Est-ce qu’être une femme en mouvement signifie penser comme un homme ?

La femme, (encore) un sujet

Chloe Conscience
Sur la route du Must

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Jacques Brel l’a dit.

“Un homme (le mâle) est un nomade, il est fait pour se promener, voir ce qu’il se passe de l’autre côté de la colline. Par essence, la femme, l’arrête. La femme a envie qu’on lui ponde un oeuf, toujours. Toutes les femmes du monde ont envie qu’on lui ponde un oeuf.”

S’il n’y avait que lui.

Ce que dit Jacques Brel, je l’ai entendu à plusieurs reprises ces derniers mois. Je n’aurais pas pu passer à côté, parce que cette réflexion m’était directement adressée. 4 fois exactement. 4 fois j’ai entendu que le couple se forme de la façon suivante : « l’homme trouve la femme »; accompagné d’un : « un homme te trouvera si tu cesses d’être en mouvement ».

En mouvement : portée de projets en projets, en exploration permanente, dans un avion plusieurs fois par an, habitée par une intuition qui ne tient pas en place (Sérieusement ?).

Ce que dit Jacques Brel ressemble à une vérité primitive et instinctive qui a influencé le modèle de nos sociétés. La constitution même de l’homme et de la femme sous entend cette vérité. La femme est concave, l’homme est pénétrant. La femme accueille et reçoit. L’homme pénètre et donne.

Cette part de vérité, naturellement éprouvée dans mon désir de maternité, soulève un paradoxe là où finalement ne se trouve qu’un autre modèle. Celui que la femme puisse s’épanouir dans le mouvement, dans l’exploration mais aussi – parfois en même temps – ressentir un désir d’union, voir de reproduction.

Néanmoins, les avis sont proches de l’unanimité quand il s’agit d’union : il paraît que la femme arrête l’homme. L’homme qui butine, l’homme qui voyage, l’homme libre en somme – et qui un jour, tombe amoureux et ressent le besoin viscéral de s’unir à l’autre.

C’est en écoutant les mots de Jacques Brel que j’ai pris conscience avoir toujours pensé que ce serait un homme qui m’arrêterait. Avoir toujours pensé qu’une rencontre accompagnerait mon désir de m’installer longuement quelque part. Je n’avais toutefois pas réalisé avant de m’exprimer sur le sujet l’image que cela renvoie quand une femme exprime cela.

L’homme qui s’arrête, s’accomplit.

La femme qui s’arrête, s’agrippe.

La place et l’image de la femme dans la société évoluent. Pourtant, je pressens qu’une femme qui jouit de sa liberté de mouvement et d’action est encore inconsciemment appréhendée comme une femme qui s’émancipe d’un cadre. Elle semble alors radicale, entière (excessive), indépendante. Cette émancipation semble aller jusqu’à poser une contradiction dans les esprits, celle qu’une relation à deux n’est pas conciliable quand la relation que l’on entretient avec soi-même est déjà si riche et si complexe.

Je ne revendique pas ma liberté. Si je confie qu’elle m’est naturelle, je sens le féminisme qui viendrait prendre de haut ce que j’exprime comme acquis. Pourtant, mes actions ne sont pas des démonstrations. Une femme en mouvement n’est pas une femme plus exigeante avec l’homme, c’est une femme exigeante avec elle-même. Une femme en mouvement ne s’exprime pas par droit, elle vit simplement libre. Une femme en mouvement ne cherche pas l’admiration des hommes, elle ne cherche pas. Une femme en mouvement n’a pas peur de vieillir, elle a le goût de vivre plus prononcé que celui de rester jeune.

C’est vrai, une majorité de femmes font un jour le choix de s’installer et d’avoir un enfant. Étrangement, une femme en mouvement qui fait ce choix effraie davantage l’homme qu’une femme qui ne ferait que celui-ci. Elle font pourtant le même à ce moment là.

Et puis, revient Jacques Brel :

“Un homme (le mâle) est un nomade, il est fait pour se promener, voir ce qu’il se passe de l’autre côté de la colline. Par essence, la femme, l’arrête. La femme a envie qu’on lui ponde un oeuf, toujours. Toutes les femmes du monde ont envie qu’on lui ponde un oeuf.”

Jacques Brel et l’opinion générale.

Un mélange de vérité et de croyance qui entretiennent l’histoire de nos modèles. La majorité des hommes vous diront s’être arrêté pour une femme. La femme attendait l’homme qui la choisirait.

La majorité des hommes, au bon moment, vous diront qu’au fond, ce n’est pas si naturel de s’arrêter. Quant aux femmes, elles vous diront qu’être mère est la plus belle chose qui leur soit arrivée. Je crois autant à ces deux choses: je crois qu’il n’est pas aussi naturel de s’arrêter pour rester et je sais aussi, la force et la puissance de l’envie de la maternité.

Je ne croyais pas que nous puissions attribuer des postures en fonction du sexe. C’est sûrement pour cette raison que je me suis arrêtée sur les paroles de Jacques Brel. Parce que malgré ne pas m’y être tout à fait retrouvée, je l’ai pressenti comme vérité.

Celle qu’une femme en mouvement parle peut-être ouvertement le langage d’un homme en liberté.

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