La bienveillance, ce mot souvent utilisé mais rarement illustré, ou l’histoire d’une remise en question.

Raphaël Thobie
CreateRocks
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6 min readJul 7, 2017

J’ai envie de vous raconter l’histoire de quelqu’un, celui que l’on reconnait tous dans nos entreprises. A force de rencontres, j’ai réussi à en faire un personnage bien particulier.

Appelons-le Nicolas, de la société CompanyX.

Nicolas est manager dans sa boite, il a plusieurs équipes.
Il est vu comme le grand gaillard, jeune, sûr de lui, à l’aise à faire quelques vannes subtiles, mais assez dur et dans le jugement, parce qu’il a été éduqué par son propre manager comme ça.

Il lui arrive d’être acerbe en réunion avec son équipe ou des partenaires : il s’emporte , il va loin dans ses mots, mais il est expert et derrière il y a toujours une vraie connaissance, seulement il a du mal à se contenir.

Quand un membre de son équipe lui fait remarquer, ou voire même partage quelque chose de perso et douloureux, parce que la période est difficile, Nicolas répond souvent :

« Écoute, je veux bien comprendre que c’est dur en ce moment dans ta vie, mais ici on est au boulot, on doit laisser tout ça de côté pendant la journée en venant le matin. Le boulot c’est le boulot. »

Puis un jour, il y a eu des Talks dans CompanyX.
Nicolas n’y participait pas, mais il passait par là au moment de l’installation.

Il m’a posé des questions, sur pourquoi les Talks, comment les mettre en place et surtout quel intérêt pour l’entreprise ?
Je lui ai répondu sincèrement, calmement malgré son assurance et son sourire qui parfois pouvaient me déstabiliser.

Et il a décidé d’y assister, en spectateur.

Dans les Talks , il y a toujours un équilibre entre les speakers qui parlent uniquement du pro et ceux qui orientent plutôt sur leurs vécus au-delà des frontières de l’entreprise.

Ces histoires ne sont d’ailleurs pas forcément tristes , mais bourrées d’émotions et de passages de vies personnelles.

Après la séance, j’ai vu Nicolas, de loin… assez bizarre.

Deux jours plus tard, j’ai appris que Nicolas s’était confié, et souvent je finis par apprendre ce genre de choses, car on pense à raison que cela nourrit notre démarche.

J’ai alors su qu’en rentrant chez lui quelques jours plus tard, Nicolas s’était assis, les yeux dans le vide, en se demandant comment il pouvait parler comme cela aux gens et en s’avouant qu’il ne se reconnaissait plus…
Le lendemain, il s’est dit qu’il réunirait les quelques membres de son équipe avec qui il avait eu le plus de discussions musclées,
Et qu’il s’excuserait.

Des Nicolas (ou des Céline, ça marche aussi), j’en rencontre beaucoup, avec une histoire similaire.

Peut-être que cela n’a été qu’un passage, un moment de faiblesse diront certains, plutôt un moment de lucidité selon moi.
Mais quoiqu’il en soit, cela s’est passé.

Dans ces moments, j’ai la confirmation qu’il ne faut jamais sous estimer le pouvoir du perso et de la bienveillance même et surtout dans un environnement professionnel.

Les gens viennent bosser tous les jours dans une boite, dans le meilleur des cas, ils savent pourquoi ils sont là et souvent ils l’aiment cette boite.
Seulement il est difficile d’être soi dans un monde du paraitre.

Alors qu’ils peuvent tellement montrer ce sentiment d’appartenance autrement que par une histoire purement pro et avec un impact beaucoup plus puissant.

Lorsque l’on découvre quelqu’un tel qu’il est vraiment, et sur un sujet qui le passionne, il nait en nous l’envie d’en savoir plus, de lui parler différemment et voire même de s’unir avec lui sur certains sujets communs dans l’entreprise.

Évidemment ce n’est pas exclusif, j’ai de bons exemples d’histoires purement pros.
Mais ce que l’on cherche avant tout sans vraiment arriver à l’exprimer dans un environnement professionnel, c’est de mieux connaître ceux avec qui l’on passe quasiment autant de temps qu’avec sa famille et ses amis.

Les Talks ont changé ma vie, et ils continuent de le faire.
En quelque sorte, ils me redonnent foi en l’humanité.

Organiser des Talks dans les entreprises m’a appris tellement de choses, mais une me parait primordiale :

La gentillesse et l’optimisme apportent bien plus de résultats que la critique, aussi juste soit-elle.

Je m’explique :

Souvent la gentillesse est mal vue, mal vécue, comme un peu une hypocrisie : « ouais mais toi t’es gentil, t’aimes tout le monde ! Si je veux une vraie critique honnête, il vaut mieux que j’aille voir ailleurs ».
De façon empirique, grâce aux nombres de Talks ou de MakeItUp que nous avons fait avec CreateRocks, je peux dire que je n’ai jamais vu autant de bons résultats qu’en étant … gentil …

Alors bien sûr, il n’est pas question de ne pas être constructif, de ne pas relever les améliorations, de ne pas encourager à se dépasser, mais il est des discours où la forme est la clé de la porte qui ouvre sur le fond.
J’ai commencé d’abord par vouloir être juste, en tout cas ce que je croyais juste. Être honnête sur les bonnes parties et dur sur les plus compliquées.
Au final, j’obtenais tensions, stress, syndromes du bon élève qui finit par réciter plutôt que vivre son discours ou son projet.

En gommant totalement les formules négatives de mes commentaires, en démarrant par une grande partie de positif sur tout ce que j’avais aimé de la prestation, en passant mon temps à encourager en essayant de découvrir avec la personne que j’avais en face de moi comment optimiser encore et encore et surtout en rassurant sur le fait qu’elle en était capable (car, soyons clairs, nous sommes TOUS capables de raconter une belle histoire ou un beau projet du moment que l’on se sent suffisamment engagé dedans), j’obtenais des résultats beaucoup plus importants, qui me permettaient de placer des gens dans la confiance, l’assurance, le partage et l’émotion de vivre ce qu’ils racontaient.

Et pourtant, je suis toujours resté honnête : je n’ai jamais félicité une qualité que je n’avais pas vue ou entendue, je n’ai jamais encouragé une personne en disant que tout se passerait bien alors que je la sentais complètement perdue et je n’ai jamais terminé un feedback sans donner quelques conseils pour faire encore mieux.

Seulement tout ce que j’ai fait, je l’ai fait avec le sourire, l’envie d’aider, la conviction qu’en face de moi j’avais une personne avec un potentiel et pas une personne « finie ».

En fait, l’humanité est plutôt naturellement bienveillante et engagée pour des « bonnes » causes.
Ce sont le contexte, l’environnement et la potentielle nuisance de quelques uns qui déchainent les passions.

Et comment vous dire autrement que l’entreprise d’aujourd’hui est plutôt génératrice de ce type de climat ?

Pourtant, aussi hippie que puisse paraitre cette remarque : nous avançons tous beaucoup mieux, être humains, quand nous nous sentons engagés, encouragés, écoutés et célébrés.
En tous cas, ceci est vrai pour tous ceux que nous avons accompagnés (+500 personnes apprentis intrapreneurs ou speakers confondus).

Personnellement, j’en tire l’équation suivante :

Performance de l’entreprise = bienveillance x (Créativité + Exécution)

Et si cela fonctionne en entreprise, que dire de n’importe quelle organisation, mouvement, communauté ou pays ?

Notre éducation y est certainement pour beaucoup, notamment dans un système qui cherche à identifier et à ne célébrer que les « meilleurs » dans une échelle figée et si réductrice.
Seulement la compétition génère un engagement intense mais de courte durée, alors que la bienveillance engendre un engagement solide sur une longue période.

Et ça, ce sont justement les « vrais meilleurs » qui l’incarnent le mieux, car leur objectif commun est que chacun devienne meilleur qu’eux.

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Et, au fait, la bienveillance peut aussi commencer en cliquant sur le cœur vert, là, juste en dessous :-)

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Raphaël Thobie
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