Perspectives de Chain Accelerator en fin 2019

Nicolas Cantu
ON-X Blockchain (Chain-Accelerator)
6 min readDec 10, 2019

Vous retrouverez un résumé de nos réflexions sur 2019 ici :

Quels ont été les plus importants jalons de l’industrie en 2019?

Institutions

En 2019, on observe une prise de conscience, celle que des institutions, jusqu’ici d’Etat peuvent aussi être disruptées. Avec Libra, une révolution presse la relation entre les banques centrales et les banques commerciales, accélérant la digitalisation de la monnaie. Il s’agit d’une porte ouverte pour les institutions digitales, nationales, privées et réellement publiques. La digitalisation peut apporter beaucoup mais le niveau de résilience attendu par les peuples ne peut être apporté que par des infrastructures décentralisées, les blockchains sont au cœur de ces enjeux nationaux et internationaux. Pour ces raisons, elles sont remarquablement prisées par les ONG en 2019.

Ethereum “v1”

De façon plus spécifique, Ethereum v1 est un aveu d’échec mais Ethereum v2 devrait corriger la copie. La plupart des startups ont commencé avec Ethereum pour finalement changer de blockchain ou développer leur propre solution mixte, par manque de support, de performance, et face aux exigences de sécurité de leurs clients. On constate la même expérience chez les grands comptes, avec d’autres alternatives (IBM). L’industrie a appris en 2019 qu’il vaut mieux sécuriser une base fiable puis développer l’écosystème plutôt que l’inverse. Il s’agit d’une leçon importante qui fera la différence dans la concurrence entre les blockchains.

Timing

En 2019, l’industrie a appris que c’est une histoire à long terme, l’adoption est très difficile et il est vital de trouver un écho plus fort dans le quotidien des personnes et des autres industries; en bref adopter le format des grands comptes.

Quels sont les domaines les plus susceptibles de retenir l’attention en 2020?

Transformer internet

Internet en l’état n’est pas taillé pour sécuriser et protéger nos vies privées avec une digitalisation totale de la monnaie. Les centralisateurs du type GAFAs ou FAIs éventuellement de certains Etats auront rapidement la main sur des données critiques, nous rendant dépendants, vulnérables et manipulables. Ajoutons à cela que ces systèmes d’information et les autres subissent régulièrement des leaks et attaques mettant notre sécurité physique en jeu avec l’exposition du quotidien de nos achats.

Une digitalisation de la monnaie implique de décentraliser internet. Les blockchains et crypto-monnaies fournissent les seules solutions actuelles pour protéger la vie privée, garantir un réseau résilient sur l’internet de la valeur et donc éviter les risques de centralisation. Ce changement dans les modèles économiques liés aux échanges (données & valeurs) désintermédiés sur internet aura des conséquences sur sa topologie.

Wallets

En 2020, les wallets seront les navigateurs de l’internet de la valeur. Des startups y travaillent activement : des “sites de la valeur” pour payer, échanger, proposer, contribuer, coopérer, suivre, certifier, standardiser et s’accorder en direct en privé à grande échelle sur la valeur (inputs/outputs biens historiques produits services, digitaux ou non). Ces nouvelles expériences peuvent être totalement disruptives à minima de celle des comptes bancaires du retail et des administrations. De plus, ces procédés sont à la portée des PME et peuvent permettre un lien direct avec leurs industries et leurs économies. Si on utilise le wallet comme un canal de communication digitale, alors il s’agira d’un mouvement remarquable.

Blockchain et spatial

Les innovations du spatial et des blockchains sont liées. Il s’agit de deux domaines en révolution, deux espaces à vocation neutre, aux caractéristiques et besoins très complémentaires; tous les deux doivent réduire leur empreinte énergétique. Concrètement cela se traduit par des objectifs ambitieux : mettre le numérique en orbite basse, créer une infrastructure pour la coopération spatiale, ouvrir les processus de financement, désintermédier les opérateurs télécom et milles autres sujets. En 2020 la partie immergée de cet iceberg peut surgir.

IBM

Du côté des corporates, les difficultés avec Ethereum les poussent au joker IBM. Les promesses d’Ethereum même sur le réseau privé Infura de Consensys tardant à venir, l’écosystème des blockchains privées en 2020 se centrera probablement autour d’IBM. De premiers retours d’expériences permettront de mesurer la compétitivité des blockchains privées face aux autres solutions de stockage distribué.

Decentralized Finance

Les projets DeFi (decentralized finance) devront probablement apporter leur premières preuves de résistance et de scalabilité. C’est à double tranchant pour cette industrie à confirmer. En périphérie, la tokenisation de valeurs et propriétés digitales et non digitales va continuer, en allant conquérir d’autres domaines. Si ce marché se confirme, la réaction des grands acteurs et institutionnels peut être rapide car seuls quelques processus les séparent d’offres équivalentes. Les organisations historiques pourraient y voir le double avantage de digitaliser des back-offices jusqu’ici dédiés à quelques grands clients pour s’adapter à une base plus large ce qui mettrait fin à l’émergence des alternatives DeFi.

L’identité

L’identité est un point dur, qui sera probablement central en 2020, porté par l’émergence des crypto-monnaies nationales, crypto-euro en tête. C’est la clé de réconciliation entre les données d’audit sur une blockchains et la vie réelle. Il manque encore un cadre légal et des solutions packagées pour l’identité par clés publiques et on peut attendre en 2020 de grands pas dans ce sens et pour débrider les blockchains dans toutes les industries. On peut cependant craindre une séparation plus nette entre l’acception des projets anonymes et celle des projets pseudonymes.

Fondations post-ICO

Plus fondamentalement, les fondations post ICO sont partagées entre la diffusion de la technologie et une tendance de plus en plus forte à centraliser : financements, gouvernances, recherches, développements, formations, infrastructures/PoS, et parfois communautés sous JoinVentures; soit via les subventions choisies soit via des véhicules privés qui développent le cœur du protocole (Ex: Nomadic Labs pour la Tezos Fondation). Le poids financier des fondations dans les écosystèmes, leur gouvernance et leur spécificité technologique prônée en ICO rendent ces écosystèmes de plus en plus complexes à pénétrer. Le marché peinant à venir, ces organisations avec plusieurs millions d’euros de capitalisation ne devront pas user des méthodes critiquées par la décentralisation, l’image de l’industrie en dépend; leurs relations avec la SEC aussi. L’évolution des fondations sera sûrement un point important en 2020, néanmoins ces fondations pourraient être des interlocuteurs pratiques pour les états propulsant alors des déploiements majeurs.

Bitcoin

Encore imparfait, Bitcoin résiste incontestablement mieux que tous les autres projets, en étant le plus large réseau, le plus résilient, le plus sécurisé, ou encore en étant celui ayant le plus de “layers 2” en production augmentan, ce qui le rend compétitif sur l’aspect du nombre de transactions par secondes, et ce avec une consommation d’énergie à 90% verte et un coût énergétique très inférieur aux activités équivalentes pour produire, distribuer et payer avec la monnaie (fiat, banques commerciales…). En 2019 Bitcoin confirme 10 ans de production sans interruption, ce qui est incomparable dans les systèmes d’information, Bitcoin n’est pas freiné par le poids d’une fondation et ce protocole est très robuste techniquement. Son image accuse de nombreux faux procès mais Bitcoin dispose d’une excellente diffusion et son image s’améliore progressivement. Miniscript lui ajoute en 2019 des capacités de smart contracts comparables aux autres crypto-monnaies dites de génération 2 ou 3 ainsi que la possibilité de faire de la vérification formelle. Les mouvements des institutions par crainte des concurrences privées notamment des GAFA viennent “relativiser” Bitcoin qui n’est plus “l’ennemi”. Les prochaines intégrations institutionnelles de Bitcoin seront surement à surveiller.

Systèmes de signatures

Des alternatives telles Crit avec des processus élaborés de signatures sans blockchain pour un cash digital sont aussi à suivre de près. L’intégration progressive de systèmes de signatures évolués peut venir en remplacement potentiel des smart contracts.

Qu’est-ce que l’industrie dans son ensemble doit prioriser en 2020?

Fondamentaux

Seule la résilience d’une infrastructure numérique, justifie l’emploie d’une blockchain et permet des crypto-monnaies. En 2020, il faudra prioriser un retour aux objectifs. Il conviendra de communiquer moins sur les POCs et tracer des visions sur ce que l’on peut envisager de la décentralisation, pour un progrès réel. Il faut motiver des explorations audacieuses d’organisations en direct, à grande échelle, sans gouvernance autre que mathématique. C’est la promesse et elle doit être rappelée pour ne pas fondre l’industrie dans des compromis sans valeurs ou des rondeurs destructrices avec les institutions.

Education

L’éducation doit continuer partout : en développement informatique, en réseau informatique, en cybersécurité, en économie, dans les écoles de commerce, dans les études sociales… L’absence de gouvernance est une science des mathématiques qui trouve des champs d’application dans tous les domaines.

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