Comment la Tech devient actrice du bien-être en entreprise
Creuset de l’innovation par excellence, le secteur de la Tech a été l’un des pionniers dans le soin apporté à l’environnement de travail. La problématique humaniste rejoint une réalité économique : afin de mettre les employés dans des conditions de performance optimales, leur envie doit être stimulée.
De l’environnement professionnel à un cadre de travail séduisant
Très tôt, les entreprises de la Silicon Valley ont pris le parti de mettre le bien-être des collaborateurs au cœur de leur stratégie. Vous avez forcément déjà entendu parler des avantages dont bénéficient les salariés des géants du web qui sont souvent cités en exemples.
Par exemple, chez Google, tout a été pensé pour rendre la vie des employés agréable. Ils ont notamment la possibilité de recevoir des « crédits massage » lorsque leur participation à un projet a été satisfaisante et peuvent les échanger contre une heure de détente.
Que ce soit ceux de Mountain View ou de toute autre ville du monde, les bureaux sont tous savamment pensés avec des designs intérieurs stimulants, des aménagements favorisant la concentration et intégrant de nombreuses zones de détente, d’échange, de divertissement et de restauration. En moyenne, un Googler n’est jamais à plus de 45 mètres d’un point de restauration ou snacking, totalement gratuit !
Au siège de Facebook, les cloisons ont été abolies afin de restituer concrètement l’organigramme relativement « plat » de la société. Mark Zuckerberg ne dispose pas lui-même d’un bureau clos.
Afin de faciliter les échanges interprofessionnels, les accès aux cantines sont offerts, pour les salariés et leurs proches. Là où tout est à disposition pour proposer des moments de détente (salles de repos, instruments de musique à disposition, consoles de jeux vidéo, tables de ping-pong, incontournable baby-foot…), l’ambiance décontractée reste néanmoins studieuse.
Conscientes que la fatigue nuit à la créativité et impacte négativement la productivité, certaines entreprises proposent des lieux dédiés au repos. Elles aménagent des salles de sieste ou installent même des capsules comme l’EnergyPod permettant de profiter de 20 minutes de détente, propices à recharger les batteries.
Les propositions d’activités type fitness, gym ou ateliers sportifs gratuits pullulent : les salariés se voient proposer la possibilité de pratiquer un sport sur leur lieu de travail afin de stimuler le corps en sus de l’esprit.
Le baromètre annuel établissant l’Indice de Bien-Être au Travail, mené par Mozart Consulting Group et Apicil, estime à 12 600 euros par an et par collaborateur l’ensemble des conséquences liées au désengagement et à la non-disponibilité des salariés.
Des applications pour favoriser l’épanouissement professionnel
Taux d’absentéisme en baisse, hausse de la productivité, attachement plus fort à l’entreprise, création de synergies positives : investir dans le bien-être au travail et s’assurer d’établir un climat où il fait bon travailler est un atout en passe de devenir une nécessité, pour les start-up comme les PME.
Des entrepreneurs clairvoyants ont su capter cette tendance, la penser et la transformer en développant un service ou une application répondant au besoin d’avancer vers plus d’épanouissement.
Présentés par leurs fondateurs à l’occasion d’une réunion du Club des Chief Happiness Officers, voici 3 projets qui ont retenu notre attention.
1. TSOH ACTIVITIES : La plateforme des activités spontanées
Cette plateforme collaborative d’activités en entreprise permet à chaque employé de proposer une activité de groupe ou de rejoindre un évènement porté par un autre collaborateur.
C’est avec une interface simplissime que chacun peut organiser une séance de running autour du bureau, une heure de yoga dans une salle dédiée, une session de piscine… Il suffit de préciser le type de l’activité, sa durée estimée, la date de l’évènement, le lieu de rendez-vous et mettre à disposition les coordonnées de l’organisateur.
Le modèle fonctionne sur un principe d’abonnement à l’appli par mois et par salarié (concerne à priori les entreprises de plus de 100 personnes).
Les bénéfices sont multiples assure Eric Bourin, le fondateur:
Synergie : les activités entre collègues permettent les rencontres, sous un angle sympathique et autour d’un intérêt commun. Ce temps partagé est générateur de confiance et permet de casser les silos. La communication s’en trouve favorisée.
Attractivité : attirer les jeunes talents et les retenir, faciliter leur intégration, mettre en phase leurs softs skills avec l’entreprise. La possibilité d’être acteur de la société en contribuant à l’organisation d’activités engage le sentiment de loyauté et renforce la sensation d’appartenance.
Bien-être : cela offre la possibilité de s’épanouir physiquement et psychologiquement.
2. INTO THE TRIBE : la digital detox en équipe
Le constat scientifique est formel : l’infobésité, soit la surcharge d’informations numériques, entraîne du stress et de la fatigue. Neurologues et psychologues s’accordent sur le fait que l’hyper connexion peut mener au burn-out et à la dépression profonde.
Cette toute jeune agence de voyage, conceptrice de séminaires d’entreprise, s’est spécialisée dans l’expérience de la déconnexion.
Partant du constat que chaque cadre reçoit quotidiennement une moyenne de 88 mails par jour (soit 20% de plus qu’en 2010) et se connecte environ 150 fois / jour sur son smartphone, Vincent Dupin a eu l’idée de proposer des séjours de digital detox : une coupure nette avec internet, ses e-mails, ses réseaux sociaux.
L’expérience Into the tribe passe par l’installation d’une application sur le téléphone des participants à la journée d’atelier ou au séjour : une fois activée, l’app coupe tous les accès utilisant internet, seule la fonction « téléphone » est toujours opérationnelle. Cela permet d’emporter les collaborateurs loin de l’hyperconnexion durant quelques heures.
Activités teambuilding, ateliers de cuisine, sport en équipe… En Normandie pour 2 jours ou en Catalogne pour une mid-week, cette solution invite à se retrouver à 100% connecté à son entourage, à ce qu’il se passe autour de soi.
Les retours d’expériences sont extrêmement positifs: les salariés sont beaucoup plus attentifs, font preuve de plus de concentration, ils sont davantage en interaction avec leurs collègues et recréent du lien. Plus détendus, moins stressés, ils sont tout simplement plus heureux !
3. OUR COMPANY : le TripAdvisor du bien-être au travail
« Si vous prenez soin de vos salariés, ils prendront soin de votre entreprise », cette phrase que l’on attribue tour à tour à Richard Branson, Guillaume Mulliez, ou d’autres chefs d’entreprises est une évidence pour Stéphane Bourbier. Le co-fondateur de Our Company a conçu son application comme un outil mis à la disposition de chaque salarié pour lui permettre d’agir sur son épanouissement professionnel, celui de ses collaborateurs et de façon plus globale, sur la dynamique de son entreprise.
Il est indispensable pour une société engagée dans la mise en place d’une politique de bien-être au travail d’avoir des retours. C’est grâce aux remontées d’informations positives comme moins valorisantes, qu’elle va pouvoir établir des constats et prioriser les actions à mener.
Aujourd’hui les sources de feedback sont variées mais imparfaites :
- Les syndicats, qui ne sont pas toujours représentatifs et parfois engagés dans un discours conflictuel,
- Les baromètres sociaux, dont la transparence n’est pas toujours assurée et dont les résultats ne sont connus que sur le long terme (12 à 24 mois),
- Les managers, qui peuvent volontairement ou par omission effectuer un filtrage des informations,
- Les réseaux sociaux d’entreprise : ils sont généralement dédiés à un partage d’informations descendantes et non à la remontée et n’offrent pas la possibilité de l’anonymat.
Le fait de consulter les avis laissés par des clients sur la page La Fourchette d’un restaurant ou lire les commentaires rédigés par les précédents voyageurs sur une offre Airbnb est devenu un réflexe. Le web 2.0 est un livre d’or géant, tout autant qu’un cahier de réclamations, riche de centaines de milliers de commentaires à la disposition de chaque internaute, et accessibles 24h sur 24h.
L’avis client a été la révolution de la consommation digitale ces 15 dernières années. Stéphane Bourbier assure que “l’avis des salariés va être celui des 15 prochaines”.
De façon complètement anonyme, les utilisateurs de l’app établissent un baromètre en répondant à des questions rédigées par une chercheuse en psychologie sociale. Renouvelées très régulièrement, elles portent sur des thématiques comme les conditions de travail, la confiance en soi, l’ambiance entre collègues, leur humeur, le sentiment d’adhésion à leur entreprise…
Grâce à leur implication, l’entreprise obtient des statistiques en temps réel sur le moral et l’engagement des salariés, dispose d’un suivi immédiat de l’impact des décisions et annonces, et ceci, de façon anonyme mais néanmoins filtrée par Business Unit, ancienneté, …
L’application est téléchargeable gratuitement et tous les utilisateurs ont accès aux indices, ils sont publics. Avec 160 entreprises référencées et plus de 160 000 notations émises, les tendances dégagées sont fiables.
Pour les entreprises qui optent pour Our Company et mettent l’outil à disposition de leurs effectifs, le principe de facturation est simple : un montant fixe par utilisateur et par mois.
La belle action de Stéphane Bourbier est de reverser 15% des revenus générés par son produit à des associations œuvrant dans le sens du développement humain : Karuna-shechen (l’association de Mathieu Ricard), la Fabrique Spinoza (think thank de réflexion sur le bien-être citoyen), …
Dans notre entreprise, nous mettons en place des actions pérennes, à commencer par la co-construction de l’entreprise.
Cela se manifeste notamment par l’effacement d’une structure hiérarchique pyramidale au profit d’un fonctionnement par cellules pour tendre vers un état de bien-être au travail vécu par tous les membres de l’organisation.
Nous construisons ensemble, alimentée par l’énergie et l’implication de tous, une société où il fait bon vivre, bon travailler et bon grandir.
Notre Happy Office Manager, Carine, détaille dans un article les enjeux de son métier ainsi que les différentes actions qu’elle mène pour favoriser le bien-être de nos Partners :
Que ce soit via la conception des bureaux, les équipements mis à disposition, l’accès à la formation, l’organisation d’évènements qualitatifs et fédérateurs, l’attribution aux cellules de budgets dédiés au divertissement et à l’apprentissage, la ritualisation des échanges de feedbacks, nous nous donnons les moyens de faire de l’épanouissement individuel un des moteurs de la productivité de notre société !
J’ai écrit cet article suite à une réunion du club des CHO.
Fondé par Olivier Toussaint et Catherine Testa, Le Club des Chief Happiness Officers est de ceux auxquels Linkvalue est fier d’adhérer. Il a la particularité de rassembler des profils hétérogènes, qui ont des objectifs différents, mais qui formulent l’envie de les atteindre de la même manière : en replaçant l’humain au cœur de la création de valeur de l’entreprise. En cela, ce laboratoire d’idées autour du bien-être au travail a le mérite de nourrir la réflexion par l’échange et de porter à la connaissance de ses participants les bonnes pratiques et outils existants.
Sources
- Créativité et innovation dans les bureaux de Google — L’Express
- Comment le bien-être des salariés génère de la rentabilité — Harvard Business Review
- Le coût du mal-être au travail — Le Figaro
- Les 10 plus beaux bureaux de Google — Comgom
- 5 choses à savoir pour comprendre son cerveau et mieux s’en servir — Huffpost
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