Carnet de voyage ferroviaire

Novembre 2012 — janvier 2019

Sophie R
Coworking à la loco
6 min readFeb 4, 2019

--

Tout a commencé par une rencontre avec Céline et Thierry qui portaient le projet de cette « loco-motivé » dans l’appart sis rue Elisée à Gap. De mon coté, j’étais en mode desperately coworker addict, je cherchais un local adapté pour mon propre projet de cowork. Après quelques cafés sur la place Jean Marcellin, beaucoup de blablas et une petite visite dans l’appart (waouh la vue !), j’y ai attaché mon wagon, sans un regard en arrière.

Au début à la loco, c’était à la demi-journée. Les deux petits bureaux étaient occupés par nos enfants respectifs qui attendaient que nous, les parents, ayons fini de bosser pour rentrer à la casa. Il y avait une girafe (presque) grandeur nature, peinte sur le mur de la salle rouge et un rameur dans la salle de bain. Impossible de me rappeler qui l’utilisait ! Et j’avoue avoir oublié tous les coworkers de l’époque, à part Philippe, bien sur, car il est toujours là. Ce vendredi, je lui ai même passé le bâton de doyen !

Le temps du collectif créatif

La locomotive, ce sont surtout ses passagers qui font le train. En classe affaires, impossible de ne pas citer Gentiane, Céline et surtout Claire -Marie et Cécile qui ont travaillé avec moi à faire grandir, la Boite à éditer. A penser et faire les tout premiers livres numériques sur tablette.

Ce sont aussi tous les partenaires extérieurs qui venaient nous y retrouver : libraires, éditeurs, développeurs, ludothécaire… Ils ont participé à ces fantastiques réunions sur « le livre idéal », en mode intelligence collective et méthode agile s’il vous plait ! Le tout sous la houlette de Thierry en scrum master. Si vous ne comprenez pas ces termes, il vous faut une petite formation agile. Nous, à la loco, on baignait tous dedans à cette époque-là.
Puis après la théorie, on s’est mis en mode projet gagnant. On est passé du train-train à vapeur à la très grande vitesse… Sans contrôleurs bien sur.

Le temps des concours gagnants

Fin 2013, voit la grande aventure de « Joue avec ta ville » et le prix Open Data remporté haut la main, au concours Open PACA de la région.

Une sacrée aventure à quatre même si, hélas, nous n’avons pas pu développer notre jeu. A ce jour, il n’existe toujours pas un statut qui permet de développer un projet économique avec une asso, un salarié, et un entrepreneur ensemble, c’est toujours une galère … Les lois et les institutions ne vont pas aussi vite que l’intelligence collective et l’inventivité. Une belle mise en parallèle avec les blocages actuels de la société du travail. (Voilà c’est dit, je ne pouvais pas quitter La Loco sans un petit message politique).

Une autre équipe de coworkers a réitéré l’année suivante, avec un tout autre projet, concernant la transition énergétique (psitt : on utilisait PAS encore ce mot dans ces années-là). Bravo aux Enermakers qui ont remporté un prix régional de 10 000 euros pour leur inventivité. Et dopé la caisse de notre vieille loco à vapeur avec un régime plus vert (-tueux).

Le temps du partage

En 2015, c’est l’arrivée d’Aline qui travaille sur son projet de start-up Les produits locaux voyageurs. En même temps, elle nous concocte un dossier de subvention qui nous permettra d’accueillir des entrepreneurs au RSA et de leur proposer la gratuité, en coup de pouce. Une belle action peu connue de la Loco. De la solidarité entre petits entrepreneurs indépendants :-)

En 2016, on se motive toutes les deux pour tenter le concours « Be a Boss » à Lyon. Nous avons réussi notre pari et je suis allée pitcher en dehors de la région pour la première fois. Ouh ouh j’en ai encore des sueurs froides …

2017 marque l’arrivée du Planning familial 05. D’un seul coup, un vent de féminisme a soufflé sur la Loco. Non pas que l’ambiance était machiste — loin de là — mais pour les filles du Planning, c’était l’année du clitoris alors on en retrouvait un peu partout ! Avouez que c’est diablement disruptif. Tous les espaces de coworking qui se veulent innovants devraient essayer ! La couleur des affiches est devenue aussi un peu plus militante… Et moi aussi.

De petits codeurs en culottes courtes ont aussi envahi la loco, les mercredis après-midis, avec Fantasticode.
Pratique, je bossais et pendant ce temps, fiston codait ! Il code toujours d’ailleurs !

A ce moment là, on faisait aussi beaucoup de zapéros. Nos mythiques after works sur des thématiques entrepreneuriales : la satisfaction client, faire ses prix, un start up week end, le financement participatif, travailler en voyageant…

Il y a eu aussi des soirées démocraties participatives (on ne vous dira pas avec qui) et des samedis matins tricots avec un tout autre public qui ont coworké soit du cerveau, soit des aiguilles !

Le temps du changement

En 2018, la loco est devenue, pour moi, synonyme de salle de rédaction où l’on parlait et travaillait autour du futur de Carnet de pêches en montagne, avec Xavier et Aurélien (ex-coworkers) ainsi que Nelly (toujours coworkeuse aujourd’hui). Évidemment, les autres passagers ne pouvaient rien ignorer de ce qui se tramait dans la salle rouge tant je débordais d’enthousiasme. C’est indubitablement un livre coworking native ! Si tant est que ce mot existe.

« Carnet de pêches en montagne » est sorti en novembre et j’ai commencé à délaisser les lieux, au profit d’autres projets dans d’autres endroits…

En rejoignant de temps à autre, le wagon bar ou celui du mercredi après-midi, j’ai découvert qu’avec les nouveaux coworkers 2018, cette année 2019 démarrait avec un esprit incroyablement dynamique : chouettes initiatives, projet de bouffes gargantuesques (il y a même une boite à bonbons maintenant !), discussions politico-philosophico débridées… tout en gardant l’esprit de partage et la bonne humeur de la loco des débuts.

Je suis ravie de décrocher mon wagon maintenant car je sais que j’aurai encore envie de le raccrocher ponctuellement. Le programme : desserts contre cours excel, astuces facebook contre commandes illustrator et autres petits plaisirs des échanges entre entrepreneurs, continue avec mon adhésion 2019. Eh oui, la loco ce n’est pas que de la colloc de bureau mais aussi un max de partage : formation, discussion, ainsi que mille et unes astuces d’entrepreneurs solos… Des boulots qui s’échangent, se partagent et même se gagnent ensemble. Et bonne nouvelle pour vous qui avez une âme de coworker qui sommeille en vous, il y a une place de libre à partir d’aujourd’hui !

Tchou Tchou…

P-S : A la relecture de ses lignes, je me rends compte que c’est en partie la rétrospective de mon activité entrepreneuriale que j’ai écris. Finalement la loco et ses passagers m’auront accompagné pendant 6 ans bien plus que je ne le pensais.

--

--