Portrait de créateur : Charlotte Husson combat le cancer par le bien-être

Usbek & Rica
Crowd
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3 min readFeb 17, 2017
© Edouard Nguyen

Des box pour lutter contre le cancer, par le bien-être et le soin, c’est l’idée de Charlotte Husson, fondatrice de The Fighting Kit. Parcours d’une battante.

« Longtemps, je me suis racontée que j’étais une bonne exécutante. » Charlotte Husson est styliste de formation et est aujourd’hui entrepreneur. Pendant quelques années, elle travaille auprès de designers de mode avant d’être recrutée par Sézane. La maladie l’arrête : un cancer des ovaires. Elle a 27 ans. 18 mois plus tard, en rémission, Charlotte lance son blog Mister K’s Fighting Kit. « C’était important pour moi de raconter ce que j’avais traversé, mais sans entrer dans le pathos. » Elle mise sur les astuces. « On sait tous combien le cancer est horrible. Je voulais donner des conseils sur ce qu’il faut faire pour se sentir jolie, rester belle et digne, pour mieux affronter la maladie. » Et c’est en écrivant qu’elle se rend compte combien « il y avait un manque d’infos assez généralisé pour le bien-être autour du cancer. » Elle créé alors l’avatar du blog : des box.

© Edouard Nguyen

« Les box, c’est sympa, c’est joli et ça ne fait pas penser à la maladie. » Elle créé des boîtes à thèmes « cheveux et sourcils », « pieds et mains » ou « visage et corps » entre 50 et 60 euros. Elle y regroupe les produits qui l’ont aidée pendant son traitement. Si on parle beaucoup de la perte de cheveux pendant un cancer, on évoque, par exemple, peu la chute d’ongles. Pour prévenir une perte définitive, il faut un vernis spécial, à base de silicium et foncé, explique-t-elle. La couleur protège l’ongle en ne laissant pas passer les rayons UV. Ses box comprennent aussi bien ce type de soins que de « jolis turbans » ou des conseils. Pour s’assurer que le coût de la box reste raisonnable, Charlotte a noué des partenariats avec les marques concernées — de cosmétiques comme la Roche Posay ou de soins comme L’Atelier du Sourcil. « Je voulais apporter de l’utile et du beau, créer du lien, briser l’isolement dans ce boulevard de produits contre le cancer qui était jusqu’à présent, plutôt glauque ». Et son exemple fait des émules : ses amies Judith et Juliette de la startup Meme se sont lancées dans les cosmétiques pensés pour les malades du cancer.

Edouard Nguyen

Pour lancer ses box, Charlotte a recours au crowdfunding en janvier 2016. Un peu par hasard, d’ailleurs. « Initialement, je pensais qu’une fondation financerait mon lancement. » Malentendu : cette fondation avait dans l’idée de lui acheter des box. « Comme je suis optimiste, j’avais déjà lancé toute la production. » Elle ne sait comment trouver l’argent, d’autant que quand on a subi un cancer, les prêts sont accordés à des taux prohibitifs. Un proche lui suggère d’avoir recours à KissKissBankBank. « Une campagne, c’est super excitant, c’est beaucoup de stress, mais c’est aussi une manière de valider ton idée et surtout, de créer du lien ». En 45 jours, elle collecte près de 40 000 euros, soit 140 % de son objectif initial. Depuis, la miss a lancé une gamme de t-shirts et de bracelets dont les bénéfices sont reversés à la recherche contre le cancer. Et fonce. « Quand on a connu le cancer, on n’a plus peur de grand chose. Le pire qu’on risque, c’est de se planter. Si ça capote, pas grave, tu recommences. »

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