À l’idée de le perdre

Chloe Conscience
Sur la route du Must
3 min readDec 28, 2017

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Je posais ma tête sur l’oreiller quand l’idée m’est revenue.

Nos éclats de rire, nos conversations, nos regards et nos caresses se mirent en pause. Sa respiration masquait mal le silence autour. Il y avait là son corps à côté du mien, sa main posée sur mes reins, et d’un coup, l’idée m’est revenue.

Ça faisait longtemps, des mois ou des années peut être, que cette idée ne m’avait pas traversé l’esprit avec cette puissance désarmante. Une idée si forte qu’elle me paraissait insupportable. Une idée que j’avais tenu à distance pour devenir adulte, autonome et responsable.

Oui, sa respiration masquait mal le silence autour, et tout du silence parlait pour elle. Pour cette idée qui prend source dans les recoins du manque de confiance et dans la folie de penser posséder. Pour cette idée perdue qui revient alors que je m’y attendais le moins.

Oui, je posais ma tête sur l’oreiller quand des frissons m’assaillaient. Ils m’assaillaient à l’idée de le perdre.

Je me pensais debout et armée. Je me pensais oser la vulnérabilité. Je pensais que, je pensais à, je pensais jusqu’à. Je pensais jusqu’à l’écoute de sa respiration et du silence.

C’était si facile d’être seule à côté de ça. C’était si facile d’être seule à côté de lui. C’était si facile d’être une.

M’y voilà pourtant. L’être à deux. Le vouloir à deux. Je le regarde et je me dis qu’il a balayé ma vie. Tout mon être se sent capable de tout vouloir à juste l’apercevoir. Mon cœur veut le voir rester à mes côtés avec une force que je redécouvre à chaque fois que son regard se plante dans le mien.

Et il est celui qui reste.

Je m’habitue à celui qui reste avec la peur qu’il s’en aille.

Je m’habitue à lui avec une force presque plus naturelle que celle que je déploie pour moi.

Je m’habitue à lui comme s’il était là bien avant qu’il arrive.

Parce qu’il est celui qui me fait si peur, je m’habitue à lui par amour.

Et arrive l’amour.

Celui qui terrifie parce que je ne sais pas d’où il vient. Celui qui terrifie parce que je ne sais pas où il va. Celui qui terrifie parce que je n’en sais rien.

Pourtant je sais. C’est quand on l’explique que l’amour n’en est plus. C’est quand on en a peur que même l’amour ne veut plus.

Quand je dis,

Je me sens vulnérable.

il dit :

Tu l’es, et c’est une bonne chose.

Il n’est pas la meilleure chose qui pouvait m’arriver. Il est la meilleure chose que je voulais m’arriver. Alors, quand l’idée revient, celle que je puisse le perdre, lui ou le sentiment qui m’habite, je me rappelle de ça : la vulnérabilité est le prix à payer pour aimer.

Et je suis là à aimer.

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