L’amoureuse
Tu es la personne que je préfère.
Tu es la personne que je préfère.
Je ne t’ai pas laissé entrer dans ma vie, tu es entré dans ma vie. Tu ne vois peut-être pas la nuance, sache qu’elle existe.
Tu es entré dans ma vie et tu ne me laisses que l’illusion du choix. Tu n’en questionnes aucun. Tu es entré par effraction au moment où je ne t’attendais pas. Depuis ce moment là, tu es la personne que je préfère.
Tes yeux aussi, sont ceux que je préfère. Tes mots, ta voix et tes avis sont ceux que j’écoute. Ton corps est le seul que je veux. Ta présence est la seule que je réclame. Tous les efforts et les compromis que je fais pour un autre que moi-même n’en sont pas avec toi. Même mon mental, expert indétronable de la remise en question, n’en dit rien. Mon coeur parle pour moi et le mental abdique. Je suis amoureuse de toi.
Je suis amoureuse de toi.
L’amoureuse que je suis aujourd’hui a le coeur qui bat comme l’amoureuse que j’étais hier. Sauf qu’entre temps, j’ai eu le temps de juger l’amoureuse que je n’étais plus pour son impermanence, sa légèreté et sa conviction subjective. Il est alors déroutant de me retrouver amoureuse. De retrouver la dévorante sensation de mon coeur qui reprend son droit, celui de battre si fort à la vue d’un autre que rien ne s’entend autour. J’hésite entre parler de folie ou de justesse de la conviction du coeur. Au fond, y-en a t’il de plus puissante que celle motivée par le coeur ?
Je suis amoureuse de toi. Bouscule-moi. Bouscule-moi que je n’ai pas à m’habituer à toi.
Je regarde tes yeux et j’ai peur de m’habituer. Je pourrais m’habituer si vite aux possibilités que voient mes yeux quand ils regardent les tiens. Je pourrais préférer les réponses aux questions. Je pourrais me construire des certitudes et demander des promesses. Je pourrais agir comme tout le monde et penser que c’est différent.
Alors bouscule-moi. Bouscule-moi que je n’ai pas à m’habituer à toi.
Peut-être que l’amoureuse que je suis ne sera pas toujours là quand tu regarderas mes yeux. Je pourrais avoir peur des possibilités que voient mes yeux quand ils regardent les tiens. Je pourrais inventer des questions, lassée de connaitre les réponses. Je pourrais agir différemment, effrayée d’être comme tout le monde.
Je suis amoureuse de toi. Je suis amoureuse de toi oui, mais je suis tant d’autres choses. D’autres choses que tu ne vois pas encore, que tu ne connais pas encore. D’autres choses qui survivront à l’impermanence, à la légéreté et à la conviction subjective qui m’habitent quand je regarde tes yeux. Alors je me demande :
Est-ce que l’amour survivra à l’amoureuse ?
Tu es la personne que je préfère. C’est arrivé comme ça et ça peut partir comme ça. Ça peut partir comme ça et un jour, entre le sentiment amoureux et la construction du couple, on retrouve la faculté de faire un choix.
Un choix qu’on prend seul en même temps qu’on le fait à deux.
Est-ce que l’amour survivra à l’amoureuse ?
Je l’espère, parce que tu es la personne que je préfère.
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