Plateformisation et révolution sociale,
la Chine en pleine mutation

Antoine Guerrini
Stéphane Grumbach
Published in
5 min readOct 11, 2017
Shanghai

GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), NATU (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber) la Silicon Valley fascine le monde. « Disruption », « uberisation » leurs modèles révolutionnent notre façon de consommer. Face à ce monopole, en 2017, les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) mais également JD.com et Didi Chuxing viennent perturber cette suprématie avec une approche différente. Aussi jeunes que leurs homologues américains, ces sociétés chinoises à la capitalisation boursière impressionnante, content le récit d’une Asie en pleine mutation technologique, mais aussi sociale.

Qui sont-elles?

En ne citant que les 6 plus grosses sociétés digitales chinoises, leur capitalisation boursière commune avoisine 800 milliards de dollars. Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi, JD.com, Didi Chuxing, tour d’horizon de la « digital revolution » chinoise.

Baidu

En Chine, Google ne représente que 3% d’utilisation, son homologue chinois Baidu gère plus de 800 millions de pages et représente 76% des utilisateurs. Il se positionne comme le 4ème site le plus visité au monde (2016). Comme ses concurrents, il propose une palette diversifiée de service (vidéo, paiement,…) Il est impossible aujourd’hui d’exister sur le net chinois sans passer par ce moteur. Netflix vient de passer un accord, pour ainsi s’attaquer au marché asiatique.

Alibaba

Alibaba ou 4% du PIB de la Chine. Beaucoup et maladroitement, le comparent à Amazon. Pourtant bien que son secteur d’activité soit sensiblement le même, Alibaba a construit un tout autre écosystème, se basant sur la collaboration entre commerçants de rue et plateformes e-commerce. A l’inverse d’Amazon menant une guerre terrible contre Wallmart et Carrefour à coup de campagnes de rachat (d’où la nuance entre retail et marketplace).Petite anecdote en 2015 le volume d’affaire d’Alibaba équivaut à celui du commerce électronique américain.

Tencent

Ou plus largement connu à travers son service Wechat. Elle est rentrée en 2015 en 6ème position des plus grosses capitalisations boursières. Plus pertinente socialement parlant que son homologue Facebook, elle propose un accompagnement quotidien des utilisateurs par sa plateforme phare WeChat, paiement en ligne, paiement NFC, nombreux sont les nouveaux coffee no cash où WeChat apparait comme THE solution, de même pour le règlement des impôts, inimaginable, il y a encore quelques années. (Tencent introduit dans la société chinoise la notion d’identité numérique). WeChat est un mastodonte dans cette époque folle, à elle seule la plateforme génère 18 millions d’emplois en Chine (pratiquement 2 fois la population de New York). La confrontation entre Facebook et Wechat est frontale! Les deux entités mènent une guerre à coup de publicités parfois moqueuses.

(Voir la publicité de Wechat, où un psychiatre conseille à Mark Zuckerberg d’utiliser la plateforme de Tencent )

Xiaomi

Père de la catalyse digitale chinoise, cette société de smartphones a dépassé en part de marché Apple et Samsung en moins de 5 ans, elle a transformé la Chine en mobile Only alors qu’en Europe durant la même période, nous commencions à penser Mobile first.

JD.com

Concurrent d’Alibaba, JD dégage le plus gros chiffre d’affaire du e-commerce chinois. Contrairement à son homologue chinois, JD propose du haut de gamme (donc plus rentable), ce qui va dans la logique d’une Chine où le pouvoir d’achat est en constante hausse. Tout comme Amazon, il peut livrer ses 600 millions de clients dans la journée.

Didi Chuxing

Issue de la fusion de Didi Dache et Kuaidi Dache, soutenues par Alibaba et Tencent, Didi est le service « Uber » 2.0 le plus populaire en Chine. 300 millions d’utilisateurs, 14 millions de trajets quotidiens (7 fois plus qu’Uber dans le monde entier), Didi propose également un écosystème légèrement différent d’Uber, elle travaille avec les taxis (aucune attaque frontale), les opérateurs indépendants (PME de taxis chinoises) et propose du covoiturage ainsi qu’un service Didi Bus.

La génération Y

Les « boomers » représentent en 2016, 385 millions d’individus, soit la deuxième économie mondiale en terme de volume (en les considérant comme une part de marché a part entière)

Sous l’impulsion du nouveau modèle économique, la génération Y (18–35 ans) disrupte les conventions sociales. «Intégrer les usages des millennials chinois, c’est intégrer les usages qui arriveront chez nous dans les cinq prochaines années.» Fred Raillard, fondateur et CEO de Fred&Farid.

70% d’entre eux désirent travailler dans une start-up et chaque jour 10000 entreprises sont créées selon le China Daily. Cela représente 7 sociétés créées par minute. (voir bibliographie 7)

Cette frénésie illustre le besoin de souplesse et de découverte de cette génération. Ecologie, sécurité sanitaire et alimentaire, soins de santé, inégalité des revenus, égalité des sexes, inclusion des LGBT voilà les préoccupations majeures de cette jeune génération.

L’outil numérique accélère cette mutation sociale, la génération Y passe plus de 27 heures par semaine sur internet. La culture « Zhai » (mode de consommation « abusive » du digital) connait un essor inédit. Les offres de service à domicile explosent (livraison, gaming, « youtubeur »).

Pour mesurer l’impact de la révolution digitale sur les populations, il est nécessaire de cerner le contexte historique de chaque pays, continents. En Asie (comme en Afrique) la révolution digitale est synonyme de révolution sociale et d’opportunités. Les notions de sécurité amenées par l’uberisation (géolocalisation, information sur les chauffeurs livreurs, etc…), de communication (avec Weibo le twitter chinois), d’information (Wechat,…) sont des notions nouvelles. La génération Y est la première à jouir de ce confort. Bien que ces nouveaux modèles créent de la polémique en occident, ils sont accueillis à bras ouverts par les jeunes générations asiatiques (la Corée du Sud par exemple et le pays au monde avec le taux d’acceptation du digital le plus important).

Modernité contre tradition, ouverture contre contrôle, communauté face à l’individualisme. Le futur de la Chine et plus largement de l’Asie, est à l’image de sa jeune génération, incertaine, frénétique mais pleine de belles promesses.

Bibliographie:

- BATX, ou la conquête de l’Europe.
https://fr.express.live/2017/01/09/batx-gafa-natu-conquete-europe/

- BATX vs GAFA « l’aventure dont vous pouvez être le héros »
http://www.strategies.fr/blogs-opinions/idees-tribunes/1065762W/batx-vs-gafa-l-aventure-dont-vous-pouvez-etre-le-heros-.html

-BAIDU, ALIBABA, TENCENT ET XIAOMI : CES INCROYABLES «GAFA» CHINOIS
http://www.capital.fr/entreprises-marches/baidu-alibaba-tencent-et-xiaomi-ces-incroyables-gafa-chinois-1139115

- Des GAFA aux FANG ou aux NATU : les maîtres du monde numérique
http://davidfayon.fr/2016/03/gafa-fang-natu-maitres-monde-numerique/

- Les GAFA, BATX… sont-ils partis à l’assaut de la finance ?
https://fintech-mag.com/gafa-batx-partis-a-lassaut-de-finance/

- GAFA vs BATX
https://www.linkedin.com/pulse/gafa-vs-bat-bruno-dranesas/

- 70 % DE LA NOUVELLE GÉNÉRATION CHINOISE SOUHAITE LANCER UNE STARTUP
http://www.marketing-chine.com/marche-chinois/70-de-nouvelle-generation-chinoise-souhaite-lancer-startup

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