Du côté de Chanzy

Elena Scappaticci
Le blog de L'imprévu
3 min readDec 7, 2017

Pour beaucoup, le journalisme a tout d’une vocation. De mon côté, il aura fallu pas mal de tâtonnements, d’errances professionnelles avant de trouver définitivement ma voie. Issue d’un parcours littéraire, j’ai eu la chance d’être initiée assez jeune à de grands auteurs et penseurs, avant d’entamer un parcours de chercheuse en littérature. Beaucoup des thématiques que j’aborde désormais quotidiennement à L’imprévu étaient déjà contenues en germe dans mes recherches : féminisme, justice sociale…

Il me manquait pourtant ce lien avec la réalité, cette attache au présent qui permet, selon moi, de donner tout son sens à la théorie. J’ai donc bifurqué vers la politique, sans m’y plaire, avant d’intégrer un peu par hasard un grand quotidien national. Première révélation : je me sentais parfaitement à ma place dans le climat d’ébullition permanent d’une rédaction. Sentir l’adrénaline monter lorsqu’une information tombe ; tenter d’être le premier à traiter l’actu qui fera la une du jour… Autant d’impressions qui deviennent rapidement addictives pour qui débute dans le métier.

Photo CC BY — SA / Romane Groleau

Et puis, un jour que je naviguais sur Twitter, j’ai découvert L’imprévu. Un média qui opérait le juste équilibre entre le temps long de la recherche universitaire et le présentisme. Qui s’autorisait à sortir de l’actualité chaude pour redonner leur profondeur historique aux événements. Bref, qui réconciliait parfaitement goût de l’analyse et passion des faits. Pour couronner le tout, l’équipe cherchait à s’agrandir ! Ni une ni deux, j’ai postulé. Au terme de plusieurs entretiens avec Claire et Thomas — et de moult dégustations de chouquettes — , j’ai finalement eu la chance d’être prise comme journaliste spécialisée dans les questions liées au travail.

J’ai rejoint la rédaction au début du mois d’octobre, rue Chanzy. Six jours plus tard, j’étais déjà en Mayenne, à la rencontre d’éleveurs laitiers. Avec eux, je tentais de démêler l’écheveau de causalités qui a conduit le secteur à la gigantesque crise qu’il traverse depuis 2015. Le sujet me tenait depuis longtemps à coeur, sans jamais avoir eu le temps de le traiter comme je le souhaitais. “Prends le temps” : une injonction qui revient souvent dans la bouche de Claire, ma rédactrice en chef. “Prends le temps de lire, de rencontrer des gens, de découvrir leur monde, leur métier”, me dit-elle. Rappel salutaire.

Après avoir pendant des mois calqué mes journées sur le rythme des dépêches AFP, je prends désormais le temps de multiplier les interlocuteurs, de diversifier mes sources, et, plus difficile encore, de remettre en cause mes certitudes. Sans chômer pour autant ! D’une semaine sur l’autre, les professions sur lesquelles je me penche varient (éleveurs, correctrices, facteurs, chauffeurs VTC…), les papiers se succèdent et les litres de café filtre s’accumulent… Peu à peu, je prends mes marques dans notre petite rédaction. Je découvre la haine de Claire pour le chocolat, l’étrange passion de Kevin et Romane pour Denis Brogniart, ou celle de Pierre pour les espaces insécables. Thomas m’initie aux insondables mystères de notre site web, et Claire aux mystères — non moins insondables — du rachat d’Alstom… Surtout, je découvre un goût partagé du savoir. Une même répulsion pour les idées toutes faites. Aucun doute possible : on est bien à L’imprévu.

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Elena Scappaticci
Le blog de L'imprévu

Journaliste @limprevu anciennement @Figaro_Economie, @Figaro_Culture