Découvrir le savoir-vivre

Dans un monde où on a peur de mourir

Chloe Conscience
Sur la route du Must

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Ce matin, les yeux ouverts à 6h30, je suis descendue dans le jardin pour regarder le soleil se lever. À moitié endormie, à moitié éblouie, j’ai vu s’éclairer tout ce qui se trouvait autour de moi. Doucement les plantes passaient de l’ombre à la lumière, la chaleur montait et la piscine brillait. Doucement, je devenais consciente des bruits autour de moi. Les oiseaux chantaient, les feuilles crépitaient.

Ce matin, face au soleil qui se levait, je suis devenue consciente que tout s’éclairait autour de moi. Il ne s’agissait plus là que des plantes, des animaux et des meubles autour. Il s’agissait du passé, du présent et du futur. Tout en même temps prenait une autre dimension.

J’ai reconnu la supériorité que j’avais donné toute ma vie à l’humain sur le reste. Sur le soleil, sur les plantes, sur les animaux, sur le respect de toutes choses, à même échelle. J’ai reconnu l’égoïsme et la condescendance dont j’ai fais preuve à ne pas savoir vivre humblement au milieu d’un tout. J’ai reconnu le manque de savoir vivre dont je faisais preuve à nier si souvent notre essence, notre raison de vivre, au profit d’une pensée occidentale construite sur un modèle patriarcale et orienté vers le progrès scientifique.

Nous pleurons les hommes qui meurent, mais laissons mourir nos océans. Nous pleurons la violence, mais ne sommes pas capables d’admettre que les violents en sont les premières victimes. Nous avons peur de tout et débattons pour rien. Nous parlons pour le monde entier sans avoir même individuellement fait le tour de nous-même. Nous réclamons de la sécurité, alors que c’est notre désir de sécurité financière et matérielle qui est à l’origine de tant d’insécurité.

Ce matin, comme chaque matin, le soleil s’est levé. Sans son existence à lui, aucune chose, aucun humain, aucun animal et aucun végétal ne serions ici. Ce matin, je n’étais le centre de rien. Vous ne l’étiez pas non plus. Nous allons tous disparaitre de nos vies, c’est la seule chose dont nous sommes certains, et la seule chose que nous sommes nombreux à ne pas prendre en compte dans nos choix de vie. Nous le faisons pas par peur.

La peur de vivre n’est pourtant pas mieux que la mort.

La peur est ce qui nous laisse dans la catégorie «assez bien».

«Mon boss est un con.», «Je travaille comme un dingue.», «Je suis malade depuis 4 jours.», «J’ai envie de…» MAIS «Ça va, je ne le croise pas tous les jours», «Ça va aller avec les vacances», «Ça va, je vais me reposer ce weekend. Ou celui d’après.», «.. mais ça va j’ai toujours que des idées de toute façon».

Pourquoi avons-nous si peu d’égard pour la vie que nous vivons et en même temps sommes si révoltés face à la mort qui nous l’enlève ?

Ce matin, le soleil s’est levé. Certains amours, certain(e)s ami(e)s, certaines croyances, certains fonctionnements, certaines peurs n’étaient plus là. Une part de moi, ne s’est pas levée ce matin. Pourtant, j’étais assez et complète. J’étais moi-même une part d’un tout, et c’était tout.

De ceux (et ce) qui restent autour de moi, peut-être se demandent-ils aussi si nous pouvons vraiment ne pas avoir peur de ce qui disparait. Je ne sais pas. Mais ce que je sens, est qu’une fois qu’on a appris à vivre, en harmonie avec le soleil qui se lève, les plantes qui respirent, les animaux qui parlent et qu’on prend son énergie au milieu de tout cela au lieu de se la prendre les uns aux autres en nourrissant la peur, le pouvoir, la comparaison, et l’envie, on ne regarde plus la disparition ou la mort comme la fin.

Ce matin, les yeux ouverts à 6h30, j’ai été tellement contente d’avoir pu les ouvrir. J’étais consciente que c’est la seule chose qui compte, et que c’est une chose à laquelle nous sommes si habitués qu’on ne la regarde plus. On ne regarde plus la vie. On regarde toutes les conneries qu’on a construit autour pour oublier qu’on ne la comprend pas. On ne comprend pas pourquoi nous pouvons choisir de la donner mais que nous allons aussi la perdre. Alors on n’accepte pas de perdre ce qu’on a : notre appartement, notre job, une personne à laquelle on tient, notre jeunesse, nos cheveux, notre insouciance, etc

Nous n’acceptons pas avec joie de voir les choses changer et nions encore une vérité fondamentale : tout se transforme.

Les choses intrinsèques à notre vie sont pourtant celles-ci : les débuts et les fins. Nous pouvons choisir de la façon dont nous les vivons, mais nous aurons à les vivre.

Ce matin, comme chaque matin, le soleil s’est levé. La journée aura son lot d’émotions, de pensées, de rencontres fortuites ou inattendues, d’évènements. Toutes ces choses seront des signes qui nous apprendront à vivre.

Et je crois que savoir les accueillir sans aucun jugement, avec humilité et enthousiasme, est savoir vivre.

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