Portrait de créateur : Alexia Cassar, tatoueuse solidaire

Usbek & Rica
Crowd
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3 min readMay 10, 2017
© Christophe Carlier

Alexia Cassar est tatoueuse. Mais ce n’est pas son premier métier — elle était dans la recherche sur le cancer. Aujourd’hui, elle est la première Européenne à pratiquer le tatouage 3D de reconstruction mammaire pour les patientes du cancer du sein. Portrait.

Après 15 ans dans la recherche sur le cancer et en développement clinique, Alexia Cassar quitte les alcôves de l’hôpital pour se lancer dans le tatouage. Son rêve n’est pas que d’ordre artistique; « je souhaitais être plus proche des patients, les aider plus directement, explique-t-elle, mais il y a eu plusieurs déclencheurs ». Sa plus jeune fille est touchée à l’âge de 10 mois d’une leucémie. « Je voulais un métier qui ait encore plus de sens ». Passionnée de tatouage, elle se rend compte que le tatouage lui fait en ces temps difficiles l’effet d’une psychothérapie accélérée. « C’est presque comme un art-thérapie ». Et si cet art-thérapie pouvait être un réconfort pour les patientes du cancer du sein?

L’idée fait son chemin et se concrétise devant une vidéo. Celle de Vinnie Myers. Myers est un artiste tatoueur réputé quand il est approché par un chirurgien plasticien qui souhaite rendre un tatouage d’aréole et de mamelon le plus réaliste possible sur une masectomie. L’artiste s’y intéresse et développe une technique de tatouage 3D très réaliste — du trompe-l’oeil — du téton. Myers en fait sa spécialité et accueille plus de 5000 femmes entre ses aiguilles. Alexia Cassar entend faire la même chose en France (elle est la première Européenne à pratiquer cette technique). Elle quitte son job de responsable médicale, fait un premier apprentissage auprès de son tatoueur à Louvres dans le 95, avant de partir à San Antonio aux Etats-Unis en stage de tatouage 3D auprès de l‘artiste canadienne Stacie-Rae Weir.

Aujourd’hui, Alexia reçoit une fois par semaine dans un centre médical à Louvres dans le Val d’Oise et travaille avec des chirurgiens de la clinique Gustave Roussy — centre de lutte contre le cancer à Villejuif. « C’est plus qu’un simple tatouage. A chaque peau, chaque cicatrice, son cas de figure ». Un tel tatouage dure 4h : « Il faut prendre son temps. On aide les patientes à tourner la page, à accepter l’inacceptable. On les aide à se reconstruire physiquement et émotionnellement. » Pour ouvrir cet été son propre salon de reconstruction du sein par le tatouage, Alexia collecte en ce moment même la somme de 30 000 euros. “Je n’ai même pas essayé les méthodes de financement classique et ce n’est pas plus mal. Outre le soutien fou de mes patientes et de blogueuses du cancer qui se sont mobilisées, le crowdfunding — et je ne m’y attendais pas — pousse vraiment à parler de son initiative. Et ça fait du bien”.

Allez, on aide Alexia Cassar ? The Tétons Tattoo Project est en cours de collecte sur Kisskissbankbank.

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