Pourquoi est-ce si difficile d’acheter une bonne bouteille de vin ?
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10 façons d’ acheter son vin (1er partie)
N’a-t-on pas souvent l’impression de faire un pari au moment de l’achat ?
Il y a sans doute plusieurs raisons à cela.
Tout d’abord il faut choisir, parmi des milliers de références.
L’accès à certains vins est devenu difficile car la demande n’a jamais été aussi forte. Après les Anglo-saxons il y a 20 ans, les Asiatiques se sont découvert une passion pour les vins français il y a une petite dizaine d’années, provoquant la pénurie de certains crus, la flambée des prix depuis 5 ans dans certaines régions.
Certains domaines de grande renommée dépassent les 90 % de vente à l’export.
Et enfin les canaux de distribution sont très nombreux, plus ou moins adaptés à l’achat de vins de qualité.
Dans les lignes qui suivent, je vais passer en revue les 10 façons d’acheter son vin, les points forts et points faibles de chacune.
La grande distribution, les cavistes de chaine, Les cavistes indépendants, les sites internet, les boxes, les salons Vignerons, l’achat à la propriété, les ventes aux enchères, la vente en primeur, les clubs d’œnologie et groupes d’achat de vins.
1. La grande distribution
plus de 80 % des ventes de vin en France : soyons clair, trouver un très bon vin en GD, c’est un peu comme chercher à faire un repas gastronomique sur une aire d’autoroute,
il existe bien des magasins qui essayent d’avoir une sélection exigeante au moment des foires aux vins, mais ils sont de plus en plus rares.
La GD a construit sa renommée sur les foires aux vins du début des années 90 où elle écoulait les stocks de grands crus des années 80.
puis les petits millésimes du début des années 90,
il était alors possible d’acheter des grands crus de Bordeaux à très bon prix. Cela a été le début du succès justifié des foires aux vins.
L’intérêt pour les foires a été maintenu jusqu’au début des années 2000, grâce à des achats de grands crus bordelais en primeurs revendus avec de faibles marges.
Certains particuliers, mais surtout des professionnels, ont fait de très bonnes affaires, c’était l’époque où on se battait à l’ouverture de la foire pour des bouteilles qui avaient reçu un 95 ou plus/100 de Robert Parker.
Cet âge d’or des foires aux vins est terminé, il n’est plus possible de faire les bonnes affaires du passé.
Les grands crus bordelais ayant atteint des prix démesurés dès le début des campagnes primeurs, ils restent trop chers à leur mise en vente en foire aux vins : acheter un Lynch Bages 2011 99 € en foire aux vins en septembre 2014 est une aberration.
Je suis bien embarrassé pour répondre aux demandes de conseils que je reçois d’amis ou de voisins, lorsque les boites aux lettres commencent à se remplir de catalogues de foire aux vins.
D’autre part en dehors des grands crus bordelais, le catalogue ne propose que du tout-venant sans intérêt. beaucoup de bons domaines refusent de vendre à la GD.
Néanmoins s’il vous est difficile d’y échapper, privilégiez les crus de bordeaux dans la zone des 15–25 €. Voir quelques champagnes de marques. Évitez les autres régions à moins de connaitre le domaine ou le vin proposé.
2. Les Chaines de caviste
c’est un peu mieux que la GD, le conseil existe, la sélection est moyenne à bonne, l’approvisionnement est basé sur des centrales d’achat de masse qui alimentent leurs nombreux magasins.
Il s’agit donc avant tout de vins issus de grosses productions, donc de grands négociants ou de caves coopératives, des vins standards, un peu mieux sélectionnés qu’en GD.
Exception faite des champagnes. On trouve en effet les principales maisons dans leurs belles références à des prix cohérents, les volumes de productions des grandes maisons champenoises étant compatibles avec les quantités demandées par ces chaines de cavistes.
Donc oui pour les champagnes, pour le reste, c’est à défaut de mieux.
3.Les cavistes indépendants
une des meilleures sources pour se fournir en belles bouteilles, pour faire des découvertes, il faut juste trouver le bon caviste, son discours ne doit pas vous rappeler celui du caviste de chaine.
Les bons ont accès à de très bons vins à de bons rapports qualité-prix, ils doivent vous surprendre et vous aider à sortir des éternels bordeaux/bourgognes ….
Il est assez facile de trouver un bon caviste en province, c’est un peu plus difficile en région parisienne (mais pas impossible), le foncier d’une boutique en centre-ville (surtout dans l’Ouest parisien), interdit à un caviste indépendant de s’installer, la marge sur une bouteille de vin est très faible par rapport à d’autres commerces beaucoup plus lucratifs. Ne pas négliger certaines belles enseignes ou épiceries fines Parisienne, il y a de très belles choses (pas forcément plus cher que chez les autres cavistes indépendants).
N’hésitez pas à discuter avec le caviste, à le suivre quand il vous emmène dans des régions reculées, Languedoc, beaujolais, jura, Loire, sud-ouest, pourquoi pas Corse ou à l’étranger (il est encore assez rare de rencontrer des cavistes avec une belle sélection de vins étrangers, ça viendra mais il faudra du temps, le chauvinisme du consommateur français ne lui facilite pas la tâche).
Niveau prix, c’est généralement un peu cher, mais pour un achat à la bouteille, le service se justifie pleinement.
C’est un bon moyen de découvrir et d’affiner son palais. Je continue d’acheter certains vins en caviste, des domaines que je veux suivre en goutant une ou deux bouteilles par an.
Quelques adresses (non exhaustive):
Paris : Cave Auger, cave Legrand, Lavinia, Lafayette Gourmet, Cave de Belleville
Ouest parisien : Cave de Becon & Cave de Courbevoie (même propriétaire), Vent du sud à Rueil pour un vin du Languedoc ou un Rhône Sud.
Est parisien : cave du château à Vincennes et l’épicurien à saint mandé.
4. les sites Internet :
Il y a de bons sites de ventes sur internet, sérieux qui n’escroquent pas leurs clients, 1855.com et châteauOnline sont heureusement des cas isolés.
le dénouement de 1855
Il vaut mieux savoir ce que l’on cherche, bien souvent les avis se limitent aux commentaires de Robert Parker ou de Michel Bettane, mais ça peut suffire pour choisir.
Sur certains bons sites, vous aurez droit à des commentaires personnels, si c’est un connaisseur qui gère le site, cela peut être très intéressant, rien ne vaut un caviste même virtuel qui revendique ses choix.
Les prix sont généralement un peu plus intéressants que chez le caviste physique, donc ne pas négliger internet, mais il vaut mieux y aller avec un peu de connaissance.
Par le passé « caveprivée » avait des offres intéressantes.
Malheureusement le site fut racheté par 1855 qui s’est empressé de couler l’affaire.
Historiquement millésima et wineandco sont des valeurs sûres.
les sélections de sites comme venteprivée et Cdiscount sont très hétérogènes, des vins médiocres se glissent au milieu de belle références.
Faire le tri n’est pas à la porté de tout le monde,
ce comparatif réalisé par le Revue du vin de france est assez explicite.
A n’utiliser que sur de bonnes affaires avérées.
Il sort tous les jours de nouveaux sites, qui se fond la guerre sur internet à cout de « Google adwords », ceux-là même qui sortent en premier lors de vos rechercher sur Google avec le petit logo Annonce.
Difficile de dire qui survivra et qui deviendra l’amazon de la vente de vin sur internet. Il faut tester.
5. les boxes internet :
là je suis plus sceptique, c’est un peu comme la vente de livres par France loisir dans les années 80.
Ce que je préfère dans le concept de Boxes c’est le service de livraison. Niveau sélection, cela va de bon à médiocre (niveau GD),
privilégier ceux qui ne proposent que du vin, éviter ceux qui propose du Thé et des CD de Jazz (oui ça existe).
N’espérez pas beaucoup plus que la sélection d’un caviste de chaine.
Mais c’est pratique, le colis peut tenir dans votre boite aux lettres et l’effet de surprise est assez ludique.
Bien pour ceux qui sont vraiment débutants en vin.
La sélection qui est proposée hors abonnement n’est pas vraiment meilleure.
Le bon vigneron est généralement perplexe avec ce type de vente, peu de grands domaines font confiance à ce type de distribution pour le moment.
ce mode de commercialisation résout le problème de la livraison d’une certaine manière pas celui de la sélection.
quand au Tasting box, je trouve que la dématérialisation des contenus atteint ses limites avec le vin