Coopcycle, le Béru (Uber) de la livraison food

Usbek & Rica
Crowd
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3 min readJun 7, 2017

« Pédale ou crève » écrivait dans Le Monde Philippe Euzen, un journaliste qui s’est glissé pour les besoins de son enquête dans la peau d’un livreur Foodora. Et à le lire, les conditions ne sont pas jojo. Alexandre Segura, développeur, se fait Zorro anti-ubérisation : il lance Coopcycle, une plateforme open-source pour les coopératives de livreurs food.

Offrir une alternative à Foodora, Deliveroo & co aux livreurs à vélo, c’est l’ambition d’Alexandre Segura, développeur de profession. La programmation informatique à l’instar d’Obélix dans la marmite, il y est sûrement tombé quand il était petit. Quand on lui demande comment naît l’idée de Coopcycle, comme un développeur il répond : « Par curiosité. Je voulais comprendre comment fonctionnaient les plateformes d’intermédiation comme AirBnB ou Uber, taper dans le concret ». On est en plein dans ce que raconte dans Les Développeurs (éd. FYP) le chercheur Pâris Chrysos : « Le développeur n’est plus comme les artisans ou les ouvriers du temps passé. Il rêve, il invente, il construit des outils, des environnements, des services ou des modèles économiques. », explique-t-il au magazine de Ouishare.

Pour “s’amuser” donc, Alexandre est en train de mettre au point Coopcycle. Le premier déclencheur est sûrement Nuit Debout : « Ça m’a repolitisé et rappelé au cours de discussions autour du logiciel libre que mince, Internet à la base, c’est libertaire ». La graine est semée. Elle éclot quelques mois plus tard lorsqu’un des proches d’Alexandre est embauché comme livreur chez Take Eat Easy — et remercié lorsque l’entreprise met la clé sous la porte. Et laisse sur le carreau 3000 livreurs en Europe qui attendent toujours d’être payés. « Ça m’a interpellé ! Ces entreprises basées purement sur des plateformes vivent au-dessus de leurs moyens ». Il commence donc à s’interroger sur le sort des livreurs et croise la route de Jérôme Pimot, un livreur passé par la case Take Eat Easy et Deliveroo, qui « se bat aujourd’hui pour sensibiliser au salariat déguisé que sont ces missions de livraison ». A l’époque, Jérôme Pimot avait dans l’idée de créer une coopérative de livreurs de vélo « pour donner plus de pouvoir et un meilleur partage des bénéfices aux livreurs », raconte Alexandre.

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A la même époque il tombe dans The Guardian sur un article de Nathan Schneider préconisant de faire racheter Twitter par ses utilisateurs. « Et pourquoi pas ? C’est aux travailleurs des plateformes de décider des conditions de travail, de la tarification, et des horaires, sur un modèle démocratique et ouvert : ce modèle existe, c’est celui de la coopérative ». La coopérative, encore et toujours… L’idéal de Jérôme Pimot et de Nathan Schneider est peut-être bel et bien en train d’être rendu tangible par notre développeur. Concrètement, Coopcycle ressemblera à « une plateforme open-source de commande et de suivi de commandes réservée aux coopératives de livreurs de vélo ». A terme, Alexandre rêverait que Coopcycle devienne une coopérative de coopératives. Mais pour l’heure, il donne surtout de bons coups de pédale pour tester sa plateforme au plus vite. Et la direction que prend son « vélo » indique plutôt que ça passera en région. Affaire à suivre…

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