Berlin, capitale de l’économie souterraine
La scène nocturne n’est pas le seul atout de la capitale allemande. Les hackerspaces, les brasseries et la Spree sont investis par les Berlinois qui en font des lieux de création et de réflexion du “vivre ensemble”. Crowd vous emmène faire un tour.
Il y a 3 milliards d’années, une station spatiale s’écrase sur Berlin
« Le mois dernier, un visiteur a résumé le lieu d’un ‘oh une université anarchiste !’. Ça me plaît bien ! », s’amuse e-punc, un des habitants du C-Base. Cette université anarchiste est un des plus vieux hackerspaces berlinois où cohabitent quelques 450 hackers, bricolos, nerds et fous de SF. Studio de radio ou de montage vidéo, bibliothèque constituée à « 50% de SF et à 50% de vieux livres de programmation », espace de menuiserie, d’électronique — on y croise même des machines à coudre — tout invite à la créativité. « Hacker, c’est jouer de manière créative avec la technique, pour améliorer ou détourner l’usage d’un objet ». Ici, pas besoin d’avoir un projet. « Il vient à toi. L’important est que tu aies envie d’aider ». Tout ça dans un décorum de station spatiale steampunk. « Personne ne nous croit mais ici s’est écrasée une station spatiale, il y a 3,5 milliards d’années ». En vrai, souffle à demi-mot e-punc, « ce discours, ça concourt à ce que les gens se sentent faire partie d’un groupe ». Station spatiale ou pas, le C-Base n’est rien d’autre qu’un lieu d’expérimentation sociale et culturelle. Et c’est déjà beaucoup !
C-Base, Rungerstr. 20, Berlin-Mitte
L’habitat du futur sent le houblon
A quelques encablures de la mairie de Neukölln prospéraient, il y a encore une dizaine d’années, 17 000 mètres carrés de brasserie Kindl. Une partie a depuis été rachetée par un couple d’investisseurs suisses et reconvertie en musée d’art contemporain. Le reste a été repris par la fondation Edith Maryon. Son motto ? « L’immobilier est un bien social ». L’organisme s’est illustré ces dernières années en rachetant de nombreux immeubles à Berlin, Halle et Leipzig pour les mettre à l’abri de la spéculation immobilière. Comment ? Notamment, en y installant des associations à impact social et solidaire et en y appliquant ce qu’on appelle le droit de superficie. L’asso Agora Rollberg est une d’entre elles. « Nous sommes presque dans un rapport de propriétaires alors que nous sommes une petite asso. Nous avons avec eux un bail de 99 ans : on ne peut vendre, eux non plus. En échange, on s’engage à construire, de manière sociale », explique Ilona, chef de projet à Agora Rollberg. Le lieu — une fabrique — fait pour l’instant office d’espace de réflexion et de coworking pour les entrepreneurs de l’économie circulaire. A terme, cet ancien entrepôt devrait devenir un centre dédié à l’économie circulaire et abriter un espace de travail, un fablab mais aussi des appartements. « L’idée est de réfléchir à l’habitat et la construction de demain, d’appliquer les principes de l’économie circulaire au bâtiment ». La suite fin 2018.
Agora Rollberg, Rollbergstraße 26, Berlin-Neukölln
Il était un petit navire
Après la station spatiale, l’entrepôt de bière, à défaut d’espace bon marché, quelques Berlinois se lancent à la conquête de l’eau pour y organiser des évènements culturels gratuits. L’idée ? Sur la Spree, point de loyer ! Retapons collectivement des bateaux, certains selon les principes de l’éco circulaire, donc à partir de matériel de récupération. Les bateaux devraient accueillir des concerts, des projections de film et autres manifestations culturelles. Les membres de Spree: publik — la communauté derrière cette vision — s’organisent aussi pour des opérations de nettoyage des eaux. Les navires Panther Ray, Anarche et Bootschaft sont sur le point de flotter toute la saison sur les eaux de la Spree. Ahoi !
L’intelligence collective s’épanouit aussi en France ! RDV sur KissKissBankbank pour découvrir quelques projets citoyens et collaboratifs !
