Tech et diversité : L’inclusion féminine dans les métiers du numérique
La population composant l’univers de la tech est-elle aussi masculine que l’on se le figure ?
Univers radicalement viril ? Présence exclusive d’individus de type XY ? De nombreuses icônes de l’industrie technologique sont des hommes. Qui ne connaît pas les incontournables Steve J. , Mark Z. ou Larry P. ? Malgré tout, le nombre des femmes accédant à des postes clés affiche une croissance réjouissante.
Sheryl Sandberg, COO de Facebook est à la 4ème place du classement Forbes 2017 des Femmes les plus puissantes du monde. Susan Wojciicki, CEO de Youtube, se positionne juste derrière, en 6ème position. Enfin, Meg Whitman CEO de HP et Ginni Rometty, CEO d’IBM, se trouvent respectivement à la 10ème et 12ème place. Dans ce classement, les femmes de la tech côtoient une Présidente du FMI ainsi qu’une Chancelière fédérale d’Allemagne, un bel indice sur leur capacité à influencer le monde et son économie.
Si l’on scrute les 8 plus grandes sociétés technologiques (Google, Apple, Microsoft, Facebook, Yahoo !, pour ne citer qu’eux), la croissance des Femmes y est 238% plus rapide que celle des hommes.
L’année passée, cette infographie, réalisée par Ecoreil, détaillait cette tendance (extrait — infographie disponible en fin d’article).
Paris est la 6ème ville mondiale comptant le plus grand nombre de start-up tech fondées par des femmes : 21%. Ce chiffre rejoint le taux de 20% de salariat féminin dans la technologie et l’informatique.
Pourquoi cette faible présence ? Les métiers du numérique, du coding et des technologies ne sont-ils pas attirants ?
De nombreux élans se créent pour soutenir les femmes entrepreneurs du numérique comme l’association StartHer, ou pour promouvoir la communauté des femmes développeuses avec le mouvement Les Duchess.
Nous avons interrogé 4 femmes, Partners Linkvalue aux 4 métiers différents pour évoquer leurs parcours et leurs perceptions.
Marine, peux-tu définir ton métier de Développeuse Front-end ?
“Je développe des interfaces graphiques pour des sites web et apps mobiles.”
Celle qui s’est reconvertie en Dev Front après une expérience de modélisatrice ne se souvient pas avoir été traitée différemment pendant ses études d’ingénieur INSA Bio-informatique & Modélisation, pas plus qu’elle ne ressent de distinction vis-à-vis des hommes dans son quotidien professionnel.
“L’informatique, ce n’est pas un truc de mec ?” est la question face à laquelle elle admet perdre patience mais elle affirme : “Les choses ont beaucoup changé et c’est aujourd’hui un domaine ouvert à tous.”
Célia, quel a été ton parcours ? “J’ai débuté par un DUT MMI, continué sur une Licence Pro Communication Multi Média, et terminé par un Master expert en Stratégie digitale. J’ai travaillé au rythme de l’alternance pendant 3 ans dans une agence web avant d’intégrer Linkvalue où, en tant de Designer Front-end, je crée et intègre des interfaces utilisateurs.”
As-tu l’impression d’évoluer dans un milieu sexiste ?
“Non dans le sens où je suis traitée de la même façon que mes collègues masculins. En revanche, souvent par abus de langage, dans les discours (Meetup, Conférences) ou les discussions entre collègues, on oublie qu’un développeur peut aussi être une femme… Même si certaines sont présentes sur le moment, le discours énoncé ou la manière de s’adresser à son auditoire les exclut malgré tout, en étant tourné vers les hommes.”
Le plus gros cliché sur l‘univers du coding ?
“Le développeur est souvent relié à l’image d’un Gamer, peu voir pas sociable et au physique peu attrayant. C’est faux, bien entendu !
Il ne faut pas avoir peur de tomber dans un milieu macho, c’est un milieu évolutif et changeant.”
Iris, peux-tu nous parler de ton métier ?
“J’ai suivi un Master 2 spécialisé en design d’interaction, école de création numérique. Je suis Designer UX/UI, cela inclut de la conception et réalisation d’interfaces web et mobile, tout en intégrant l’expérience utilisateur.”
Durant ton parcours, as-tu ressenti des différences liées au fait que tu es une femme ?
“Oui, des avantages. Apparemment les femmes seraient plus sensibles donc plus pertinentes quand il faut se mettre dans la peau d’un utilisateur et donc meilleures pour concevoir des produits plus appropriés à leurs besoins. A contrario, j’ai déjà eu des remarques peu agréables. De plus, je suis souvent la seule femme de la réunion !”
Un conseil pour une jeune femme qui hésite à s’engager dans des études d’informatiques ?
“Il ne faut pas hésiter, c’est un milieu très ouvert et les femmes y ont tout à fait leur place. La sensibilité féminine peut énormément enrichir ce milieu.”
Marjolaine, que fais-tu chez Linkvalue ?
“Je suis Business Partner, c’est-à-dire que je déniche les projets les plus intéressants pour nos Partners Tech. Côté client, mon rôle est de créer de la valeur en réfléchissant aux solutions numériques nécessaires à leur accélération, et en leur permettant d’accéder au savoir-faire de nos experts. J’évolue depuis 9 ans dans l’univers digital. J’ai passé 3 ans et demi chez Yahoo, puis tout autant chez Twitter.”
Dans ton quotidien professionnel as-tu toujours eu l’impression d’être traitée de la même façon que tes collègues masculins ?
“Non, pas toujours, j’ai connu des environnements professionnels extrêmement différents. J’ai débuté notamment dans une petite entreprise patriarcale avec un grand patron qui décidait de tout exclusivement avec ses commerciaux masculins. Les femmes n’avaient pas leur place dans la direction : C’est notamment ce qui m’a décidé à rechercher dès que possible un environnement plus sain, plus égalitaire, et où l’on me laisserait jouer mon rôle et progresser avec les mêmes chances qu’un homme.
À l’inverse chez Yahoo, lorsque Marissa Meyer était CEO, toute ma ligne hiérarchique jusqu’à Marissa était exclusivement composée de femmes !
Et chez Twitter, il existait un organe interne appelé TwitterWomen dont le rôle était de mettre en avant le leadership au féminin, et notamment d’informer et de former les salariés de Twitter pour que les femmes puissent avoir toutes leurs chances au sein de la société.”
Que dirais-tu à une jeune femme qui hésite à rejoindre ce milieu ?
“Accroche-toi, parce que tu as largement ta place parmi les développeurs et les profils techniques ! Et tant qu’à faire, n’hésite pas à encourager les copines à en faire autant. La tech est l’un des univers les plus prometteurs et les plus créateurs de valeur, ce serait donc dommage de t’en priver.
Surtout, si tu mets le doigt sur une inégalité : parle, dénonce, fais savoir. Cela ne résoudra peut-être pas ton problème instantanément, mais ce que tu diras contribuera à une prise de conscience nécessaire au changement.
Enfin, n’oublie pas que ta pire ennemie potentielle, c’est parfois ta propre petite voix qui te dit que tu n’y arriveras pas… Et le tout sans aucun fondement ! Une fois pour toutes, flingue donc ces idées reçues : laisse-toi rêver et ose.
Et si tu as besoin d’inspiration, n’hésite pas à suivre les assos de femmes dans la Tech : Girlz In Web, Girls in Tech, ou encore Cyberelles…”
Sur cette même thématique de l’inclusion féminine dans le monde de la Tech, vous pouvez également consulter nos articles sur diversité des métiers Tech : impact et moyens d’action, retours d’expérience et conseils pour un secteur plus paritaire, les femmes inspirantes de la Tech, les différents parcours pour devenir développeur et les différents métiers du web.
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