Kerviel aurait-il pu faire tomber LENDOPOLIS ?

Usbek & Rica
Crowd
Published in
3 min readNov 16, 2016

Les plateformes de crowdlending à la LENDOPOLIS pourraient-elles être la cible de vilains spéculateurs à la Kerviel ? Nous avons posé la question à trois professeurs de finance.

Le crowdlending, déclinaison du crowdfunding, possède-t-il un ADN suffisamment souple pour éviter de se faire mettre à bas par le premier « rogue trader » venu ? Ce système de financement des entreprises par la foule est-il prémuni par le fait que, justement, le crowder prêteur contourne la banque traditionnelle en aidant le crowder emprunteur ? Le crowdlending ouvre des perspectives plus que prometteuses (le marché a doublé en un an). Assez pour se prémunir des attaques à la Kerviel ? D’après les experts que nous avons interrogés, la conjonction d’une gestion du risque efficace, de la nécessité de transparence exigée par la foule et de la modestie — toute relative — de leur marché, seraient autant d’antidotes à la spéculation, au moins en France.

Le crowdlending, comme Petit Pimousse ? Petit mais costaud !

1 — Une gestion du risque terriblement efficace

« Ces plateformes retiennent très peu de dossiers. 95% de dossiers ne sont pas retenus. Et c’est efficace ! En crowdlending, on a encore constaté aucun sinistre sur les principales plateformes, jusqu’à maintenant. Si vous regardez les taux de défaut par rapport à ceux de l’ensemble des prêts toutes institutions financières confondues, c’est assez extraordinaire. Traditionnellement, on était à 1% en France. On est aujourd’hui à 4,5. Et en Italie, on est sûrement entre 15 et 16. Là, on a un filtre qui est beaucoup plus efficace que celui bancaire. » Alain Chevalier, professeur émérite de finance, ESCP Europe et co-auteur de « Le crowdfunding » paru aux éditions La Découverte.

2- La nécessité de transparence

« Le marché du crowdfunding est naissant. Chaque plateforme est en quête de légitimité pour assurer la viabilité de son modèle d’affaires. Elle n’acceptera pas de mettre en péril sa réputation sur le marché au risque de perdre la face auprès des investisseurs, des entrepreneurs et autres partenaires financiers. Le capital immatériel d’une plateforme est son réseau social ! Elle peut donc le perdre rapidement. Néanmoins, pour embellir leur image auprès des investisseurs, les plateformes peuvent être peu transparentes sur les sorties négatives. Sur ce point, rendre obligatoire le maintien sur les sites de la plateforme de l’historique de toutes les campagnes de crowdfunding et leur évolution depuis la création de la plateforme, peuvent être une solution. » Ali Dardour, professeur de finance entrepreneuriale, Kedge Business School (Bordeaux).

3 — Être un marché de niche, pour le moment, protège le crowdlending du spéculateur

« Les plateformes de crowdlending resteront de niche. Elles n’atteindront jamais la taille convoitée par la spéculation financière. Les marchés très liquides et aux échanges sur de gros volumes sont propices à la spéculation. Kerviel a pris des positions sur plusieurs milliards d’euros. Le rogue trader est attiré par les très grosses sommes. Les petits marchés ne sont pas intéressants pour leur spéculation. » Armin Schwienbacher, professeur de finance, Skema Business School (Lille).

Même le roi des rogue traders, Jérôme Kerviel ne s’y attaquerait pas. Il a ainsi participé en novembre 2015 aux deuxièmes rencontres du crowdfunding à Marseille. Et de confier dans une interview donnée à La Tribune : « Le financement participatif génère un intérêt positif. Ce système de dons avec retour attendu crée du lien social. Et de la richesse. (…) C’est un investissement direct dans un projet réel, ce qui est en contradiction avec le monde de la finance folle. »

Tout savoir sur le crowdlending, éviter les mauvaises surprises : rendez-vous sur lendopolis.com

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