Les différentes phases et formes de financement d’une startup

Benoit Lips
Engine
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7 min readDec 30, 2016

Ca y est ! Que ce soit encore un projet que vous travaillez « sur le côté », ou un projet qui vous occupe à temps-plein, vous avez décidé de vous lancer dans l’aventure « startup ». Reste plus qu’un petit détail : et l’argent ? Parce que, bien sûr, dans de nombreux cas, votre « startup » n’a pas encore de revenus, et par contre vous voyez déjà très bien toutes les dépenses que vous « avez à faire » …

A ce stade, je vous engage à lire l’excellent article de Sophie Malarme-Lecloux pour vous permettre de mieux comprendre à quoi doit servir cet argent et à quel moment le demander!

Bon évidemment, je ne peux que vous engager à faire en sorte de générer le plus rapidement possible des revenus, même minimes!

Mais, dans certains cas, il y a une phase importante de validation, de développement, de commercialisation qui fait que vos dépenses seront largement supérieures à vos revenus. Et dans ce cas, point de miracle, il faudra bien que l’argent que vous aller dépenser vienne de quelque part.

Le cas idéal : vous avez un peu d’économies et vos activités peuvent rapporter un peu d’argent rapidement. Vous pouvez alors envisager de financer votre démarrage en « bootstrapping », c’est à dire que vos ressources propres et celles générées par vos activités sont suffisantes que pour couvrir vos dépenses.

C’est le cas idéal parce que la validation du marché par l’existence de revenus est déjà acquise et vous gardez à ce stade le contrôle complet de votre projet. Bien sûr, vous grandissez probablement moins vite que si vous aviez une capacité financière plus importante, mais cela n’est pas nécessairement un désavantage. Vous pouvez toujours, après avoir validé et exploité au mieux vos ressources propres, passer à la vitesse supérieure en faisant rentrer des investisseurs extérieurs. Attention, Bootstrapper conjugue à la fois le développement sur vos finances propres mais surtout sur le développement de revenus.

Si vous ne faites que dépenser vos économies, sans revenu externe, ce n’est pas du bootstrapping !

Si vous n’avez pas d’économies personnelles et pas la capacité de générer suffisamment de revenus à court terme, alors vous allez dépendre de sources de financement extérieur : les FFF, les Business Angels, les Venture Capitalists, le Crowd, les Banques. Chacun de ces investisseurs a sa spécificité, quand à ses modalités d’intervention, ses attentes, son analyse du risque etc. Bien les connaître est essentiel !

De l’idée à l’introduction en bourse!

Les co-fondateurs ou personnes-clés amènent rarement de l’argent (mais cela peut intervenir au même titre que vous s’ils sont également à l’initiative du projet). Mais étant donné leur rôle important — et le fait que vous ne savez pas les rémunérer « à leur juste valeur » — il est fréquent qu’ils achètent ou reçoivent des actions de votre startup, à des conditions très préférentielles. Sachez faire la distinction entre « un bon employé » et un « bon associé ». Soyez généreux avec un associé, soyez précautionneux avec un employé (maximum ! quelques %).

Les FFF (Friends, Family and Fools pour Famille, Amis ou Fous) sont des gens très proches. Ils vont vous aider « parce que c’est vous » et ne comprennent éventuellement rien à votre projet. Ils savent — mais ne le disent pas — que leur argent est quasi perdu le jour ou ils vous le donnent. Au mieux, s’attendent-ils à être remboursés de leur mise, un jour. Ce sont habituellement les premiers à investir, parfois même lors de la création de l’entreprise. Par contre, leurs moyens sont limités et ils vous apporteront typiquement de 10.000 à 100.000 euros (maximum). Comme ils investissent très tôt, leur risque est très élevé et votre valorisation très basse. Typiquement, votre « valorisation » est de 250.000 euros. En échange de 25.000 euros, vous cédez alors 10% de vos actions.

Un conseil : respectez-les mais ne leur accordez pas de place au conseil d’administration!

En alternative (ou complément), plusieurs programmes de soutien à l’entrepreneuriat peuvent apporter un financement à ce stade, tel que les bourses de préactivité (voir impulse, aei), les subsides ou les bourses octroyées par certains programmes ou « concours » de startups.

D’autres structures privées ou publiques peuvent également intervenir à ce stade, comme le fond d’investissement numérique wallon (WING), les invest locaux (Meusinvest, NivelInvest, SambreInvest, …), souvent au travers de fonds dédiés au startup (leansquare ou digital attraxion, par exemple)

Si vous n’avez pas de FFF (ou pour compléter leur investissement), vous devrez aller « pitcher » votre dossier auprès de Business Angels

Les Business Angels sont des individus, ayant souvent réussi dans les affaires, qui investissent leur propre argent. S’ils peuvent être réunis en association (tels que Ban Vlanderen, Be Angels, Belcube, LeanFund), ils investissent souvent individuellement. Et l’argent investi provient de leur propre patrimoine.

Ils interviennent après les FFF, une fois que la structure est constituée et que vous avez validé les éléments clés de votre modèle d’affaires. Ensemble, ils vont investir entre 100.000 et 250.000 euros, en échange de 10 à 25% du capital.

Ils ont souvent un réseau intéressant de contacts de haut niveau, ont « roulé leur bosse » dans les affaires et auraient plutôt tendance à être de « l’ancienne économie » que de la nouvelle. On appelle souvent cela du « smart money », parce qu’en plus de vous soutenir financièrement, ils vous aideront de leur conseils (ou de leurs interventions). A vous de bien les choisir !

Certains fonds privés peuvent investir à ce stade (« early stage ») également, tel que the Faktory ou Leanfund.

Une fois les métriques clés de votre modèle d’affaire validé, vous pouvez commencer à intéresser les investisseurs plus institutionnels. On reste dans une zone de risque élevé (pour vous, tout est très clair, mais en pratique vous n’avez encore rien prouvé ;-).

Et ce ne sont pas des investisseurs aussi bienveillants que ne le sont les BA. Le capital risque (venture capital) est souvent organisé en société (un fond d’investissement), investissant de l’argent d’autrui.

On est déjà moins dans une relation de personne à personne mais beaucoup plus dans une relation « contractuelle ».

Eux sont-là pour le potentiel de votre activité. Au moment d’investir, ils calculent déjà le rendement qu’ils espèrent en sortir, le temps qu’ils vont rester investis (entre 3 et 5 ans). Ils vont donc juger du potentiel de votre business, de son marché, de votre capacité à conduire la croissance attendue.

Ils demandent systématiquement un ou plusieurs sièges au conseil d’administration et investissent de 100.000 euros à plusieurs millions d’euros. Typiquement 500.000 euros pour un premier investissement.

(Internet Attitude, Volta Ventures, …)

VC et BA investissent typiquement dans un horizon de 3 à 5 ans, ce qui veut dire qu’ils souhaitent récupérer leur mise (et plus value) dans un délai de 3 à 5 ans, rarement plus (pour autant que cela soit possible, bien sûr) !

Enfin, pour terminer ce rapide panorama, soyez conscient que :

  • Cela prend du temps et de l’énergie (et vous empêche de vous concentrer sur le développement de l’activité).
  • Au plus tard vous demandez de l’argent, au plus la valorisation est potentiellement élevée et vous amène à céder une partie plus limitée de votre capital.
  • Trop d’argent est aussi dangereux que pas assez d’argent.
  • « Lever de l’argent » n’est pas un objectif en soi. Cet argent doit vous permettre d’accélérer le développement de vos activités et d’atteindre des étapes clés (key milestones), à priori clairement indiqués et discutés avec les investisseurs.
  • C’est quand on n’a pas besoin d’argent, qu’on vous en propose ;-)

En savoir plus :

La section de startups.be dédiée au financement : https://startups.be/fundraising

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Benoit Lips
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Entrepreneur, Coach, Rêveur à ses heures perdues