« L’imprévu c’est bien plus qu’un site, c’est un écosystème »

Romane Groleau
Le blog de L'imprévu
6 min readApr 6, 2018

Il y a tout juste deux semaines, nous levions le voile sur la nouvelle formule de L’imprévu. Une relation inédite avec un média en France, que vous racontait Pierre Leibovici, un repositionnement éditorial, expliqué ici par Claire Berthelemy, et… un site web entièrement redessiné : telles sont les nouveautés que vous avez pu expérimenter ces derniers jours.

Cette nouvelle interface de L’imprévu, nous ne vous en avions pas encore parlé. Pourquoi avoir choisi un flux continu d’articles plutôt qu’un format inspiré des magazines ? Pourquoi avoir troqué le jaune, qui habillait L’imprévu depuis sa naissance en juin 2015, contre un ultraviolet ? Plusieurs d’entre vous nous ont posé des questions sur les partis pris graphiques de la nouvelle mouture de L’imprévu. Alors je les ai transmises aux premiers intéressés : Florent et Maxime, respectivement directeur création et directeur artistique de l’agence Datagif, qui ont donné à L’imprévu sa nouvelle identité visuelle.

Le nouveau site de L’imprévu — CC BY-NS-SA Datagif

Romane : Depuis mars 2018, L’imprévu se positionne comme un site d’information qui remet l’actualité en contexte, plutôt qu’un magazine revenant sur les événements oubliés. Comment avez-vous traduit ce changement de positionnement éditorial sur le site ?

Maxime : Le grand changement dans la façon de présenter la production de contenus de L’imprévu c’est qu’on passe sur un mode de flux. On n’est plus sur un magazine où on va aller piocher des articles en entrant via une thématique. On va suivre un flux d’actualités qui va s’alimenter au fur et à mesure de la journée et va être en lien avec ce qui se passe à un instant donné.

Florent : Si on prend L’imprévu d’avant, c’était un peu fouillis. On avait différents formats et on ne savait pas trop où donner de la tête. Quand on arrive sur le nouvel Imprévu, on sait où aller, on suit un flux. C’est quelque chose qui fonctionne. On en utilise toute la journée, qu’on soit sur instagram, sur twitter ou sur Facebook. On est toujours sur des flux.

Romane : D’ailleurs, et cela a fait débat chez nous, de nouveaux types de contenus ont fait leur apparition dans ce flux… Pas seulement des articles.

Florent : Dans ce flux, on va trouver des articles écrits par L’imprévu mais on va aussi trouver des remontées de contenus écrits sur d’autres plateformes, comme des tweets. On a designé l’ensemble afin que tout cela soit homogène et unifié.

Maxime : L’idée c’est que peu importe le canal de diffusion, tout soit agrégé sur le site de L’imprévu.

Florent : Dans le nouveau L’imprévu on va fonctionner par thématiques plutôt que par formats. Les articles ne seront plus rassemblés selon le temps de lecture, la longueur, mais selon leur appartenance à l’une des trois rubriques (NDLR : environnement, travail, numérique).

Romane : Au-delà du site, ces rubriques se déclinent désormais dans des newsletters thématiques, écrites de façon ponctuelle par chacun des journalistes de L’imprévu. Elles s’ajoutent à la newsletter hebdomadaire et à #ilya5ans, la newsletter qui donne l’actu à la une il y a cinq ans jour pour jour. Ça ne ferait pas beaucoup de newsletters ?

Florent : Oui, c’est parce qu’à L’imprévu, les newsletter sont incarnées. Elles ne sont pas automatiques. Certes, ce sont des reprises d’articles mais il y a un vrai choix éditorial. En fait, on a imaginé cette newsletter hebdomadaire comme si quelqu’un écrivait un mail. Elle est rédigée par un humain qui écrit à un humain, ce qui est beaucoup plus intéressant qu’une newsletter automatisée qui se contenterait de reprendre les derniers articles publiés. À L’imprévu ce sont bien des journalistes : des humains qui parlent à d’autres humains !

En fait, il faut comprendre que tout ça va bien au-delà du site. C’est un écosystème qui se construit autour des newsletters, du site en lui-même, des réseaux sociaux mais aussi et surtout avec la communauté de lecteurs-membres de L’imprévu. On a pensé le site comme ça. Ce n’est pas juste une page.

Le nouveau site de L’imprévu CC BY-NC-SA Datagif

Romane : Revenons au flux, où de nouveaux contenus apparaîtront presque chaque jour. L’interactivité entre les lecteurs et nos articles était l’un des objectifs que nous avions fixés. Comment avez-vous intégré cette spécificité ?

Florent : On a créé plein de formats différents. Des chiffres clés, des petits quizz, des infographies. Tout cela va venir enrichir les articles.

Maxime : On a aussi prévu un système de notation en fin d’article qui va permettre aux lecteurs-membres de donner leur avis sur un article. Ils ont la possibilité d’interagir avec les journalistes à travers différents canaux. Par exemple, en proposant des thématiques qu’ils aimeraient voir traitées, en notant les articles, en répondant aux quizz. Sans parler des avantages que vous leur réservez (NDLR : découvrez tous les avantages de nos lecteurs-membres ici). On a réfléchi aux niveaux d’interaction qu’on pouvait mettre en place pour impliquer le lecteur au fil de sa lecture.

Florent : En fait on dépasse le stade du simple article. Le redesign de L’imprévu ce n’est pas une page “home” et une page “article”. On va bien au delà de ça.

Romane : L’imprévu “v2”, comme on l’appelait entre nous, c’est aussi une nouvelle couleur, l’ultraviolet. Pourquoi avoir abandonné notre jaune ?

Florent : Le choix s’est fait par élimination, le rouge est connoté “hardnews”, le bleu peut être vu comme corporate. D’un point de vue design, l’ultraviolet c’est vif, pop, coloré. C’est un beau changement.

Maxime : On s’est dit que quitte à avoir un parti-pris assez radical dans le fonctionnement du nouveau site, autant faire des choix radicaux dans son redesign. On a une typographie, un travail d’idéogrammes sur le logo et surtout des couleurs très identifiables avec un traitement des photos qui va venir renforcer encore plus cette identité. Quand on va tomber sur une image ou une vidéo sur d’autres réseaux, on saura immédiatement que c’est L’imprévu.

Florent : C’est important d’avoir une identité affirmée parce que des médias qui écrivent des articles en fait il y en a plein… (rires). Il ne suffit pas seulement d’avoir de belles photos, il faut aussi se distinguer. C’est pour ça que les photos qui seront utilisées seront détourées et posées sur des aplats. En fait l’identité ce n’est pas juste le logo. L’identité c’est le logo, les typos, les couleurs, mais aussi la façon dont tout cela est utilisé. Une identité ça vit, ça se déploie aussi sur toute la communication, sur les réseaux sociaux, sur les visuels sur le site, mais également au cours des évènements qui seront organisés.

Romane : Pour vous, donc, la transformation de L’imprévu d’un point de vue économique et éditorial n’avait pas de sens si on ne repensait pas le site dans son intégralité ?

Maxime : L’imprévu a un discours fort. Son changement de modèle économique, son discours sur l’indépendance et le fait que ce soit un site sans publicité… tout cela participe à l’identité de L’imprévu. Et avoir ce genre de discours avec quelque chose de très peu affirmé dans le design ou dans l’identité visuelle, ça crée un décalage. On ne peut pas avoir des choses très radicales et poussées en termes de discours et à côté de ça, une identité visuelle absente. C’est un tout.

Florent : Oui, pour que des lecteurs-membres adhèrent à L’imprévu, le site doit fonctionner, être fluide, et marcher aussi bien en version mobile qu’en desktop (NDLR : ordinateur de bureau). Sur L’imprévu il y a déjà un vrai confort de lecture car il n’y a pas de publicité. Et à partir du moment où ce n’est pas un service gratuit, son design doit être irréprochable.

En France, nous vivons les prémisses du système d’adhésion. L’imprévu met ça en place donc autant le lancer avec un design qui tienne la route et qui, lui aussi, soit novateur…

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