Si l’amour compte

Ce qu’il reste de Soi après le Nous.

Chloe Conscience
Sur la route du Must

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Ce soir, j’ai dû tuer l’homme que j’aimais.

J’envoie un message, assassin. J’ai des larmes plein le visage, mon cœur est si serré dans ma poitrine que j’ai envie de vomir. J’ai peur de lui faire mal. J’ai peur de la froideur de mes mots. J’ai peur que mes mots le gèlent alors que je ne sens plus mon corps. Je me dis qu’on a tous cru mourir pour ces mêmes raisons, et ça me rassure. Il mourra aussi.

Il n’y a pas de science exacte en amour. Il n’y a aucune explication. Il n’y a aucune raison. Dès lors qu’on l’explique, l’amour n’en est plus.

On rencontre quelqu’un. On construit notre monde à travers le prisme d’une femme, ou d’un homme qui aime. On grandit à deux, on devient la personne qu’on s’autorise et qu’il nous aide à devenir. Le temps passe, on dit “on” presque davantage que “je”. Sans même s’en soucier. On a peur de rien quand il est là, certain qu’il le sera toujours.

Dire toujours nous quitte un jour. Ce jour, le je reprend ses droits.

Que reste t’il de soi après le nous ?

Quitter un amour, c’est comme quitter son monde. Ne plus avoir l’exclusivité de rien, ni de personne. Il n’y a plus de promesse, plus d’engagement, plus d’assurance.

Quitter un amour, c’est redécouvrir son monde. Son monde s’étend sur toutes les opportunités qui naissent de la place béante que laisse l’amour qui déserte.

Passé l’effervescence d’une nouvelle liberté ou la souffrance d’un nouveau manque, on nous demande de nous laisser du temps pour nous reconstruire.

Pourtant, je ne me suis pas reconstruite après lui. Je me suis construite.

Qui sommes-nous après un nous ?

Une meilleure version de nous-même. Une personne qui sait comment être seule, sans avoir besoin d’être divertie, en accord et en confiance avec ses choix. Une personne qui saura compter sur elle-même et qui ne reculera pas devant l’amour. L’amour ne la complètera pas, il la sublimera.

L’expérience de nos réussites et de nos échecs personnels nous aident à nous connaitre et à appréhender l’amour non seulement comme une évidence, mais comme un choix. Être soi après un nous, apprend non seulement la nécessité de l’indépendance, mais son bénéfice.

J’ai compris que certains rêves sont à poursuivre seule. Je n’ai pas besoin que l’amour le comprenne, j’aimerais si l’autre l’encourage. J‘écoute mes envies et aimerai celui qui en a.

Qui sommes-nous après un nous ?

Une nouvelle version de nous-même. On tombe en amour pour les choses telles qu’elles sont, on prend conscience du pouvoir du changement, on croit en l’inconnu comme au mouvement, et on s’épanouit de suivre ses rêves plutôt que d’être celui de quelqu’un.

On quitte la solitude et l’ennui en valorisant le temps avant l’argent, l’expérience avant le confort, la peur avant la routine.

J’ai suivi mon coeur, et il m’a amenée partout. Vers des personnes sur lesquelles je ne me serais pas retournée. Vers des histoires de vie, qui valent davantage que des milliers d’envies.

Après un nous qui a pris des années et qui nous a apporté les meilleures, devenir soi est long. Évidemment, nous l’étions. Nous étions soi avec nous. Mais savoir qui nous serions juste soi, change le nous.

Demain, quand je serai moi dans un nous, j’aimerai nos erreurs autant que nos succès. Je saurais que changer fait avancer, et que j’aime autant aimer que de savoir que ça pourrait ne jamais durer. J’aimerai autant cet homme, que j’aimerai aller de l’avant. Je ne nous retiendrai pour rien qui nous empêche d’aller de l’avant.

Parce que j’ai vécu le soi, avant d’aimer le nous.

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