“Corporate Pirates”, devenez la “Hackers Navy”

Raphaël Thobie
CreateRocks
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8 min readOct 4, 2018

Où comment se transformer en “Red Flag” de votre entreprise.

Real. Bad. Ass

Ching Shih, la terreur des mers du Sud

J’ai découvert l’histoire de Ching Shih il y a peu malheureusement, déjà parce qu’elle est impressionnante, mais ensuite parce qu’elle m’inspire beaucoup …

En extra résumé (version un peu plus longue ici), Ching Shih était une redoutable pirate chinoise du 18/19è siècle. Elle commença sa carrière comme prostitué puis à 26 ans devint l’épouse d’un seigneur pirate, Cheng, à la tête d’une bonne tribu.

Ching demanda en échange du mariage une partie de la flotte, Cheng accepta. Ils passèrent ensemble de 200 à 600 puis 1800 navires.

Cheng mourut et Ching prit la tête de tout le commandement et nomma le bras droit de Cheng comme COO :-) sa flotte atteignit les 80 000 hommes : les “Red Flag”.

Elle définit un règlement intérieur très ferme lui permettant de diriger son armée, et elle arriva d’ailleurs à mettre la marine impériale chinoise en déroute totale.

Plus tard, l’addition de son sens aigu de la stratégie et des ennuis avec toutes les flottes gouvernementales européennes lui firent négocier une retraite royale, pour elle et son COO qui n’était autre que son second mari.

Pourquoi je raconte ça ?

Vous pourriez penser qu’en bon auditeur de Booba, et vu le titre de cet article, c’est uniquement pour scander “la piraterie n’est jamais finie” et exhorter tous les employés d’entreprise à la rébellion.

En fait non, ce n’est pas aussi simpliste.

Je retiens 3 choses de l’histoire de Ching Shih que je trouve vraiment puissantes :

1/ C’est en s’unissant que sa flotte de pirates a eu un réel impact.

2/ Seules des règles simples et efficaces ont permis de garder l’union.

3/ L’unique moyen de négocier est d’inverser le rapport de force.

Alors soyons clairs : je ne suis ni fan de la finalité ni des méthodes de Ching, mais je pense qu’il y a beaucoup d’enseignements à tirer de cette histoire, appliquée au monde de l’entreprise, et notamment ceux qui essaient de la changer ou de proposer des choses nouvelles de l’intérieur.

Et c’est donc à vous, corporate hackers, intrapreneurs, change makers et autres dénominations, que je m’adresse dans les lignes suivantes.

Aussi plaisant soit-il, le temps des guerriers solitaires est fini.

J’ai entendu parlé de “corporate hacker” pour la première fois en 2013. et le terme n’était déjà pas nouveau. Je ne parle même pas d’intrapreneur qui, lui, date carrément des années 70.

Ce mouvement quand je l’ai découvert m’a semblé exceptionnel. J’ai appris énormément avec des gens formidables et je mettais en application directement tout ce que j’apprenais dans mon entreprise, avec mes fidèles collègues de l’époque, associés maintenant.

Ce côté indépendant, à contre courant, déformant la réalité en utilisant les propres armes du système en place pour bouger les lignes avait quelque chose de galvanisant.

Si galvanisant d’ailleurs, que le système en place se l’est approprié, l’a parfois starifié en tentant de l’approcher d’une culture affichée sur les murs de l’entreprise mais qui manquait souvent d’incarnation.

Et devant la starification, dur de résister à la comm. interne qui veut nous mettre en avant, dur de résister au titre “intrapreneur” ou “corporate hacker” sur LinkedIn alors que l’on commence à peine à l’être, mais les sirènes chantent si forts…

En fait, on finit par tomber amoureux de sa dénomination, de son aspect encore unique, de son petit fight club très fermé et on pense que passer à l’échelle viendrait trahir le manifeste du pirate interne. Je suis passé par là.

C’était peut être vrai au début. Surement même.

Ce n’est plus le cas.

Nous sommes en 2018, de plus en plus de gens se posent la question du sens au travail souvent chatouillés par l’ennui, sans pour autant remettre en cause leur intérêt pour leur boite, car ils aiment encore ce qu’elle était et ce qu’elle pourrait devenir.

Nous sommes en 2018 et nous ne pouvons plus nous contenter de petites actions solitaires, d’une tribu de “happy few” qui devient certaines fois plus élitiste que le système initial.

“Attends, t’as pas levé plusieurs millions en interne ? t’es pas un intra ! Reviens plus tard.”

Aujourd’hui il est temps de s’unir. seule l’union créé un écosystème vertueux de partages d’expériences d’anciens devenus mentors, de “makers” ayant développés des compétences spécialisées sur comment lancer une startup interne. Et tous ceux là ont un rôle maintenant, diffuser la culture, encourager et nourrir ceux qui arrivent.

Peu importe le niveau initial des suivants, et peu importe ce qu’en pense la marine impériale. Et surtout en restant loin de la starification ou en l’utilisant à bon usage.

Dans chaque entreprise d’abord, vous devez vous unir certes pour lancer vos propres projets, mais aussi pour accompagner ceux des autres, les “nouveaux”, les “futurs”, appelez-les comme vous voudrez. Vous devez construire ensemble l’entreprise que vous voulez pour demain.

Mais j’ai aussi envie d’aller plus loin : en inter-entreprises ! cassez les frontières, échangez pour construire ensemble. Et je ne parle pas de partager des bonnes méthodes ou des bonnes pratiques : on n’avance pas grâce à des théories ou des principes, on avance grâce à l’engagement d’une quête, d’une cause qui se matérialise par un projet concret dans lequel on s’investit, on teste et on itère tous les jours et on se vautre pour mieux recommencer.

Et ce n’est pas n’importe quel incubateur ou programme intrapreneurial qui doit vous permettre de lancer votre union : rappelez-vous toujours que ces éléments doivent être des fins, des moyens, des outils, pas des débuts : créer le mouvement d’abord, d’où vous êtes, avec ceux autour de vous.

Le process est mort, vive le process.

Pour qu’une union fonctionne, elle doit être organisée.

Alors commençons par gommer immédiatement nos résidus de dégouts quand on pense à “process” en l’approchant de toutes les réunions, les “gates” et les “checklists” qu’on a rencontré dans nos carrières CAC 40 / SBF 120.

Reprenons les bases et parlons de process uniquement pour définir des actions simples pleines de bons sens qui doivent s’appliquer pour avancer quand on navigue à contre courant, et quand on a essuyé pas mal de plâtres depuis des années :

  • Faire avant de penser : si on a rien vécu, on a rien à raconter, donc on a rien pour convaincre.
  • Obtenir un résultat pour réclamer : désolé, non : on ne peut pas demander du temps pour lancer un projet interne si on a pas démontré le début d’une traction.
  • Fédérer localement : sans équipe on est rien, sans sponsor on ne va pas très loin, et au début il faut chercher juste autour de nous.
  • Créer la communauté : de tous ceux qui agissent, quels que soient leurs projets et leurs niveaux.
  • Détectez et impliquez tous les volontaires : et à tous les étages surtout celui du terrain, les derniers maillons de la chaine client, production ou commerciale.
  • Après chaque échec, recommencer ou rejoindre une nouvelle équipe qui commence.
  • Détecter les prochains : une partie de votre temps ne doit plus être allouée pour vous, pionniers, premiers de la lignée, mais pour découvrir les potentiels, les futurs guides de la mission.
  • Ne restez pas enfermés dans la bulle d’oxygène : j’y reviens mais oui, il est très beau l’incubateur, celui qui héberge le programme intrapreneurial, et où l’équipe de “transformation digitale” du groupe se réunit parfois. Et il est souvent peuplé d’excellents coachs extérieurs, que personnellement j’ai eu la chance de rencontrer. Mais n’oubliez pas la vraie vie de la boite, celle qui se passe sur un chantier client, ou dans les sites de prod en région ou à l’international. On ne peut pas convertir tout le monde, mais là-bas il y a des convertis qui n’attendent que vous, et c’est impossible de faire sans eux si on privilégie le long terme.
  • Rendre à la communauté : un succès arrive généralement après plusieurs échecs, votre niveau d’apprentissage et parfois le beau parcours de carrière obtenu vous donne un pouvoir, mais, vous le savez, un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Dont une obligation, celle d’apporter ce qui vous a manqué, à vous, à l’époque de votre projet : comme financer un petit peu, ouvrir un partie de votre réseau. Vous devez devenir sponsors des nouveaux arrivants.

Il y a des évidences dans ces lignes, normal c’est du bon sens. Mais vérifiez bien que vous les avez respectées, surtout les dernières.

Le monde se divise en deux catégories, et c’est à vous d’avoir le pistolet chargé.

En s’unissant et en respectant des règles simples on avance, on avance même vite et bien.

Et alors on inverse le rapport de force. Le nouveau système pèse plus lourd ou a développé une forte accélération plus importante que le système en place.

Donc on peut négocier. Alors à la différence de Ching Shih, le but ici n’est pas de négocier pour vous mettre à l’abri et que rien ne change.

Mais bien de négocier pour changer le cap du paquebot qu’est votre entreprise , de lui faire comprendre que maintenant ce n’est plus d’être dans le fight club étendu qui est un peu ridicule ou risible, mais c’est de ne pas en faire partie.

Et là, on parle de transformation, là on parle de changement de culture, là on parle d’évolution.

Parce que ce ne sont plus des bullets points sur un powerpoint qui parlent, mais des vrais gens qui ont accomplis des vraies choses au sein d’une communauté bien réelle qui s’est unie à l’intérieur même de l’entreprise.

Et pour ceux qui ne veulent pas tenter le nouveau système, attention au syndrome Elise Lucet

Si, j’en suis sûr, vous l’avez vu le dernier cash investigation sur le plastique. Celui où on nous transforme en victimes des gros pollueurs en nous apprenant que tout est de leur faute et que l’on a aucune responsabilité personnelle. Surement ce que pense le mec qui jette son paquet de sandwich vide par la fenêtre de sa caisse sur l’autoroute en se disant “le jour où ceux qui fabriquent les emballages feront un effort, alors j’en ferai un.”

J’ai vécu 10 ans dans une grande entreprise. Une grande entreprise a beaucoup de contraintes et est souvent pleine de bonnes volontés en interne mais qui fatiguent vite à organiser le changement. Alors il est facile, et je me le suis dit plusieurs fois, de faire le raccourci : “la boite n’arrive pas à changer, pourquoi je changerais moi ? Attendons d’abord.”

Seulement quand nous nous disons ça, nous sommes à la fois la cause du problème et la victime.

Cause parce que le changement passe par nous d’abord, victime car si on ne change pas, on sacrifie notre futur.

Alors si vous êtes encore dans cet état d’esprit, comme je l’ai été, faites juste l’effort de rejoindre la communauté interne qui se monte et s’anime chez vous, dans votre boite. Pour regarder seulement au début, et ensuite laissez-vous tenter d’agir.

Il ne suffit plus de dire aujourd’hui “regardez je suis corporate hacker / intrapreneur”, il ne suffit plus d’échanger quelques tips entre privilégiés, et pour les autres, il ne suffit plus de regarder et de laisser passer les trains.

Changez les choses de l’intérieur, ça se fait en groupe, parce qu’ensemble on a moins peur, on est plus intelligents et on tente plus de choses.

C’est pourquoi, chez CreateRocks, on a inventé Makerz : le meilleur outil pour créer la communauté qui va tout changer de l’intérieur, à travers des projets concrets et engagés.

Aujourd’hui, nous vous proposons, à vous corporate hackers ou intrapreneurs de la première heure, mais aussi ceux des heures suivantes, de lancer votre propre communauté Makerz dans votre entreprise, gratuitement, et d’embarquer le maximum de monde pour faire bouger les choses très fort.

Téléchargez l’application :

ICI SUR APPSTORE / ICI SUR GOOGLEPLAY

Et écrivez-nous à lancer-makerz@createrocks.com pour créer la communauté sur l’application et commencer le changement dés demain.

Puis si l’histoire vous a plu, restez appuyé un maximum de temps sur le logo 👏🏼 juste en dessous 🙂

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Raphaël Thobie
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