L’imprévu au bon moment

Julia Beurq
Le blog de L'imprévu
3 min readMar 9, 2018

Juin 2016 : c’est la date de ma première rencontre avec L’imprévu. Je suis sûre que la rédaction s’en souvient encore. Même si j’avais sorti la chemise pour l’occasion, j’étais arrivée avec mon gros sac-à-dos à l’entretien d’embauche… Je devais m’envoler pour la Moldavie quelques heures plus tard, où deux semaines de reportage pour Le Monde diplomatique m’attendaient.

À l’époque, j’avais mis en avant mon profil un peu atypique : une formation de photographe, cinq ans de correspondance en Roumanie, autodidacte en radio, amatrice de sujets multimédias au long cours, etc. À presque 30 ans, c’était la première fois que je passais un entretien d’embauche et j’en garde un bon souvenir !

Au final, je n’ai pas été prise. Et je me suis dit que ce n’était peut-être pas le bon moment. Car cette rencontre a donné lieu, six mois plus tard, à ma première pige pour L’imprévu : un long-format sur le quotidien des inspecteurs du travail.

Brainstorming “média” avec les élèves de 4ème d’Allonnes, lors de ma résidence de journaliste effectuée en début d’année 2017.

Dans les mois qui ont suivi, j’ai choisi de partager une autre facette de mon métier et je me suis donc tournée vers l’Éducation aux médias et à l’information (EMI), en parallèle de mon activité de pigiste. Alors que notre milieu professionnel est de plus en plus formaté par l’homogénéité sociale des journalistes et de leur milieu, mais aussi par les écoles de journalisme, il me semblait nécessaire de donner envie aux jeunes de s’exprimer, quelle que soit leur origine sociale. J’ai donc été journaliste en résidence pendant quatre mois à Allonnes, une ville de la banlieue du Mans. Une expérience inoubliable qui m’a permis de beaucoup réfléchir sur ma profession et la façon dont elle est perçue par les jeunes. De la méfiance, de la suspicion et surtout beaucoup d’incompréhension : tout cela s’explique, selon moi, parce qu’on ne comprend pas comment l’information est fabriquée par les journalistes. Parmi les solutions pour renouer ce lien de confiance entre les médias et leur public, la transparence des journalistes sur leur travail me semble depuis indispensable.

Un changement en entraînant un autre, je me suis installée l’été dernier à la campagne. Le challenge était double : développer les ateliers d’EMI dans les établissements scolaires de la région — dans la continuité de ce que j’avais fait en résidence — , tout en continuant d’écrire des sujets pour les journaux nationaux, depuis cette contrée éloignée de la capitale dont les médias ont décidément du mal à sortir.

Depuis quelques temps, j’avais par ailleurs lentement dérivé des enjeux sociaux vers ceux de la protection de l’environnement. Et c’est grâce à une proposition de sujet sur cette thématique que Thomas Deszpot, journaliste et cofondateur de L’imprévu, m’a annoncé par téléphone qu’il voulait me proposer « plus qu’une pige ».

Mon poste de travail en Haute-Loire, où je suis toujours connectée à la rédaction de L’imprévu.

J’ai réfléchi, mais pas longtemps, dois-je reconnaître. J’ai accepté de participer à la construction de la nouvelle rubrique environnement de L’imprévu, de télétravailler depuis la campagne, de rejoindre la rédaction à Paris une fois par mois et puis, surtout, d’être stimulée intellectuellement et professionnellement par cette rédaction en ébullition perpétuelle… Depuis le mois de janvier, je prends doucement mes marques. Je construis la rubrique qu‘on m’a confiée en l’axant sur des sujets cruciaux pour l’avenir de nos sociétés, comme les énergies, les pollutions et le réchauffement climatique.

Et il faut croire que c’était le bon moment. Toutes les planètes semblent aujourd’hui alignées : après huit ans de pige, j’ai intégré le seul média dont j’aurais jamais imaginé faire part. Un média qui me ressemble, tant sur la forme que le fond. Il était temps que je pose mes valises.

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Julia Beurq
Le blog de L'imprévu

Journaliste environnement pour @limprevu, et animatrice d'ateliers d'Education aux médias et à l'information en Haute-Loire.