De la musique plein la tech
Tous les musiciens n’ont pas attendu l’explosion d’Internet, les Napster, AOL ou Spotify pour flirter avec la technologie. Le point commun entre les musiciens David Bowie, Richie Hawtin & Imogen Heap ? Un sens aigu de la tech !
Richie Hawtin, geek de naissance
A 47 ans, Richie Hawtin est une icône de la techno, mais il a aussi un redoutable flair… pour sentir l’avenir de son secteur, la musique. Normal, son père était électronicien et un fou de Kraftwerk ou Pink Floyd. Richie a ainsi veillé au berceau de logiciels qui se sont révélés très utiles pour le développement de son art de DJ : Final Scratch, un logiciel de mix virtuel a ainsi été mis au point par l’éditeur N2IT avec son aide; Twitter DJ, une application qui permet aux DJ de signaler le morceau qu’il joue sur Twitter, a aussi évolué sous son oeil avisé de musico. Et l’artiste sort assez régulièrement des tables de mixage très avancées technologiquement. Plus impressionnant est le flair qu’il aura lorsqu’il investit dans la plateforme Beatport. Ce site de vente en ligne de musique électronique dépasserait en nombre de téléchargements dans ce genre musical le géant Itunes.
Son dernier fait d’armes ? Son nouveau spectacle audiovisuel, Close, dévoilé au festival Coachella. Pendant son set, autour de lui et de ses machines gravitent des caméras un peu partout afin que le public puisse suivre le moindre de ses gestes.
Imogen Heap a la musique et la tech sur la peau
La chanteuse britannique Imogen Heap (ex-Frou-Frou), la musique, elle la sent… jusqu’au bout de ses doigts. En 2011, Imogen présente à la conférence TED les gants Mi.Mu — du nom des développeurs — qui permettent de jouer de la musique avec ses mains et ses avant-bras. Les gestes sont traduits en sons transférés par wifi à un logiciel de musique et modulent aussi la voix de l’interprète. Vous ne comprenez pas ? Cette vidéo de démonstration est parlante.
Mais depuis 2011, Imogen Heap n’en est pas restée là. Son nouveau dada ? La blockchain appliquée à la musique ! Avec sa startup Mycelia, la chanteuse compte répondre à la précarisation financière générée et imposée aux artistes par les plateformes de streaming musical : “C’est un bon système pour les 1 % qui ont le plus de succès, pas pour les musiciens “middle class” ou émergents (…). Avec la blockchain, c’est l’occasion de remettre les pendules à l’heure dans la musique”. Cette technologie permettrait d’automatiser des contrats — et leurs rémunérations — sans la nécessité d’un quelconque intermédiaire. Une manière plus qu’appropriée pour redonner la main aux musiciens !
Pour l’anecdote, en 2010 lors de la cérémonie annuelle des Grammy Awards, la jeune femme avait arboré une robe dont le col tout en LED laissait défiler les tweets adressés au compte Twitter de l’artiste. Loufoque !
David Bowie, l’homme qui venait du futur
Et peut-être le plus étonnant de tous, l’ami Ziggy Stardust, David Bowie qui fût un visionnaire quant à l’impact qu’aurait la tech sur l’industrie musicale. En 1998, alors qu’à peine 40% d’Américains avaient déjà goûté à Internet, Bowie lance son propre fournisseur d’accès internet, BowieNet, avec une touche de Youtube avant l’heure puisque l’artiste se met en scène dans des vidéos live et des interviews vidéo. Le chanteur y partage aussi quelques photos et billets d’humeur — Bowie, premier sur le blog ? Sur BowieNet, il s’essaie à la chanson collaborative via un concours et invite ses fans à co-écrire une chanson avec lui en lui envoyant des paroles. 80 000 d’entre eux cèdent à l’appel. L’heureux élu est un Américain d’une vingtaine d’années qui évoque dans ses paroles le piège d’une vie virtuelle sur Internet (oui, déjà en 1998). L’enregistrement de la chanson, What’s really happening, est projeté sur Internet en webcast à partir d’une caméra qui tourne à 360 degrés. A l’époque, c’est du jamais vu.
Mais Bowie ne s’arrête pas là dans son exploration des possibilités offertes par la technologie. Tremble Second Life, tu étais déjà has been, 5 années avant ta naissance ! « L’homme qui a vendu le monde » met en 1999 sur les Internets — toujours sur BowieNet — l’univers virtuel 3D BowieWorld. La plateforme figure une ville en 3D décorée de ses images préférées. Sous la forme d’un avatar, l’utilisateur y déambule et interagit avec d’autres Bowienautes.
On pourrait aussi vous parler de l’apparition de Bowie dans un jeu vidéo à la même époque, de son single disponible sur Internet uniquement, de sa webradio, de sa technologie de cryptage de musique et de vidéos ou de la conception de son concept-album Outside (1995) avec un logiciel Verbasizer que William Burroughs et sa méthode du cut-up n’aurait pas renié. Mais vous avez déjà compris que David Bowie, en plus d’être un artiste extraordinaire, était aussi visionnaire. En 2002, l’artiste déclarait déjà que « d’ici 10 ans, (…) la musique sera comme l’eau qui coule ou l’électricité ». Soit un flux ou ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de streaming…
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