L’avenir de la banque se jouerait-il hors de… la banque ?

Usbek & Rica
Crowd
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3 min readSep 8, 2017
En Allemagne, mon commerçant est mon banquier

Et si le conseiller bancaire de demain était mon commerçant, mon mobile, mon pompiste ou mon buraliste ? Focus sur ces fintechs, industriels ou VTC qui squattent la ville et détournent la banque.

Début septembre, lit-on dans un article de Bloomberg, l’Uber de l’Asie du Sud-est, Grab a annoncé le lancement d’un service de paiement instantané en pair-à-pair entre utilisateurs de l’application, Grabpay. D’ici la fin de l’année, les utilisateurs de Grab pourront utiliser ces crédits dans plus de 1000 restaurants et commerces. Demain, Grab sera-t-il connu pour être un service de paiement électronique qui propose entre autres un service de VTC ? Certainement ! Au Money 2020 Europe 2016, évènement qui réunit tout le gratin fintech et bancaire à Copenhague, la présidente d’Alipay, Sabrina Peng, expliquait que chez Alipay n’est pas « un outil de paiement, mais de lifestyle ». Tout un programme !

Une tendance se confirme. La banque sort des agences bancaires et se fond ailleurs, dans la ville.

© Bangkok Post

Quand la banque passe à la caisse

©Deutscheskonto.org

En Allemagne s’installe peu à peu une pratique : les clients de la néobanque N26 dont le service reste exclusivement sur mobile déposent et retirent de l’argent dans 6 000… commerces partenaires. De son application le client de N26 créé un simple code-barres, le présente à la caisse d’un des commerces partenaires et reçoit ou dépose son argent. A titre de comparaison, la plus grosse banque allemande, la Deutsche Bank disposerait d’un peu moins de 1000 agences dans le pays. Et pourtant on vous avait raconté comment les Allemands prisent les espèces. N26 s’épargne, en plus, les frais liés à l’entretien d’un distributeur automatique.

En Afrique on compte désormais plus de comptes de paiement mobile que de comptes bancaires

©Afriquemidi

En Afrique, la banque a élu domicile depuis une bonne dizaine d’années dans les téléphones. L’Afrique compterait plus de comptes d’« argent mobile » que de comptes bancaires, révèle une étude de GSMA. L’essor du paiement mobile sur les téléphones cellulaires (pas besoin de smartphones) démarre en 2007 au Kenya lorsque l’opérateur téléphonique Safaricom introduit le service M-Pesa. Le principe est simple : le transfert d’argent de « compte » à compte se fait d’un SMS. Factures, règlements en magasin, remboursement à tel voisin, tout est à portée de téléphone. En 2016, 6 milliards de transactions de 30 millions de clients se sont réalisés sur M-Pesa. Orange s’est aussi embarqué sur ce marché et lance en 2008 Orange Money, un service de transfert d’argent similaire.

Les opérateurs télécom ne sont seuls à convoiter le gâteau : cet été, le pétrolier Total a investi avec Wordline, une filiale d’Atos, dans une fintech africaine, InTouch. La startup propose aux commerçants africains « Guichet unique », un terminal de paiement universel (espèces, CB, paiement électronique). Et le service est déjà opérationnel dans près de 200 stations-service et devrait bientôt se déployer dans 5000 points de vente.

Acheter de l’argent dans un bureau de tabac

En France Compte Nickel — dont l’acquisition par BNP Paribas vient d’être finalisée — installe le service bancaire dans les bureaux de tabac. Ouvrir un compte en 5 minutes à partir d’une pièce d’identité et d’un numéro de téléphone, déposer et retirer de l’argent s’y passent. Accessible chez 2500 buralistes, la néo-banque revendique aujourd’hui plus de 500 000 clients.

A quand le conseiller qui viendrait au bureau ? Attendez, ça existe déjà. C’est mon mobile.

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