“Veux tu m’épouser ?” : comment ne pas passer à côté du mariage le plus important de notre vie
Mon père a cette drôle d’expression qu’il me disait quand j’étais enfant : “Sois gentille si tu n’es pas jolie”. Il posait ensuite sa main sur mon visage en souriant : “Tu n’as pas besoin d’être gentille toi.”
Je suis sortie de l’enfance et quelque part au milieu j’ai oublié d’être gentille dans la relation la plus importante de ma vie : celle que j’entretiens avec moi-même.
J’ai oublié de m’aimer sans négocier et mon désir de perfection est devenue une prison. J’ai laissé mes imperfections en construire les murs, épais et rigides, que je frappais à coup d’insatisfactions et d’impatiences.
Je me suis trouvée moins jolie et je me suis sentie enfermée. Enfermée dans ma prison.
“Je pourrais être plus patiente, plus calme, moins entière et moins sensible. J’aurais pu faire plus, faire mieux ou faire autrement. J’aurais pu tout avoir ou moins douter. J’aurais pu devenir quelqu’un que je ne suis pas aujourd’hui.”
Soudainement, j’ai mis ce que j’aurais pu mettre de pire dans ma vie. J’ai mis des “Et si…”.
Aucun mot, aucun regard de l’autre, aimant et aimanté, ne peut sortir de la prison que j’avais construite pour moi-même. Il fallait que je trouve la clé et que je sorte de ma prison pour devenir quelqu’un. Il était peut-être temps d’être gentille avec la personne la plus importante de ma vie : moi.
Comment puis-je devenir quelqu’un sans savoir qui je suis maintenant ?
Il s’agissait bien d’amour. Il s’agit toujours d’amour.
Il s’agit d’amour de soi qui n’est pas lié à la confiance, l’image ou l’émotion. Un amour qui ne se donne pas uniquement les jours où nous sommes heureux, bien habillé ou avons réussi dans une épreuve qui nous faisait douter. Un amour qui n’a rien avoir avec tout avoir ou ne rien vouloir.
Il s’agit d’amour de soi. La chose la plus simple du monde à exprimer à l’extérieur et la plus difficile à assimiler dans notre monde intérieur. Il s’agit d’être gentil avec soi. De se prendre la main quand on a peur, de se réconforter quand on est triste, de se relever quand on tombe.
Il s’agit de faire voeux d’amour, dans la santé ou dans la maladie, sans condition et dès aujourd’hui, avec et pour soi-même. Ne pas s’aimer “Quand”ou “Si” — nous aurons une promotion, nous aurons été pardonné de nos erreurs, nous aurons perdu 3 kilos, nous serons capable de nous tenir à nos objectifs, nous serons aimé d’autres.
Il s’agit de s’aimer quand même, avant tout et malgré tout.
Longtemps j’ai pensé que je n’avais aucune conversation à tenir avec moi-même. Longtemps j’ai pensé que le seul mariage de ma vie serait avec quelqu’un d’autre. Et puis le taux de divorce, le grand nombre de personnes insatisfaites, le peu de personnes qui réalisent leur rêve m’ont donné le cafard. Je ne voulais pas ça pour moi. Comment éviter ça pour moi ?
La première fois que j’ai regardé la prison que je me suis construite, j’ai compris que s’y trouvait une clé.
Prendre conscience de la prison que je me construis, en m’empêchant d’être libre d’être qui je suis, est toujours le premier pas vers la clé.
C’est à ce moment précis où j’ai décidé d’apprendre à me connaitre. J’ai voulu savoir quelle femme je serais sans un homme pour me tenir la main, sans une activité qui m’enchainerait à l’abri, sans un plan sur 5 ans qui m’assurerait de réussir ma vie en des termes inventés par la société.
J’ai pleuré plus que d’habitude, j’ai douté plus que d’habitude, j’ai ri plus que d’habitude, j’ai voyagé plus que d’habitude, j’ai expérimenté plus que d’habitude, je me suis trompée plus que d’habitude. J’ai eu l’air folle et quelque part, dans toute ma singularité et ma nouvelle liberté, je le suis devenue.
J’ai perdu l’habitude pour la connaissance. J’ai découvert qui je n’étais pas sans m’excuser, et j’ai appris qui j’étais.
Cette quête devenue conscience est née il y a 3 ans, le jour où j’ai quitté un homme que j’ai voulu épouser. J’évoquais la raison de mon départ en une seule : je voulais me connaitre seule et découvrir la femme que je suis quand je me sais sans personne pour assurer mes arrières.
Il m’aura fallu trois années pour être prête à faire mes voeux.
Je suis prête à ne pas m’aimer tous les jours.
Je suis prête à ne pas m’en vouloir de ne pas être celle que je ne suis pas.
Je suis prête à me regarder dans les yeux quand je doute, quand j’ai peur ou quand je sens que ça ne va pas.
Je suis prête à être honnête et imparfaite.
Je suis prête à écouter ce que je n’ose me dire qu’à voix basse et à m’aimer à voix haute.
Je suis prête à être excessive, impatiente et versatile, et capable d’aimer ça pour l’éternité.
Je suis prête pour le mariage le plus important de toute ma vie : la promesse que je signe avec moi-même de ne jamais m’oublier.
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