« Si chacun passait deux heures à cultiver son potager, ça changerait le monde »

Usbek & Rica
Crowd
Published in
4 min readMar 6, 2017

L’avenir de l’agriculture serait-il dans les villes ? C’est la question que la Maison de Crowdfunding s’est posée avec Usbek & Rica le 23 février 2017.

800 millions de personnes pratiquent l’agriculture urbaine à travers le monde. La Mairie de Paris a promis de sanctuariser 33 hectares de terrain en sa faveur. Rien que sur l’année 2016, 400 projets agricoles et alimentaires ont été financés sur KissKissBankBank. « L’agriculture urbaine a passé le cap du mouvement alternatif mignon pour s’imposer comme un vrai mouvement citoyen », introduit Blaise Mao, rédacteur en chef du magazine Usbek & Rica. La Maison de Crowdfunding s’est associée au magazine pour organiser une table-ronde sur le phénomène, le 23 février dernier.

Au casting de la table-ronde :

Sophie Jankowski, membre du collectif Facteur Graine, créé lors de l’appel à projets Parisculteurs. Ce collectif composé de postiers végétalise un toit appartenant à la Poste, à Paris, dans le XVIIIe.

François Devilliers, coordinateur du réseau producteurs de La Ruche qui dit Oui. La Ruche qui dit Oui met en relation producteurs locaux et consommateurs.

Romain Béhaghel, co-fondateur de la startup Prêt à Pousser. Prêt à Pousser a développé des kits de champignons et d’aromates qui se cultivent à domicile.

Nicolas Voisin, co-fondateur du collectif Mainstenant. Le collectif né de Nuit Debout réhabilite des lieux abandonnés en en faisant des éco-villages, éco-lieux et crèches agricoles.

Swen Déral, co-président de La Sauge. La Sauge est une asso qui entend raviver la fibre agricole présente en chacun.

« Oui, mais j’ai pas la main verte »

L’intérêt pour l’agriculture urbaine décolle, mais pour faire réussir la transition agro-écologique en France, à savoir vers une agriculture durable, Swen Déral (La Sauge) estime qu’il faudrait que 10% de la population active se saisisse de râteaux et de pelles pour jardiner. Un élan ralenti par une croyance, selon lui et Sophie Jankowski (Facteur Graine), erronée : « Souvent, on se heurte à un ‘oui mais j’ai pas la main verte’… mais c’est un savoir qui est en nous », martèlent-t-ils tous peu ou prou. Et Swen de comparer ça au foot : « La première fois que tu tapes dans un ballon, tu ne tires pas tout de suite droit, mais ça vient. C’est naturel. »

Le savoir-vert

Dans cette démarche de verdir sa main, ses balcons, ses toits, il y a aussi une dimension de se réapproprier ce qu’on mange, mais aussi de savoir le faire. « Chez Mains-tenant, on avait envie de s’émanciper par des savoirs simples, un certain retour à la terre et aussi le partage », explique Nicolas Voisin. Un savoir qui aide aussi à mieux consommer, pointe François Devilliers de La Ruche qui dit Oui : « Il y a une vraie curiosité des gens de savoir ce qu’ils achètent et d’où ça vient. L’agriculture urbaine, ça arme le consommateur ». La recherche d’un savoir-faire (vert), c’est aussi ce que recherchent les clients de Romain Béhaghel, patron de la startup Prêt-à-Pousser. Au départ, il proposait à ses clients un dispositif en kit contenant le nécessaire pour une pousse quasi automatique de champignons. « Mais on remarque que les gens veulent participer au produit. Ils ne veulent plus que ce soit automatique ».

Passer des pelles à son voisin

Et c’est peut-être en groupe que la main verte est la plus efficace. Sophie Jankowski est directrice d’un bureau de poste parisien. Avec ses collègues postiers, elle répond en 2015 à l’appel à projets Parisculteurs organisé par la Mairie de Paris. Le principe : installer des cultures sur des toits — bâtiments publics, écoles ou entreprises privées. Le collectif Facteur Graine est monté. La végétalisation d’un toit appartenant à la Poste dans le XVIIIe arrondissement devrait produire dès la deuxième année 1 530 kg de fruits et légumes et 300 pots de 250 ml de miel par an. De son côté, La SAUGE organise les 18 et 19 mars 2017 les 48h de l’agriculture urbaine, espèce de Fête de la Musique version agricole, où « chacun sort son râteau et ses graines dans un élan de revégétalisation des espaces urbains ». Et si on en croit l’un de ses fondateurs, Swen Déral, « si chacun passait deux heures à cultiver son potager, ça changerait le monde ». Et la ville, aussi. « Il y a une urgence à nourrir les villes », rappelle Nicolas Voisin. En 2050, nous serons trois milliards de plus sur la planète et 80% de la population mondiale vivra en ville. Il est sûrement temps que l’agriculture urbaine mûrisse…

Les mains vertes se font financer sur KissKissBankBank !

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