C’est quoi l’amour ?

Et qu’est-ce que ce n’est pas ?

Chloe Conscience
Sur la route du Must
6 min readJan 9, 2018

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Je me suis toujours posée ce type de questions, que l’on nomme “existentielles”. La plupart d’elles concernent les relations entre les individus, l’amour et la vie. Après une rupture douloureuse en 2014, j’ai exploré tout un tas de sujets autour de “l’équilibre personnel”, “l’amour de soi” et “l’amour véritable”. Des questions qui ont semé de nombreuses secousses sur mes décisions prises jusqu’alors et sur le chemin de la construction de soi. Des questions qui m’ont aussi rapprochée de la femme que je suis.

Alors que mes sentiments et mes décisions s’alignent aujourd’hui à l’envie de partager ma vie avec un homme en particulier, les grandes questions refont surface et avec elles, mes points de vue sur l’amour se challengent. Il y a quelques mois, alors qu’une collègue très amoureuse me parlait de sa relation naissante, j’évoquais le manque d’amour. Sincèrement curieuse de la tournure que prenait notre conversation, elle m’avait répondu :

Alors, c’est quoi l’amour ?

L’amoureuse adore parler d’amour

Je me suis créé une idée de l’amour à une période de ma vie où je n’étais pas en couple. Il est difficile pour moi de définir l’amour, il m’arrive même de juger cela impossible. Néanmoins, travailler sur l’amour de soi m’a permis de définir ce qui n’en est pas.

Ces indices sont pour moi un signal quand mes sentiments amoureux me parlent d’amour, là où je nourris en réalité ma propre personne/mon ego. C’est bien connu, l’amoureuse adore parler d’amour… En voici quelques exemples :

L’amoureuse

“J’aime ce qu’il m’apporte”

J’aime la façon dont il me fait me sentir, l’image qu’il me renvoie de moi-même : brillante, belle, confiante. Des sentiments qui nourissent mon ego et renforce l’idée subjective de ma propre valeur.

“J’aime ce qu’il représente”

J’aime ce qu’il fait parce que cela s’aligne aux choses que j’aime ou que je désire. Mon admiration qui nourrit son égo et lui permet d’apprécier ce que je lui apporte. (cf point précédent)

“J’aime être en couple”

J’aime les moments que l’on vit parce qu’on est deux : les moments romantiques, les projets communs. Des actions qui valorisent ma position dans une société qui, disons-le nous, prône encore le couple davantage que le célibat.

“J’ai peur”

La peur de le perdre, la jalousie, le besoin de l’autre : des sentiments de co-dépendance qui nourissent mes propres manques de l’instant.

Ces cases sont faciles à cocher et ces sentiments sont communs. J’ai récemment lu cette phrase “Il y a des sentiments qui justifient qu’on vole en éclats.” et l’amoureuse que je suis acquiese à ces mots. La plupart de nous acquiesons à ces mots. Sauf que.

Fish Love, ou l’amour du poisson

L’amour de l’amoureuse fait écho aux mots de Rabbi Abraham Twerski qui, dans sa vidéo The Love of giving, parle de notre méprise de l’amour.

Jeune homme, pourquoi manges-tu ce poisson?

“Parce que j’aime le poisson”, répond le jeune homme.

“Oh, tu aimes le poisson. C’est pourquoi tu l’as sorti de l’eau et tu l’as tué et bouilli. Ne me dis pas que tu aimes le poisson. Tu t’aimes toi, et parce que le poisson te plaît, tu l’as donc sorti de l’eau et l’as tué et fait bouillir.”

Cet exemple est représentatif de notre idée de l’amour de l’autre, qui est lié à l’amour propre. Il est courant de se trouver séduit par un autre pour ce qu’il renvoie à nous-même davantage que pour ce qu’il est.

Mes périodes de célibat ont mis aisément en lumière ces attitudes. Lors de rendez-vous il était perceptible de constater que ce que je renvoie était plus important pour l’autre que ce que je ressens. Alors que les hommes pensent flatteur de complimenter, ils en oublient de s’intéresser à ce qui s’exprime au delà de l’impression que je leur évoque. Je suis même allée jusqu’à rejeter le désir d’être jolie pour que l’attirance prenne racine ailleurs. Vaine stratégie (inconsciente naturellement), vu que la plupart des personnes pensent que leurs sentiments définissent une connexion. Concentrés sur leur personne, ils en oublient de considérer ce que l’autre ressent réellement pour eux.

Cet exemple met lumière sur la méprise de l’amour, mais également sur celle de l’amour propre.

L’amour propre n’est pas de l’égoisme. L’amour propre est la faculté à poser ses limites émotionnelles pour s’engager dans une relation saine qui ne fera pas porter à l’autre ses propres manques ou manquements. Finalement nous serions incapable d’aimer sans avoir au préalable appréhender notre amour propre. Le cas inverse, l’amour restera au stade de l’amoureuse.

Alors, c’est quoi l’amour ?

Pour voir l’amour, le véritable, la mise à distance de l’amoureuse est nécessaire. Il ne s’agit pas de critiquer l’amoureuse mais de savoir pourquoi elle s’exprime et poser ses limites pour laisser la place à l’amour.

Comment ? En laissant la place nécessaire aux manifestations de l’amour.

Seuls et liés.

La conversation

J’ai rencontré des hommes intelligents et dotés de vrais atouts conversationnels, certains dont je suis tombée amoureuse.

Néanmoins, aussi intelligents qu’ils puissent être, si je ne peux pas partager avec eux les sujets et discussions qui me touchent ou me passionnent (oui, comme ce sujet sur l’amour), je ne peux pas transformer l’amoureuse que je suis en femme qui aime.

Il y a une différence entre aimer les mêmes musiques, avoir les mêmes goûts culinaires ou vouloir le même nombre d’enfants, et être capable de discussions autour de sujets qui nous épanouissent.

La compassion

Aimer n’est pas tout comprendre de l’autre. Aimer est éprouver de l’empathie pour l’autre. Aimer est être présent dans les moments du quotidien comme dans les moments décisifs : quand l’autre tombe malade, quand il est confronté à un décès, quand il a quelque chose a célébrer.

J’ai connu des hommes parfaits pour la vie que je veux qui ne sont pas des hommes du quotidien. Quand j’ai commencé à défendre la façon dont ils étaient sur le papier (à moi-même), c’était fini.

Bien sûr des concessions sont à faire pour accepter l’autre dans toute sa singularité mais l’empathie et la présence dans ce que son partenaire traverse n’est pas une condition. C’est une preuve d’amour.

Les recoins de la relation

L’amour ne s’exprime pas lors des phases de l’amoureuse. Les élans d’amour ne sont jamais de l’amour. Aussi amoureusement que nous le voudrions, l’amour n’est pas dans les engouements des débuts. Il annonce peut-être ses prémisses mais il se construit et il se révèle dans le temps.

L’amour s’installe dans les recoins de la relation : quand les insatisfactions ou les incompréhensions surgissent ou quand la communication est douloureuse et menace de cesser. À ces moments, l’amour ne choisit pas la fuite ou le combat. Il choisit l’écoute et l’empathie.

Quand l’amoureuse se consume, alors l’amour nait.

Alors que mes sentiments et mes décisions s’alignent aujourd’hui à l’envie de partager ma vie avec un homme en particulier, les grandes questions refont surface et avec elles, mes points de vue sur l’amour se challengent.

L’occasion de rappeler à l’amoureuse, de ne pas avoir peur de l’amour.

Et à l’amour, d’accepter que ne sera pas toujours là l’amoureuse.

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