La Petite Kabyle Sonia Amori rêve d’une Maison berbère

Usbek & Rica
Crowd
Published in
3 min readSep 8, 2017

Sonia Amori est comédienne. Au printemps dernier, elle lance une campagne de crowdfunding sur KissKissBankBank pour financer la première ligne de vêtements de la Petite Kabyle. Son rêve ? diffuser la culture, l’art et l’artisanat de son enfance dans une Maison berbère.

Sonia Amori est de culture berbère. Son pays natal, c’est l’Algérie — « l’odeur du figuier, ma madeleine de Proust ». Elle y a vécu huit ans avant de s’installer en France. « Du Maghreb et de sa culture, on ne connait pas grand-chose, le thé à la menthe, les djellabas, la plage alors que la culture est pluri-millénaire — elle a exactement 2767 années ». Cette culture — amazigh — est « métissée, elle est faite de tenues colorées, d’ornements qui mettent d’ailleurs vraiment en avant la féminité ». Elle a envie d’en parler. Passer les mots des autres, raconter des histoires, des voyages, Sonia a l’habitude : elle est comédienne. Comment en parler, transmettre cette culture qui rassemble « huit ethnies du Maghreb à la Mauritanie, en passant par le Mali jusqu’aux îles Canaries — les Berbères sont tenaces » ? Elle pense d’abord à l’art qu’elle pratique, écrire pour le théâtre, un film, une mini-série peut-être.

Et finalement, Sonia se lance dans une ligne de vêtements directement inspirée des habits berbères. « L’habit est un bon vecteur pour transmettre une culture, partager. Dans mon métier de comédienne je vois son impact dans la création d’un personnage ». Au printemps dernier, la comédienne lance une collecte sur KissKissBankBank à l’occasion de sa première collection de vêtements vegan aux motifs caractéristiques des habits kabyles. Suite à la collecte, elle organise avec Biocoop-Dada et la Maison de Crowdfunding un festival berbère… et vegan. « Pourquoi vegan ? Je voulais créer une entreprise éthique. L’industrie du textile est l’une des plus polluantes de la planète. Mais au-delà de l’exploitation animale, elle souffre aussi d’une exploitation des êtres humains. Vous saviez que l’espérance d’un tanneur ne dépasse pas les 50 ans à force de travailler avec des produits super toxiques pour rendre le cuir souple ? ».

Pour sa collection, Sonia s’est inspirée de la reine guerrière Kahina, sorte de “Jeanne d’Arc berbère”

Pour les collections suivantes, Sonia louche du côté des berbères du Rif marocain : « les Rifains tiennent une place importante dans l’histoire du Maroc et aussi de l’Espagne. Ils ont une mode très colorée ». Mais en vrai, elle ne se sent pas styliste — pour ses collections, elle travaille avec de jeunes stylistes — mais davantage « directrice artistique » de la Petite Kabyle. Son rêve ? Créer une Maison berbère, un concept-store autour de la culture et l’artisanat berbère. « Pour atteindre ce rêve, la première étape est ma marque de vêtements qui me permettent d’organiser tous les trois mois un festival vegan et berbère ». Mais la Petite Kabyle pourrait avoir d’autres aventures : le monde berbère ne se distingue pas dans les tissus, les couleurs, les motifs. Pour Sonia Amori, elle tient à quantité de madeleines de Proust, « l’argan, le rassul, la figue ». En attendant, pour découvrir l’univers de Sonia Amori et d’autres créateurs vegans et berbères, rendez-vous le 12 octobre prochain à la Maison de Crowdfunding à l’occasion du 2ème Festival vegan et berbère !

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