Indian Palace
Cet article est republié de notre site Tipeek Photos, sur lequel nous vous invitons à venir retrouver l’ensemble de nos explorations.
C’est en Italie et plus précisément en Vénétie (non, on ne sera pas plus précis) que ce situe ce palais néoclassique à la splendeur passée.
Construit à partir de 1737, il fut achevé en 1791 comme l’indique une plaque sur la façade du bâtiment. Mais ses propriétaires s’y installèrent dès 1747 dans des locaux encore inachevés.
Le palais présente une partie centrale occupée en grande partie par une pièce de réception majestueuse qui s’élève sur toute la hauteur du bâtiment.
Deux peintres de renom se sont mis au travail, à partir de 1754 pour la décorer: Filippo Maccari pour les fresques murales et Marcola pour le plafond qui représente une scène mythologique.
Ces peintures sont étrangement bien conservées malgré leur âge et l’état de délabrement du bâtiment.
De chaque coté de cette pièce se trouvent deux escaliers à colonnade desservant chacun une enfilade de pièces qui devaient être des chambres et reliés par une coursive de laquelle on a une vue plongeante sur la grande salle de réception.
Au rez-de-chaussée on trouve également quelques pièces dont certaines ont des poutres décorées et d’étranges cheminées.
Au cours de l’été 1855 le choléra gagne la petite ville voisine et le parc de la villa sera transformé en hôpital de campagne.
Lorsque nous avons traversé la campagne environnante nous avons été frappés par le nombre d’indiens, la plupart Sykh, travaillant dans les champs et les vergers. Arrivés sur place, un petit groupe d’entre eux, 4 ou 5, se trouvaient sur le devant d’une des dépendances sur la gauche de la villa.
Les Français que nous sommes, habitués aux panneaux d’interdiction de pénétrer, aux caméras de vidéoprotection, aux cadenas, aux menaces de représailles et autres peines de prisons ont eu un instant d’hésitation.
N’écoutant que notre courage nous traversons à découvert le champ qui sépare la route de la villa, d’un pas décidé, un œil sur le petit groupe d’indiens. L’un deux nous fait un signe de la main auquel nous répondons joyeusement.
Une fois à l’intérieur, Sanjay (nous ne connaissons hélas pas son vrai prénom) nous a rejoint et dans une langue mêlée d’anglais et d’italien nous a expliqué qu’il travaillait dans les vergers derrières la villa, depuis 8 mois et pour encore 3, qu’il était venu de Goa en avion et repartirait de même une fois sa mission terminée.
Quelques recherches plus tard nous découvrons le « décréto Flussi ». Le programme Decreto Flussi a été introduit en 2002 pour répondre aux besoins de main-d’œuvre de l’Italie dans divers secteurs, notamment l’agriculture. En 2023 ce sont 44 000 travailleurs saisonniers qui ont été autorisés à travailler en Italie dont 22 000 dans le secteur de l’agriculture, principalement en Vénétie.
Sanjay a dû « bénéficier » de ce dispositif, logé par son employeur dans les dépendances de la villa et dans des conditions que nous imaginons aisément pour le moins spartiates. De retour en Inde, à Goa précisément, son salaire italien lui permettra probablement de vivre correctement avec sa famille.
Quelques selfies plus tard, nous disons au revoir à Sanjay, belle et étrange rencontre. Un dernier signe de la main et nous voilà repartis.
Cet article lui est dédié.