Lettre ouverte à Emmanuel Macron

Retrouvez l’élan de 2017 et trouvez une sortie politique

Frederic Guarino
Connecting dots
3 min readDec 3, 2018

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Cher Emmanuel Macron, monsieur le Président,

Citoyen engagé depuis mes 18 ans, je vous ai soutenu pour votre élection et je continue de le faire. Français établi au Canada, mais toujours très lié à mon pays natal, je me permets de partager ici quelques impressions.

Vous avez été élu en dernier recours avant le chaos, après les mandats de vos prédécesseurs presque entièrement ratés depuis 1988, cela fait beaucoup à rattraper. Tenez bon et ouvrez le dialogue, ici et maintenant, de façon très large.

L’escalade de la violence à Paris ne doit pas masquer que vous avez avez été élu précisément pour mener des réformes impopulaires, ce que vos prédécesseurs, notamment Jacques Chirac, se sont bien gardés de faire. Arrêtons de nous voiler la face sur plus de 30 ans de faux semblants.

Michel Rocard dès 1988 savait ce qu’il fallait faire mais, hélas, n’a jamais eu, ni le mandat, ni la majorité pour réformer le pays. Il a regretté jusqu’à la fin que sa France soit bougonne face aux changements et loué le système scandi-allemand de négociations/cogestion gagnant-gagnant.

Quelles suites à la jacquerie du moment ? Vous avez juré de ne pas céder à la rue. Si la violence continue d’augmenter, il n’y a qu’une seule issue: l’état d’urgence. Pour répondre aux angoisses des Français et re-politiser le débat, il est crucial de convoquer les forces vives à se réunir: partis, syndicats, associations.

Bien qu’ils le nient RN et FI cherchent le scénario italien dans cette crise et veulent dynamiter l’Europe, déjà mal en point post-#Brexit. Regardons bien les pions que vont avancer ces ennemis de l’Europe, avoués ou semi-avoués.

La France, Etat avant d’être une nation qui a tué ses régionalismes, cherche toujours la solution néo-colbertiste. Cet ADN franchouillard pourrait faire sourire si 1830, 1848, 1871, mai 58, mai 68 ne venaient se rappeler à notre souvenir. La France n’avance malheureusement que face à la violence. La France, vous l’avez souligné et avez été critiqué pour l’avoir fait, est allergique au changement et vomit ses élites, depuis des siècles.

Pour déjouer l’escalade, monsieur le Président, écoutez vos députés (Hugues Renson notamment) et convoquez immédiatement les forces vives de tous bords à se retrousser les manches, sans arrières pensées ni calculs. La clé est là.

Notons, pour le déplorer, l’attitude timorée et absente du patronat français, avide de conseils et jamais présent aux heures graves, ou alors, toujours du mauvais côté. Ses pratiques paternalistes à la naphtaline sont aussi en cause ici.

Les PME françaises, saignées depuis des lustres par les grands groupes mauvais payeurs, ont du attendre un gouvernement En Marche pour que ces groupes soient mis à l’amende. Pourquoi ?

Monsieur le Président, votre projet de réformer le pays est clair et vous avez posé les jalons dès votre élection, pourquoi est-ce que tout le monde joue les étonnés désormais ? Cessons les mauvais procès et parlons des vrais sujets qui fâchent.

Ceux qui soufflent sur les braises de la contestation violente, ont-ils un projet pour le pays ? Proposent-ils une voie de sortie honorable ou jouent-ils tous la montre pour voir si vous allez céder et vous “démonétiser”, vous “Hollandiser” ? Ils seront les premiers à hurler à la trahison.

Une seule issue, retrouvez l’élan de 2017 et re-politiser pour passer du vouloir vivre négatif à un projet de société.

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