Comme un air de déjà-vu…
Il y a une semaine, nous lancions avec Datagif la version publique d’#ilya5ans, après l’avoir testée auprès de nos fidèles abonnés. Qui que vous soyez, early adopter comme disent les gens hypes, inscrits tardifs ou aventuriers en pleine découverte, nous voulions vous parler. D’abord des raisons qui nous ont conduits à vous offrir une newsletter par jour, nous qui sommes rangés dans la catégorie “slow journalizeum”, mais aussi de l’intérêt de déterrer l’actu qu’on croit dépassée.
Parenthèse pour celles et ceux qui ne connaitraient pas #ilya5ans : il s’agit d’une newsletter gratuite, envoyée quotidiennement à 11 heures et dont le contenu, rédigé par Pierre Leibovici et moi-même, revient sur l’actualité d’il y a 5 ans, jour pour jour. Pour vous y inscrire — on vous y incite chaudement — , c’est ICI ICI ICI. Fin de la parenthèse.
Aux prémices
À L’imprévu, nous fonctionnons en “mode projet”, y compris pour ce qui a trait à l’éditorial : nous lançons des idées de formats, nous en abandonnons d’autres quand notre lectorat (vous) n’y est pas sensible, nous avançons en posant une brique puis une autre et encore une autre. Notre envie de départ n’a pas changé : que l’info délivrée par L’imprévu soit originale et utile pour vous. C’est de cette manière que nous avons imaginé La Lettre Imprévue, réservée aux abonnés — abonnez-vous par ici. Et que nous avons mis de côté les articles explicatifs du format “Fil rouge”, présents au tout début de L’imprévu. Pour ne rien vous cacher, nous n’avions pas lancé de nouvelles idées depuis quelques mois, accélération du temps oblige : la dernière en date était l’Avant-Veille, qui déterre une archive (de qualité) en lien avec l’actualité du jour.
En septembre dernier, la présidentielle arrivant, nous avons bien tenté de nous réunir pour réfléchir à un nouvel outil ou une nouvelle rubrique. Régulièrement, on se mettait autour d’une table, on se creusait les méninges et on sortait de la réunion pas tout à fait convaincus par le projet qu’on avait imaginé. Et à chaque fois, on mettait le tout de côté : pas assez fort, pas assez différenciant, les médias font pareil tous les cinq ans. Aucun n’était assez L’imprévu, aucun ne proposait le pas de côté que nous faisons déjà en revenant sur des sujets oubliés.
Il y a 63 jours
Le temps, dans une petite entreprise comme la nôtre, file à une vitesse incroyable. C’est assez paradoxal pour un média qui propose une vision du temps différente, mais nous n’y échappons pas nous-mêmes ! Le temps, qui est donc passé trop vite, nous a “empêchés” de rencontrer bien plus tôt Datagif, une agence de création web voisine de nos bureaux à Paris. Alors quand nous nous sommes mutuellement proposés de boire un café ou un chocolat chaud, on a décidé de le faire très vite et de ne pas laisser traîner l’invitation trop longtemps sur un coin de bureau.
Très naturellement, nous avons exposé les projets sur lesquels chaque boîte travaille et nos envies respectives. J’en profite pour vous conseiller de tester la dernière expérience de Datagif : Election Game, pour savoir — enfin ! — pour qui vous allez pouvoir voter dans moins de dix jours. À l’issue de ces présentations a surgi une salve de questions. Qu’est ce qu’on pourrait bien faire ensemble ? Quelles expertises avons-nous chacun de notre côté ? La créativité et la technique côté Datagif, l’innovation éditoriale chez L’imprévu.
Et puis l’idée a émergé, là, comme une sorte d’évidence : et si on alliait nos savoirs pour proposer une info alternative pendant la campagne ? Et si on permettait à nos lecteurs de se poser un peu pour se rafraîchir la mémoire — la marque de fabrique de L’imprévu, au passage ? Ainsi est née #ilya5ans, la première newsletter gratuite qui revient sur l’actualité… d’il y a 5 ans. Le pari était lancé, et bien au-delà de la campagne puisque nous voulons faire vivre #ilya5ans sur une année entière !
Une formidable remontée dans le temps
Quand nous avons commencé, avec Pierre, à travailler sur les infos publiées 5 années plus tôt, nous nous sommes rapidement rendu compte de l’écho, assez fou quand on y pense, de certains évènements : beaucoup résonnent encore aujourd’hui, de différentes manières.
Je pense par exemple au (triste) hasard du calendrier de l’attaque chimique du 4 avril dernier en Syrie, alors que 5 ans avant, les premiers bombardements du régime décimaient plus de 100 personnes, face à une ONU impuissante. Mais aussi le 9 mars 2012, quand François Bayrou déclarait ne pas être un homme “qui se rallie facilement”, lui qui a clamé haut et fort son alliance avec Emmanuel Macron cette année. Ou la vague Mélenchon qui déferlait déjà avec la sortie de la chanson “Prends le pouvoir sur moi Jean-Luc Mélenchon”, le 10 avril 2012. Et encore que le 24 mars 2012 avaient lieu les premiers affrontements à Notre Dame des Landes.
Il ne s’agit pas de montrer que le monde tourne en boucle ou que le changement n’est pas maintenant. Il s’agit surtout de vous permettre de vous dire : “Je ne m’en souvenais pas et pourtant, c’est important pour comprendre le monde d’aujourd’hui”. À L’imprévu, on refuse de crier “Alerte” ou “Urgent” pour tout et n’importe quoi. On refuse de faire passer pour “actualité” une nouvelle qui ne l’est pas. Quoi qu’il en soit, on espère avoir trouvé un moyen pour que vous lisiez l’actu avec un autre regard, en prenant conscience du temps passé et en tissant un lien entre les évènements. Pour mieux comprendre ce qui vient.
