C’est quoi, la médecine génomique de précision, et c’est pour qui ?

CATHERINE COSTE
Chroniques biomédicales
4 min readMay 13, 2018

Un point tout simple pour s’orienter. A lire par tout un chacun.

La médecine génomique de précision. Le profiling génétique de la tumeur cancéreuse. On lit et on entend plein de choses. Pourquoi faut-il le faire dans tous les cas de cancer et à quoi cela sert-il ?

La médecine génomique de précision s’oppose à la médecine industrielle.

Aujourd’hui, on traite les cas de cancer avec des médicaments qui marchent pas mal et sauvent bien des patients, sans avoir recours à la médecine génomique de précision. D’un point de vue santé publique, on pourrait s’arrêter là. En améliorant l’efficacité des traitements, on augmentera le nombre de patients sauvés. Point barre. C’est l’approche industrielle qui fonctionne très bien dans les usines. Tant qu’on ne dépasse pas un taux de déchet fixé au préalable, tout va bien, et les pièces défectueuses mises au rebut ne viennent pas nous hanter la nuit. Mais là, on parle de médecine et d’être humains. Nous allons fixer, un peu arbitrairement, le taux de non-déchet à 80%, et le taux de déchet à 20%. Ou nous pouvons fixer un ratio de 90% d’un côté et 10% de l’autre. Peu importe, car c’est forcément inexact. L’essentiel est de comprendre qu’il s’agit d’un groupe majoritaire, drivé par Big Pharma et la santé publique, face à un groupe minoritaire, ne répondant pas aux traitements traditionnels satisfaisant pourtant la majorité. Ce sont ces patients-là, les minoritaires, et eux seuls, que les tests génétiques de pointe vont servir.

La ceinture de sécurité dans la voiture, cela ne sauve que ceux qui auront un accident. Pour autant, tout le monde doit la porter, car on ne sait pas à l’avance qui en bénéficiera. C’est une petite gêne pour tout le monde, mais un grand bienfait pour les conducteurs et passagers qui hélas expérimenteront une collision ou un accident. En matière de cancer, il y a ceux qui répondront bien aux traitements anticancéreux courants, couramment prescrits, si vous voulez. Et ceux pour qui les anticancéreux courants n’auront pas l’effet thérapeutique escompté. Dans notre comparaison avec le port de la ceinture de sécurité, il s’agit du groupe des “accidentés”. Appliquer un dépistage génétique à tous les diagnostics de cancer sera certes une petite gêne pour la majorité, mais cela permettra de s’assurer que l’on oriente dans la bonne direction la minorité. C’est important, car les traitements sont lourds, épuisants pour l’organisme déjà atteint par un cancer, et sont longs. Subir un retard pour bénéficier de la bonne chimio, c’est une perte de chance. Vous me direz, et s’il n’y a pas de “bonne chimio” ? C’est en effet possible. Eh bien même dans ce cas, même s’il n’y a pas de traitement adapté (chimio, chirurgie, CyberKnife …) on peut parler de perte de qualité de vie et de chance de survie pour ces patients-là, les minoritaires.

Le test de profilage génétique de la tumeur est une boussole. Un outil. Qui va permettre d’orienter le patient pour savoir à quel groupe il appartient. Les majoritaires et ou les minoritaires. Il ne faut pas attendre d’être gelé, perdu, frigorifié, au beau milieu de la forêt, pour sortir sa boussole. Il faut s’en servir dès le début du voyage … Il faut orienter au début tous les patients, afin que le groupe des minoritaires ne subisse pas un traitement pénalisant et inefficace, sinon on reste dans la logique des pièces défectueuses dans l’industrie.

Primum non nocere. D’abord ne pas nuire.

Source : twitter, 13 mai 2018

Pour aller plus loin :

Source : twitter, 13 mai 2018
Source : twitter, 13 mai 2018

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CATHERINE COSTE
Chroniques biomédicales

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