S’abonner pour s’informer ?

L'imprévu
Le blog de L'imprévu
4 min readMar 14, 2016

En novembre dernier, dans l’un de nos questionnaires mensuels nous vous posions la question suivante : “L’imprévu est ouvert à tous pour le moment, il deviendra bientôt payant. Quel est le juste prix que vous seriez prêt à consacrer à l’abonnement mensuel ?” Parmi les réponses proposées, qui s’échelonnaient entre 0 et 7 euros, figurait : “0 €, l’information est gratuite ailleurs, pourquoi payer ?”.

Les tarifs d’abonnement à L’imprévu

L’argent est un sujet délicat, d’aucuns le qualifieraient même de tabou. Particulièrement s’agissant d’information, qui n’est pas un “produit” comme les autres car elle a une mission d’intérêt général, encore plus s’agissant d’Internet où la gratuité est une valeur clé. Alors, pourquoi s’abonner à L’imprévu ?

Parce que la gratuité a ses limites

Comme des millions d’internautes, nous avons grandi avec un Internet gratuit au sein duquel l’information circule librement. Cet accès ouvert à la culture, au savoir et à l’actualité résonne en nous. Dans nos carrières respectives, et notamment au sein de la rédaction d’OWNI.fr, nous avons expérimenté un modèle de presse libre, gratuite, indépendante. C’était une chance. Un luxe, car ce modèle reste malheureusement fragile. OWNI a fermé et à de rares exceptions, seule la publicité permet aujourd’hui à des sites d’information d’éviter le recours à l’abonnement. Ce choix délicat s’est posé dès notre première discussion autour du projet L’imprévu : devrons-nous faire appel à des annonceurs ? Notre réponse a été unanime, une évidence pour chacun d’entre nous : non.

Pour plusieurs raisons. Déjà, parce que nous voulons offrir un accès à l’information qui soit franc et direct, sans une multitude de clics pour fermer des popups ou une profusion de distractions via des bannières publicitaires. Parce que, de plus, nous sommes des “petits” dans le vaste paysage des médias en ligne et qu’il est difficile d’avoir un modèle publicitaire rentable lorsqu’on est un média avec une audience à construire. Mais aussi — surtout ! — parce que nous voulons garder les mains libres pour enquêter, partager, informer sur tous les sujets, sans risquer la censure d’un annonceur à qui un papier aurait eu l’heur de déplaire.

Exit donc, la publicité. Mais pour pérenniser L’imprévu, média et entreprise de presse, il nous fallait trouver le juste prix de l’information. Pour couvrir nos frais de fonctionnement, étoffer l’offre éditoriale, rémunérer comme il se doit le travail de nos collaborateurs quels que soient leurs domaines de compétences, pour poursuivre le développement et l’adaptation aux usages également.

Le juste prix

Définir le prix de l’abonnement a donc été une vaste question (dont nous vous avions parlé ici ). Et parce qu’il nous paraît nécessaire que chacun puisse comprendre d’où viennent ces tarifs, nous avons publié sur notre site une page décrivant l’ensemble de nos dépenses, recettes et frais, en toute transparence. Nous voulons vous donner à voir ce que nous faisons des recettes issues des abonnements. Cette page sera mise à jour, régulièrement, et elle vous attend.

Répartition prévisionnelle des dépenses de janvier à juin 2016

Vous le voyez sur ce graphe : nos frais estimés de janvier à juin 2016 sont majoritairement dédiés à la rémunération des journalistes. Logique pour un site d’information ? Oui, mais c’est plus que cela.

Régulièrement, nous recevons à l’adresse redaction@limprevu.fr des propositions de journalistes indépendants qui souhaitent collaborer avec nous et publier sur L’imprévu. Parmi ces messages, il n’est pas rare qu’une même question revienne : “payez-vous les pigistes ?”

L’imprévu a toujours été clair à ce sujet : “tout travail mérite salaire” (devise à laquelle nous faisons une entorse, car nous ne sommes — les associés fondateurs de l’entreprise — pas encore salariés ). Tout travail mérite salaire, donc, et c’est pourquoi nous rémunérons les journalistes qui embarquent à nos côtés dans cette aventure éditoriale. Saisissons l’occasion de préciser ici que le montant net du feuillet (1 500 signes) s’élève à 50 euros à L’imprévu, et que les articles publiés font — en moyenne — une dizaine de feuillets.

Voilà donc à quoi servira en majorité le montant de votre abonnement. À payer des journalistes, en France, et ailleurs. Contribuant ainsi — un peu — à refuser d’entretenir la précarité qui s’impose à de nombreux journalistes professionnels. Contribuant aussi à faire grandir L’imprévu.

Nous espérons que cet exercice de transparence vous donnera envie de nous faire confiance. Qu’il s’agisse de ne pas se laisser aller à l’amnésie médiatique, de prendre des moments de pause et de déconnexion du flux, ou de soutenir un média indépendant, on a tous une bonne raison de s’abonner à L’imprévu !

À bientôt !

Clémence, pour l’équipe.

--

--

L'imprévu
Le blog de L'imprévu

Le seul média en ligne qui revient sur l’actualité oubliée. Retrouvez nos articles chaque vendredi ! Et entrez dans nos coulisses ici : https://blog.limprevu.fr