Y a t’il un âge où on gagne en courage ?
Homme de courage : homme honnête, fidèle à son cœur et à sa morale dans ses actes.
J’étais en CM1 la première fois où je me souviens m’être armée de courage. J’étais amoureuse d’un garçon de ma classe. Un après-midi, sur le chemin qui séparait le stade de l’école je décidais que je le lui confierai de vive voix. J’avais peur, quelque chose en moi semblait m’étouffer. Arrivée dans la cour, je lui ai demandé de me suivre. Côte à côte, chacun confortablement appuyés contre une rambarde en bois, les yeux rivés vers l’avant, nous attendions ma déclaration. J’ai dit,
“Je suis amoureuse de toi.”
Je me souviens avoir vu son visage devenir si tourmenté, et m’être sentie bien. Le lui dire avait suffit. Aucune de ses réactions n’avaient de rôle à jouer pour me soulager, dépasser ce qui me faisait peur avait suffit.
En grandissant, le courage a pris dans mon esprit bien d’autres formes d’expressions que l’amour. Le courage a été sortir d’une situation difficile, se relever après une chute, agir malgré la peur. J’ai entendu « tu es courageuse » dans des situations qui m’ont demandé aucun courage et « c’est facile pour Chloé » dans des situations où je me sentais bloquer. J’ai compris que le courage s’ajoutait à la longue liste de mots qui sont devenus adjectifs pour illustrer notre propre histoire.
Le courage est ne laisser aucune pensée ou aucun sentiment limitant nous éloigner de ce que l’on sent être bon pour soi-même. On ne peut pas juger du courage, chacun seul sait s’il fait preuve de courage.
Quand je pense manquer de courage, je choisis de donner de l’attention à mes peurs. Ça m’arrive, et il y a quelques temps je me suis demandée :
Y a t’il un âge où on gagne en courage ?
J’ai donc cherché la définition du courage :
« Homme de courage : homme honnête, fidèle à son cœur et à sa morale dans ses actes. »
Et j’en suis revenue à l’amour. L’amour de soi précisément. L’amour de soi qui ne recherche aucune approbation, aucune reconnaissance, aucune grande idée de la personne que nous sommes. L’amour de soi qui est la plus simple expression de notre être qui ne se positionne pas, mais qui est à sa place. Le courage n’est pas une force en communauté. Le courage est une force à l’intérieur de soi, la force de l’authenticité, de la vulnérabilité, de la vérité de ce qui est.
Quand je me suis posée cette question, j’étais certaine de manquer de courage. J’avais ma réponse devant les yeux. L’impression de manquer de courage était l’unique preuve que je n’étais pas honnête avec moi-même, que je ne me sentais pas alignée avec mes actions, et que je n’agissais pas avec le cœur. Personne n’allait me prendre la main, parce que personne ne sait ce qu’est d’être moi.
La phrase « Le courage, c’est d’être libre. » me vient à l’esprit.
Nous ne pouvons être libre sans apprendre qui nous sommes. Nous ne pouvons être libre sans prendre l’entière responsabilité de ce que nous faisons et ce que nous ressentons. Nous ne pouvons être libre sans faire face à nos pensées limitantes. Être courageux et être libre n’a rien de douloureux. C’est avant oser l’être que ça l’est.
Le courage ne s’exprime pas dans la douleur, dans le compliqué, dans l’impasse.
Ce n’est pas difficile d’être courageux. Le courage s’exprime dans la simplicité. Lorsque nous simplifions les choses que nous ressentons, nous expérimentons le courage.
Le courage d’être qui nous sommes, allégés de toutes ces choses qui n’ont en réalité aucun autre pouvoir que celui qu’on leur donne.
Le courage d’être honnête, fidèle à son cœur et à sa morale dans ses actes.
Des semaines ont passé entre l’écriture de mon titre et l’écriture de mon texte. Entre temps la vie a continué riche en expériences et en clairvoyance. Elle me rappelle chaque jour, dans des situations extérieures et insignifiantes, que seul compte le pouvoir que nous osons avoir sur nous-même, l’amour que nous avons pour nous-même. Parce que cet amour est le seul qui nous donne l’écoute, la patience, la bienveillance, l’empathie et l’amour nécessaires pour être là pour les personnes qui n’ont pas ce courage.
Et si finalement le courage avait tout à voir avec l’amour ?
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