Pourquoi Loos-en-Gohelle est la ville du futur ?
La ville du futur sera participative et écolo ou ne sera pas. Enfin si, elle existe déjà, à moins de 20 minutes de la ville d’Hénin-Beaumont… A Loos-en-Gohelle !
Avec Loos-en-Gohelle, on est loin de la ville intelligente — la smart city toute technologique, décrétée en haut et imposée en bas. En deux décennies, la municipalité a fait de son territoire un modèle de démocratie participative — qui fonctionne — et un exemple écologique. Ce n’est sûrement pas un hasard si la ville avait été désignée pour accueillir lors de la COP21 une délégation de 1000 personnes dont le président Hollande et le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker mais suite aux attentats du 13 novembre, la visite a été annulée. Et pour cause, Loos-en-Gohelle a été déclarée en 2014 par l’ADEME (Agence de de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) démonstrateur de la conduite du changement vers une ville durable.
Mais avant de devenir un modèle de ville résiliente, Loos-en-Gohelle revient de très loin. La ville a un lourd passé de cité minière. Lourd écologiquement — mines obligent, le sol de la commune s’est abaissé de 15 mètres, les cours d’eau inversés, puis taris. Et lourd économiquement — en 2013 le taux de chômage s’éleve à près de 18%. C’est vers la fin des années 90 que la municipalité s’interroge et amorce le changement.
Un modèle de développement durable
Aujourd’hui, Loos produit en photovoltaïque 177 000 kWh/an, soit la consommation annuelle de 69 ménages — 50% sont produits par les habitants. La toiture de l’église de Loos a été rénovée avec des panneaux solaires qui rapportent 5000 euros par an à la Ville. Une démarche énergétique qui s’étend jusqu’aux rues : elle a réduit 20% de sa consommation électrique grâce à la modernisation de l’éclairage public mais aussi l’utilisation d’horloges astronomiques ! En outre, une flotte des véhicules de la ville carbure au gaz naturel. A la cantine on mange entièrement bio. Dans les foyers, le mouvement fait aussi peu à peu son nid : une trentaine de foyers loossois se sont ainsi équipés de panneaux solaires, leur assurant une autosuffisance électrique.
“De consommateur, le citoyen devient coproducteur”
Une démocratie participative
Mais une ville durable n’est rien sans la participation de ses citoyens. La municipalité de Loos a instauré en une petite quinzaine d’années une véritable démocratie participative en considérant l’habitant comme le plus à même de connaître les besoins de sa ville. De consommateur, le citoyen devient coproducteur. Concrètement, cette démarche se traduit par ce que le maire Jean-François Caron appelle le « fifty-fifty » : depuis 2010, tout groupe d’habitants qui porte un projet d’amélioration de la ville est soutenu techniquement et financièrement par la municipalité. Par exemple des voisins souhaitent fleurir leur quartier; la commune fournira le matériel nécessaire, les citoyens l’entretien. Un jeune souhaite passer son permis de conduire; la commune peut le financer en partie en échange de travaux d’intérêt général. Quand les agriculteurs ont souhaité que les chemins agricoles soient refait, la Ville a financé, les agriculteurs ont réalisé. Au lieu de coûter 100 000 euros à la municipalité, le chantier s’est élevé à 30 000 euros. Aujourd’hui, Loos essaie de faire de son expérience un modèle open-source à destination des autres villes.
Quand l’expression « vivre ensemble » prend tout son sens…
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