Passons d’un écosystème de création à un écosystème de croissance

Asma El Guezouli
Engine
Published in
6 min readNov 13, 2018

Cet été, Engine a eu le plaisir d’accueillir Tom, un étudiant de 19 ans en bio-ingénieur à l’ULiège. Sa mission : réaliser une enquête de suivi des startups coachées par nos soins lors des 5 dernières années. Quelle fut sa démarche? Comment a-t-il procédé pour réaliser ce travail de fourmi? Quels ont été ses ressentis? Et surtout, quels sont les résultats?

L’expérience en back-stage

Plus qu’un job étudiant, cette expérience s’est révélée être un réel stage en entreprise, “tant l’expérience fut enrichissante aussi bien au point de vue professionnel qu’humain” partage Tom. “L’idée était de contacter des entrepreneurs ayant participé aux différents programmes proposés par Engine dans une démarche de suivi à long terme de l’évolution de leurs start-ups respectives. Voilà donc comment je me suis retrouvé à interroger plus d’une centaine d’entre eux par rapport à l’état d’avancement de leur projet, le nombre de collaborateurs constituant leur entreprise, le pourcentage de temps consacré à leur activité entrepreneuriale, leur siège social, et j’en passe. Il est de notoriété publique que le métier d’entrepreneur est une occupation à temps plein, et je ne vous cache pas qu’il fut parfois compliqué de parvenir à obtenir quelques secondes du précieux temps de mes interlocuteurs. Toutefois, l’immense majorité des personnes avec qui j’ai eu l’occasion d’échanger sur le sujet fit preuve de beaucoup de patience afin de m’aider dans la réalisation de mon projet. Au cours de ce qui fut pour moi un tout premier contact avec l’intriguant univers des start-ups, j’ai été très impressionné par l’énergie et la motivation déployées par tous ces jeunes acteurs de la scène entrepreneuriale wallonne afin de concrétiser leurs idées plus créatives les unes que les autres. Si bien que cela a fait germé dans mon esprit l’idée de me lancer un jour dans l’aventure!”

NEST’up, une institution dans le paysage wallon qui continue à faire des petits

Lancé en 2012, NEST’up était un accélérateur de projet, une fabrique d’entrepreneurs. Ce programme financé par la Région wallonne permettait à de jeunes créatifs et entrepreneurs de suivre une formation intense de trois mois pendant laquelle ils avaient l’occasion de faire grandir leur projet encadré par des professionnels et des personnes ayant acquis une expérience de taille dans le milieu.

8 éditions ont ponctué la belle histoire de NEST’up. Sur 52 projets accompagnées, 18 sont toujours en activités à divers degrés de développement: 13 projets se sont structurés en entreprises et 5 projets ont été rachetés (Famest, Betterstreet, Speaky, My Beer Box, Gemini). On compte actuellement 103 emplois générés dans les différentes entreprises, sans compter les entrepreneurs qui ont lancé un autre projet à la sortie de l’accélérateur.

Sortlist totalise à lui seul 37 emplois équivalent temps plein en Belgique, à Paris et à New York. Parmi les startups toujours en activité, la majorité centralise toutefois son business en Belgique. En effet, 24% d’entre elles réalisent plus de 50% de leurs chiffre d’affaires en dehors de nos frontières.

Le Startup Camp, quel impact?

Pour rappel, le Startup Camp visait un double objectif : contribuer à l’émergence d’entreprises innovantes et transmettre les outils et les méthodologies aux opérateurs économiques locaux tels que les Centres Européens d’Entreprises et d’Innovation, les Invests et les Hubs créatifs wallons afin de placer ces différents écosystèmes au coeur du dispositif de formation des startups.

2 éditions ont eu lieu durant l’année 2017. Engine a accompagné 71 startups, en étroite collaboration avec les écosystèmes locaux. Sur les 45 startups contactées, 28 d’entre elles sont encore en activité dont 16 en ont fait leur occupation principale. Au total, 38 emplois ont été générés via cet accompagnement. L’auto-financement représente la plus grosse partie de l’investissement dans les projets et 21% sont à la recherche d’investisseurs.

Par ailleurs, le Startup Camp a été l’occasion de réaliser des accélérateurs de startups dans les différentes villes de Wallonie et de développer leur approche vis-à-vis des startups.

Une startup prête à grandir…et après?

Le MVP Lab, c’est une semaine pour apprendre et tester si les futurs clients sont réellement intéressés par le produit/service imaginé. En s’appuyant sur les méthodes Lean Startup, le programme MVP LAB aide les porteurs de projet à construire une page web et une campagne de marketing digital leur permettant de tester si les clients sont intéressés par leur idée.

Au moment de l’enquête, 3 éditions du MVP Lab avaient pris place (4 aujourd’hui). Sur 21 startups accompagnées, 16 d’entre elles sont toujours en activité (Smartbeam, BeFoody, Little Morning, etc…) et sont à l’origine de 14 emplois équivalent temps plein.

Pour le Reaktor, la Wallonie voit grand …

… et accompagne désormais les startups dans leur croissance et leur levée de fonds ! Ce programme d’accélération intensif de plusieurs mois accompagne les startups ayant déjà réalisé une levée de fonds à atteindre la croissance et à se préparer à une levée de type série A.

La première édition du Reaktor a accompagné 8 startups : Amanote, Shippr, Digiteal, Utopix, Opinum, Preesale, MySkillCamp, Commuty. Les équipes les plus volumineuses se trouvent chez MySkillCamp et Opinum. En intégrant le programme, ces startups avaient déjà levé au total 6,2 millions d’euros. A l’issue des 4 mois d’accompagnement, 13% veulent lever plus de 2 millions d’euros. 25% ont pour objectif d’effectuer une levée de fonds entre 1 et 2 millions d’euros. La majorité (38%) vise comme objectif de lever entre 500k et 1 million d’euros. Enfin, le dernier quart (25%) a des besoins de lever des fonds inférieurs à 500k. Les startups du Reaktor totalisent en sortie du Reaktor 61 emplois, rendez-vous dans 2 ans pour observer l’évolution!

Malgré les nombreuses success story en Wallonie, la région n’est pas encore assez présente à l’international. L’écosystème wallon a beaucoup évolué : le nombre d’entrepreneurs a augmenté et les structures d’accompagnement également. C’est pourquoi Engine a fait le choix de s’enrichir progressivement son offre vis-à-vis des startups qui sont établies depuis quelques années et à qui un accompagnement de type scale-up peut bénéficier pour accélérer leur croissance tant au niveau national qu’international.

Un taux encore trop faible atteignent une croissance importante. Un nombre trop réduit est pour l’instant « scalable ». « Engine et l’ensemble des écosystèmes font face à un gros challenge : passer d’un système de création d’entreprises qui se sont développées durant les dernières années à un système de mise à l’échelle, un écosystème de croissance » constate David Valentiny, CEO d’Engine. Partir de cette constatation permet de constituer un plan de travail pour les années à venir.

La Wallonie ne doit pas oublier de coupler cela avec tout l’univers économique déjà en place pour être sûr de pouvoir bénéficier du tissu industriel existant et ainsi développer au mieux les startups de son territoire. A contrario, il est important de profiter de ces startups et leur mode de fonctionnement alternatif pour arriver à une innovation de rupture et ainsi rentrer dans un cercle vertueux au niveau du tissu économique.

En chiffres

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