliers Laumonier ne sont pas là pour rigoler : depuis environ un siècle, ils se sont spécialisé dans pas moins de trois domaines : la mécanique horlogère, la recherche contre le cancer… et maintenant donc le cirage high-tech de souliers.

Chez Cap Digital, nous les connaissons depuis 2017, souvenir ému de notre première rencontre autour d’un premier projet R&D. Depuis, labellisés et financés par la suite sur plusieurs projets, les Ateliers Laumonier font partie de l’écosystème Cap Digital, que vous retrouverez à Futur.e.s in Paris !

Last but not least, la société entend produire le prototype Le Ciroir ainsi que les premières séries intégralement dans les Ateliers Laumonier du Val d’Oise. C’est dire si l’on peut être confiant sur leur capacité à mettre un coup de pied dans la fourmilière des machines à brosser les chaussures. Et puis… c’est quand même bien mieux un soulier propre.

Pour aller plus loin…

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