“Créativité éditoriale” #4

Sébastien Bailly
Créativité éditoriale
4 min readDec 1, 2017

Cinq pistes pour alimenter votre créativité. Cinq idées, cinq sources de réflexion. C’est la quatrième fois, et l’on parle des mots interdits,de Star Wars, d’Instagram, de Twitter et de Youtube.

Abonnez-vous par email

1- Ces mots qu’on nous enlève

Disons-le, je n’aime pas ça, mais ce sont trois exemples de créativité éditoriale qui visent à enlever le choix des mots aux autres. Trois initiatives qui n’ont rien à voir mais qui pourraient, malheureusement, donner des idées : et si vous vous appropriiez des mots ? Privatiser, interdire, aller jusqu’à modifier la façon qu’ont les autres de s’exprimer.

  • Sur Facebook, plus question d’utiliser bisou, félicitations ou génial sans provoquer une animation ridicule. Le mot ne se suffirait pas à lui-même ? On le surligne de confettis virevoltants, de petits cœurs niais… Il ne m’appartient plus. Je ne peux plus y glisser l’ironie qui parfois lui irait si bien. La team premier degré a remporté une bataille.
  • Ailleurs, on découvre dans un projet de loi qu’on n’a plus le droit d’utiliser olympique. Réservé au comité d’organisation des jeux du même nom. Une forme olympique ? Fini. Une forme paralympique, également, notez. Joli souci d’égalité. C’est là, dès l’article 2.
  • Finis les nègres. J’ai donné dans l’activité pourtant, écrire un livre pour un autre, s’engager à ne jamais revendiquer la paternité de ce qui est écrit. On dit maintenant “prête-plume”. Les nègres d’Alexandre Dumas, c’était rigolo, pourtant… Lire à ce sujet le beau billet de blog de François Bon. Et réécouter “Mon truc à plumes”, de Zizi Jeanmaire :

“Mon truc en plumes
C’est très malin
Rien dans les mains
Tout dans l’coup d’reins.”
Ben bravo.

2- Une belle histoire sur Instagram

Sur Instagram, les histoires se racontent en images. Entre BD et roman photo, tout est possible. Benjamin Hoguet publie un très intéressant compte-rendu surle feuilleton Été, coproduit par ARTE France et Bigger Than Fiction, et diffusé quotidiennement sur Instagram en juillet et août 2017. Une belle opération : plus de 78 000 abonnés en deux mois et un total de 3,8 millions de vues. Un très joli travail, et un scénario dès plus originaux. Une utilisation maline des fonctionnalités d’Instagram. Si on lit l’histoire au fil de sa publication, elle se déroule dans un sens, mais si l’on lit maintenant, on lit en remontant le fil : et l’histoire est bien différente. Benjamin Hoguet vous dit tout ici. C’est passionnant.

3- Star Wars, Star Wars

Donc, Star Wars. La guerre des étoiles, quoi. Et l’occasion de mettre en avant un article qui a fait plus de 100 000 vues, et a même bénéficié d’un passage dans Le Petit Journal de Yann Barthès. Un article de Christophe Bourdon paru sur le site web de la RTBF (où je suis allé donner quelques formations en novembre). Un article qui a à voir avec le goût des Belges pour l’absurde, puisqu’il est constitué presque uniquement des mots “Star” et “Wars”. Une façon de souligner que l’on en fait tout de même un peu beaucoup sur le sujet dans les médias. Et cette idée osée a donc marché. Osons. C’était en décembre 2015, mais l’on pourrait publier la même chose en décembre 2017, non ?

4- Une fiction sur Twitter

3emeDroite est un récit d’horreur composé uniquement avec… des tweets. Il a été repéré par Marie-Amélie Putallaz qui lui consacre un article. Et elle n’est pas la seule : le compte @3emedroite est suivi par plus de 52 000 personnes. L’auteur, François Descraques, se sert des outils fournis par Twitter pour organiser et enrichir sa narration. La gestion en chapitres depuis la page du compte est particulièrement maline. Créatif, et furieusement prenant.

5- Mais c’est quoi un Youtubeur ?

Un Youtubeur serait quelqu’un qui anime une chaîne sur Youtube, et qui en vivrait. Définition un peu courte. Le Youtubeur se reconnait aussi par une façon d’utiliser Youtube, une façon de s’y mettre en scène, une façon d’habiller ses vidéos. Des signes de reconnaissances éditoriaux sur lesquels s’est penché Marc Jahjah, maître de conférences à l’Université de Nantes, “Être youtubeur ne signifie donc pas seulement « poster des vidéos sur YouTube », mais également en adopter les codes (de présentation, d’expression,…) qui permettent « d’en être »”, démontre-t-il.

Autopromo

Vous avez des amis ? Faites les profiter de cette lettre d’information en leur transférant ce mail. Et faites leur découvrir les anciens numéros ici.

Posté sur mon blog un petit exercice de créativité stylistique. Si vous n’avez pas joué, il est encore temps.

En décembre, on me verra à Rennes et à Caen, chez France Bleu, animant des formations : Culture web et Contribution au site internet sont au programme. Je donnerai également mes premiers cours de techniques rédactionnelles à l’Institut du Développement Social Normandie, en Master II. Et un petit tour est prévu chez Condé Nast, l’éditeur de Vogue et de The New Yorker, pour une formation à la culture numérique.

Vous avez une stratégie éditoriale à mettre en place, des textes à écrire, une formation à planifier ? Parlons-en !

Abonnez-vous par email

--

--