Portrait de créateur : il crée une maison de retraite pour les poules

Usbek & Rica
Crowd
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3 min readMay 23, 2017

L’espérance de vie d’une poule pondeuse ? 6 ans. Dans les faits, elle ne survit pas au cap des 18 mois. Jugée “moins productive”, elle passe à l’abattoir. Trois entrepreneurs ont imaginé une maison de retraite pour ces poules : Poulehouse !

Dans une autre vie Fabien Sauleman était davantage un rat des villes — des livres — qu’un rat des champs : en 2011 il fonde Youboox, une bibliothèque… en ligne et aspire à en faire le Spotify du livre. 5 ans plus tard l’entrepreneur ajoute le militantisme à son arc — « je voulais avoir un business et être militant, faire sens » — et cofonde en novembre 2016 Poulehouse. Son idée ? Financer la fin de vie des poules et monter un refuge pour les poules réformées. Farfelu ? Non, nécessaire. Si on est nombreux à choisir nos œufs en fonction du type d’élevage des poules (si élevées en batterie ou en plein air), on ne se doute pas qu’elles sont toutes condamnées au même destin : l’abattoir au bout de 18 mois (en dépit d’une espérance de vie de 6 ans). Au total 100 millions de poules et de poussins seraient tués chaque année. « La seule raison invoquée est qu’elles sont moins productives. Le but est d’en remettre de nouvelles qui auront un bon rythme de ponte », s’indigne Fabien Sauleman, cofondateur de Poulehouse.

100 millions de poules et de poussins seraient “réformés” (tués) chaque année

« Et ça, qu’elles soient en ferme bio ou pas »; à l’abattoir la chair y est transformée en farine animale pour nourrir la composition de plats préparés ou servir d’alimentation animale. Dès la naissance, la poule passe une première sélection : point de salut pour le poussin mâle. Pour éviter qu’elles se piquent entre elles, les becs sont coupés. Pour contrer ces principes, Poulehouse entend travailler avec ses naisseurs et éleveurs partenaires selon une charte — plus de coupe de bec & de sélection à la naissance. L’association aimerait appliquer le sexage in ovo, « à savoir qu’on pourrait déterminer dans l’œuf le sexe du poussin ». Et donc éviter le massacre de poussins mâles.

Une poule à la retraite

Avec ses associés Sébastien Neusch et Élodie Pellegrin, Fabien a calculé que pour subventionner cette façon de faire et le coût d’une retraite des poules, il faudrait vendre un euro l’œuf. « En faisant des tests, on a constaté qu’une partie de la population serait prête à payer plus cher un œuf si elle a la garantie que la vie de la poule reste préservée ». C’est aussi une manière de « repenser la consommation des œufs. On fera peut-être plus attention si ça a un coût ». Pour les éleveurs, ce calcul assure d’être payé correctement. Pour l’instant le trio s’est allié avec un éleveur bio qui enverra ses premières poules à la retraite en février 2018. En automne prochain Poulehouse ouvrira les portes de sa première Maison des poules : « Ce sera un endroit pour accueillir les poules réformées mais aussi un lieu pédagogique autour de la poule ». Une fois à la retraite les poules de l’éleveur partenaire y trouveront un refuge. Elles continueront à pondre, mais sans pression. OKLM.

Poulehouse a collecté en avril dernier plus de 25 000 euros sur KissKissBankBank. Si vous avez un projet à financer, rendez-vous à la « maison de créativité », KissKissBankBank & co !

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