#1 La Loco c’est ça aussi

Il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas…*

Sophie R
Coworking à la loco
3 min readMar 14, 2017

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On est samedi matin, le marché s’étire dans les ruelles sous les fenêtres de la Loco avec son habituel brouhaha rassurant et continu. Le soleil rentre à flot sur les bureaux dépouillés de leurs habituels claviers, ordi, tasses, notes et autres reliefs du travail… Il n’y a personne pour habiter les lieux.

Sauf que ce samedi est un peu particulier.
Une petite troupe de femmes et d’enfants investissent les lieux pour tricoter. [Ben oui c’est bien connu le tricot c’est tendance, très cowork quoi ?]

Assez vite, il n’y a plus aucune place pour la techno. Des pelotes, aiguilles, modèles, gommettes, et pompons recouvrent les tables. On entend parler l’anglais [ça on connaît], le yoruba, l’amharique, l’oromo, l’albanais et le français puis il y aussi le mix franglais, le yoruglais et le mode dessin sur les tableaux — un langage universel. L’amharique possède un alphabet aux caractères magiques qu’on croirait sorti directement d’un manuel d’archéologie. Google le reconnait très bien.

Il paraît que c’est une langue sacrée.

[Dommage qu’on ait effacé nos petits dessins du tableau, les coworkers en auraient profité le lundi].
Seul l’iPad — ultime vestige de la bureau attitude — a conservé sa place entre google traduction, map et pour décider quels modèles on a envie de tricoter. Les enfants parlent trois langues, c’est assez rigolo mais pour les dessins animés, on a opté pour le français.
Un coworker passe déposer ses courses et sourit en voyant le spectacle. [D’autant qu’il est arrivé au moment où une jeune maman s’occupait de son tout petit bébé.]
Un second vient dire bonjour avant d’embarquer son matériel et s’installer dans un petit bureau plus au calme. Il hésite puis regarde et lance : “Moi aussi j’ai fait des pompons, plus d’une centaine pour un tapis” [il est designer !]. Et de nous expliquer qu’il y a beaucoup plus simple que de faire des gabarits en carton à la main, c’est d’utiliser des accessoires spéciaux, pas chers du tout qui permettent de gagner un temps fou.

Et bien voilà c’était gagné !
Le fameux principe de sérendipité cher aux fondateurs du coworking se révélait là à nous, d’une manière très simple. Le croisement improbable d’un designer en train de créer sa start-up et d’un groupe de femmes en exil permettait une fantastique accélération des savoirs, non créatrice d’emplois et de cash mais d’une sacrée valeur ajoutée !

Les coworkers ne le savent pas encore mais très bientôt une multitude de Pomsaïs et de Pomcactus surgira au bord des fenêtres avec toujours nos montagnes à l’horizon.

(Un grand merci à tous les coworkers pour leur ouverture d’esprit et leur vision de la mixité)

*Le hasard peut provoquer des rencontres inattendues

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