AUDE SIBUET : « MA PETITE PHILOSOPHIE DU HACK EN ENTREPRISE ? COMMENCER PAR ME HACKER MOI-MÊME ! »

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Corporate hackers France
4 min readDec 7, 2017

Initialement publié sur brainlinks

BRAINLINKS : Tu es membre active des Corporate Hackers, peux-tu me dire ce qui t’a conduite à intégrer cette communauté ?

AUDE SIBUET : Plusieurs fois dans ma vie professionnelle, je me suis trouvée dans une situation où je n’arrivais pas à partager mes idées. En rejoignant les Corporate Hackers, j’ai trouvé des personnes qui avaient la même vision du collectif et qui avaient pu avoir les mêmes difficultés. La spécificité des Corporate Hackers, c’est d’offrir un espace pour tester in situ des manières de manager et de faire avancer des projets, par l’intelligence collective. Depuis septembre 2016, nous avons organisé six ateliers à Paris et sensibilisé 130 managers, des TPE aux grands groupes.

BRAINLINKS : Qu’est-ce qui fait selon toi la spécificité de cette communauté ?

AUDE SIBUET : D’abord, une approche pédagogique particulière, qui part du principe que, si l’on ne retient pas tout ce que l’on nous dit ni tout ce que l’on voit, on se souvient très bien en revanche de ce que l’on ressent et de ce que l’on fait. L’approche pédagogique des Corporate Hackers pour transformer les entreprises est basée sur cet enseignement des neurosciences.

Autre spécificité : c’est un « mouvement libre », ouvert à tous. Les ateliers se déroulent à Paris mais aussi à Marseille, au Canada, au Brésil. D’autres sessions sont prévues à Lyon, Bordeaux, Nantes, Lille et Bruxelles. Les ateliers sont quasiment gratuits, avec uniquement une contribution de moins de 10€ pour le buffet dînatoire, convivialité oblige.

B : Les Corporate Hackers aiment à parler d’une “économie du mieux”. Quelle en est ta définition personnelle ?

AS : Je dirais qu’il y a trois clés pour comprendre « l’économie du mieux » :

  • L’innovation. Tout d’abord, « l’économie du mieux », ce n’est pas forcément un écosystème d’où quelque chose de radicalement nouveau doit émerger. C’est une économie où l’on sait aussi regarder et améliorer l’existant, que ce soit dans les produits finaux ou dans la manière de les faire.
  • L’épanouissement individuel. « L’économie du mieux », c’est une économie de petits pas, de petites avancées, au bénéfice des êtres vivants. Pour moi, elle répond à une envie, un besoin, une urgence d’améliorer le bien-être de chacun au travail, et cela passe par une réponse à la quête de sens, par un climat apaisé où chacun peut trouver sa place et faire entendre sa voix.
  • L’intelligence collective. C’est une économie qui repose sur des organisations qui créent de la valeur, mais pas uniquement financière. C’est une économie qui doit aussi créer de la valeur sociale et sociétale.

B : Justement, tu prends régulièrement la parole au sujet de l’intelligence collective. Quels sont selon toi les grands principes à avoir en tête quand on veut la faire émerger ?

AS : L’intelligence collective repose sur plusieurs postulats, que nous partageons avec les Corporate Hackers :

  • Les personnes en présence sont celles qui doivent être.
  • Les gens ont les ressources et les bonnes solutions d’eux-mêmes.
  • Ce qui émerge est ce qui doit émerger : c’est plus intéressant que ce qui était attendu.
  • Ça commence quand ça doit commencer.
  • Ça se termine quand ça doit se terminer.

B : Chez Brainlinks, nous sommes convaincus que les outils digitaux permettent de libérer le talent collectif. Et toi ?

AS : Je pense que les outils digitaux sont une opportunité. Ils peuvent faire gagner du temps. A condition de faire les choses dans l’ordre : mettre en place des outils qui répondent aux besoins des utilisateurs, qui s’inscrivent dans leur routine quotidienne. Prendre le temps de former les personnes puis, une fois la communauté en ligne, savoir l’animer, etc. Je constate aussi, de plus en plus, l’émergence d’applis « bien-être » ou de « management ». Pour moi, ces outils peuvent accompagner les hommes, mais rien ne vaut et ne pourra remplacer les échanges réels, en face-à-face. D’ailleurs, comme dit Joël de Rosnay : « La stupidité naturelle est plus dangereuse que l’intelligence artificielle ». Et le droit à la déconnexion existe : c’est à chacun d’agir pour préserver son bien-être et celui des autres.

B : Ta petite philosophie du hack au sein de l’entreprise, au quotidien, elle passe par quoi ?

AS : J’essaie d’incarner ce que je prône. Par exemple, « Feedback is a gift » : après chaque mission client, je pense à débriefer de mon intervention tant sur mes forces que sur mes axes d’amélioration. Et j’essaie de prendre suffisamment de recul pour reconnaître mes erreurs et faire mieux la prochaine fois. En somme, ma petite philosophie du hack au sein de l’entreprise consiste à commencer par me hacker moi-même

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