Fillon ou le maquignon preneur d’otage

20% d’intentions de votes c’est la déroute de la droite française

Frederic Guarino
Connecting dots
3 min readMar 11, 2017

--

Le hobereau de province Fillon, fort de sa “cassette” de la primaire et preneur d’otage émérite a réussi son pari. Au prix d’une possible déroute de tout son camp, aidé par des élus remontés avec Laurent Bazin mais au final inconséquents, Fillon le Sarthois s’est accroché à sa candidature. Il compte sur l’appétit de victoire de ses électeurs et sur leur capacité à pardonner des turpitudes pour lesquelles il a offert les plus plates excuses.

C’est donc un Fillon nouveau en campagne, oublieux de ses saillies anti-Sarkozy “De Gaulle mis en examen !”, et de ses engagements personnels “mis en examen je ne suis plus candidat”. Il est comme ces bourgeois de province des films de Claude Chabrol, veule, âpre au gain et amoral mais se drapant dans la vertu. Fillon n’a retenu de son mentor Seguin (que j’ai eu la chance de croiser-mon grand père et son père était tous deux des tirailleurs dans le même régiment de l’armée d’Afrique) que le côté bourru et irascible, c’est bien dommage.

Les résignés me disent que Fillon a ses chances, que nous sommes encore à plus de 40 jours du 1er tour, qu’en 2012 aussi les jeux n’étaient pas faits, que les sondages ne veulent rien dire. Mouais. Fillon réussi la prouesse de n’être qu’à 20% d’intentions de vote à la presque mi-mars. Pour mémoire Sarkozy a totalisé 34% en 2007 au 1er tour et 26% en 2012. Fillon fera pire que Chirac en 81, 88 et 95, cad moins de 20%. L’autre différence c’est que Chirac avait à ses côtés un candidat de droite modérée (VGE, Barre, Balladur) et donc des réserves de voix.

Le PS de Hamon tutoie les 13-15%, Fillon les 20% et les médias ne veulent pas voir que nous assistons à une secousse tellurique qui va emporter cette 5e république que Hollande a achevé. Sauf si Fillon réussit une prouesse, le candidat tentant le grand écart entre Robert Hue et François Bayou (Macron) fera face à la grande prêtresse de l’anti-établissement (Le Pen). Les sondages donnant Macron vainqueur à 60/40 mésestiment la force de l’argument lepéniste vers la France périphérique. Il est tout à fait possible de voir une abstention record au 2e tour, venant essentiellement de la gauche déprimée, et une très forte mobilisation des électeurs FN et de la droite dure (Wauquiez). Les reports de Fillon vers Macron au 2e tour me semble surestimés, notamment vu la tendance très droitière du candidat LR.

Il n’y a guère que le toujours très perspicace Giesbert dans Le Point pour écrire le 18 février que l’élection de Le Pen à l’Elysée est possible.

Il reste 43 jours avant le 23 avril 2017.

--

--