Violences envers les femmes : après l’indignation, à quand les actes ?

CBerthelemy
Le blog de L'imprévu
2 min readOct 12, 2017

Trois histoires, trois affaires, trois illustrations de ce que peuvent subir les femmes au XXIe siècle. D’abord les larmes de l’ancienne porte-parole d’EELV, Sandrine Rousseau, sommée de se « débrouiller » à propos du harcèlement sexuel qu’elle a enduré de la part de Denis Baupin, face à Christine Angot dans l’émission « On n’est pas couché », le 30 septembre dernier. Ensuite ce que l’on va désormais appeler le scandale Weinstein, du nom du réalisateur, accusé d’avoir agressé sexuellement bon nombre d’actrices, parmi elles, Léa Seydoux. Mais aussi la couverture des Inrocks, disponible depuis hier dans nos kiosques : Bertrand Cantat en pleine promotion de son dernier album et coupable du meurtre de sa compagne à Vilnius, Marie Trintignant, en juillet 2003.

La liste de violences faites aux femmes, hélas, s’allonge. Pas une semaine ne passe sans que de telles affaires éclatent. À L’imprévu, nous avons à cœur de ne pas oublier ces sujets, qu’ils ne disparaissent jamais des colonnes des journaux. C’est pour cette raison que nous avons suivi certains dossiers de près, longtemps après qu’ils aient été submergés par une autre actualité. C’était, tristement, le cas de notre article d’avril 2017 sur Bertrand Cantat et sur d’éventuelles circonstances atténuantes liées sa condition d’artiste. Une fois qu’un homme a purgé sa peine (de prison), quand il en purge une, doit-il être à vie exclu de toute forme de présence publique, a fortiori quand il a été sur le devant de la scène pendant des années ?

Selon le neurochirurgien qui l’a opérée, Marie Trintignant « a subi l’équivalent de ‘la force d’une moto projetée à deux cents kilomètres-heure contre un mur’ », rapporteront en 2013 les journalistes Frédéric Vézard et Stéphane Bouchet, auteurs de Bertrand Cantat — Marie Trintignant : L’amour à mort.

À la rédaction, ce retour sur un évènement qu’on avait jusque-là oublié, a fait débat : comment raconter ce qu’a subi Marie Trintignant sans provoquer la nausée ? Comment essayer d’expliquer — ce n’est pas excuser — le rôle qu’a pu jouer le statut d’artiste du chanteur au moment des premières dépêches de presse dans la torpeur de ce mois de juillet 2003 ? De la même manière que les réactions négatives à l’annonce de la nomination de Roman Polanski pour présider la cérémonie des César, comment, ne pas comprendre la levée de boucliers lorsqu’un personnage public violente (tue dans le cas de Bertrand Cantat) une femme ?

Si nous ressortons cette archive et vous la partageons en accès libre, c’est pour vous permettre de penser les agressions que subissent les femmes, au quotidien, autrement qu’à travers le prisme d’un simple fait d’actualité. Ici la promotion d’un nouvel album.

--

--

CBerthelemy
Le blog de L'imprévu

Journaliste, cofondatrice de @limprevu / Précédemment @francetvinfo et @owni / Membre du bureau du @Spiil / PGP : 0x49f73ed664f00cd7