« Je veux faire des films qui font rêver et réfléchir différemment…»

Usbek & Rica
Crowd
Published in
3 min readJun 27, 2017
Créer, vivre ensemble, une utopie en plein coeur de Paris, Les Grands Voisins © Bastien Simon

Deux ans durant, Bastien Simon, réalisateur, a posé sa caméra aux Grands Voisins, un village solidaire du XIVe arrondissement parisien et y a suivi la trajectoire de six résidents, artistes, “grands voisins”. Portrait de ce portraitiste.

Dans la vie, son truc à Bastien Simon, c’est le cinéma avec une touche de documentaire. Pour en faire son métier, Bastien prend le « parcours classique ». Il fait les Beaux-Arts de Metz qu’il complète par un séjour outre-Rhin et un master de communication. Son film de fin d’études Ceux qui marchent contre le vent s’intéresse aux sans-abris. Ses productions suivantes au mensonge politique, à l’urgence environnementale. On a compris, Bastien a un tropisme, celui de l’engagement : « Je veux faire des films qui font rêver et aussi réfléchir différemment comme le film Demain ». Au moment de se trouver un bureau ce n’est pas un hasard s’il s’installe aux Grands Voisins… Les Grands Voisins est un de ces lieux parisiens qui défendent et expérimentent une utopie sociale — comment vivre ensemble autrement. Cet ancien hôpital en plein cœur du XIVe arrondissement parisien est devenu ce qu’on appelle un projet d’occupation temporaire à caractère social. En tout ce sont près de 2000 personnes — anciens SDF, travailleurs immigrés, artisans, artistes, assos, PME, visiteurs — qui cohabitent au même endroit autour de projets solidaires, artistiques et entrepreneuriaux. L’association Aurore y héberge en urgence.

Un village dans la ville © Les Grands Voisins

Lorsque Bastien s’y installe, les Grands Voisins « était aux premiers frémissements. J’avais l’impression d’intégrer un village. On était 400 travailleurs, tout était encore à faire, et ensemble ». On est en octobre 2015, l’atmosphère à Paris pèse, les attentats surtout. Ce lieu, il le sent, tente de réinventer le collectif « par une société inédite ». Et de penser au philosophe allemand Ernst Bloch — « L’utopie agit dans l’histoire comme un « principe d’espérance ».

Mael, l’artiste franco-mauritanien sans papiers

Très vite il sort sa caméra pour documenter ce « principe d’espérance » : « C’est venu rapidement. Je ne savais pas ce que j’allais filmer, le scénario s’est écrit au fur et à mesure ». Près de deux ans durant, Bastien filme 6 « grands voisins », résidents, artistes comme directeur du site. « Chacun a un regard très personnel sur le projet. Mon fil rouge, c’est un peu Maël, un artiste franco-mauritianen qui aux Grands Voisins a créé la première galerie du lieu ».

Aujourd’hui pour finaliser son projet, Bastien Simon en appelle aux « dons citoyens ». Le crowdfunding lui paraît cohérent avec sa démarche — « il y a une patte do it yourself qui correspond à l’esprit du film » — et ça marche puisqu’il a déjà atteint son premier objectif de 12 000 euros (on peut l’aider à franchir son deuxième objectif ;-). « C’est un sujet qui parle aux gens, surtout après la cata de cette période électorale. Ce projet, c’est un documentaire « feel-good » qui donne de l’espoir ». Cet espoir, Bastien espère le faire tourner dans les festivals et sortir son film courant 2018 !

--

--