2035 : les commerces ont un air de village connecté

Curiosity is Key(s)
Curiosity is Key(s)
5 min readJun 8, 2022

Immersion dans la vie d’un lillois de 2035 pour imaginer le futur de l’immobilier commercial 🛒

Excepté, peut-être, dans quelques hameaux de campagne très éloignés d’une ville, plus aucun commerce ne se passe d’une présence sur les interfaces digitales. Parallèlement, de moins en moins survivent sans être incarnés physiquement par un guichet, un corner ou un magasin, temporaire ou non. En 2035, les commerces sont phygitaux. Et leur rôle, comme leur proposition de valeur, ont eux aussi achevé de s’hybrider. Ils sont autant pratiques que ludiques, vendeurs que partageurs, uniques que diversifiés, innovants que transparents, aussi propices à l’achat d’urgence qu’à la flânerie. Bienvenus dans notre proche futur.

A Lille, Enzo a emménagé depuis quatre ans dans le quartier entièrement rénové de Fives Cail. Là où jadis les révolutions industrielles des 19e et 20e siècles laissèrent place à des friches, habitat, espaces verts, commerces, loisirs et bureaux s’entremêlent aujourd’hui pour donner à vivre l’urbanisme d’un 21e siècle à son tour révolutionné. Ce quartier, il ne le quitterait pour rien au monde tant il comble ses attentes de bien-être, de convivialité et d’accessibilité.

Projet de rénovation de la halle G1 de l’ancienne usine Fives Cail à Lille (source : Keys REIM / VDDC)

Régulièrement, chaque semaine, il gagne, à 8 minutes à pied et 2 minutes de trottinette électrique de sa résidence de coliving, le site des anciennes halles réaménagées, pour faire ses courses, récupérer son panier de fruits et légumes frais, suivre son cours de yoga, assister aux ateliers DIY proposés par les commerçants ou tout simplement déguster avec ses voisins et amis une bière bien fraiche brassée sur place.

Sur cette portion de territoire renaissante, des milliers de mètres carrés longtemps laissés à l’abandon ont en effet vu s’ériger et s’incarner des aménagements urbains totalement renouvelés. Les commerces en particulier. Ils vendent toujours une marque de vêtements, de l’électroménager, des vélos et autres cycles ou produits alimentaires. Mais, pris individuellement, ils offrent tous à Enzo des relais à l’image du consommateur qu’il est : connecté et responsable.

Authentiques et accessibles

Comme des enseignes de renom l’avaient anticipé 5, 10 ou 15 ans plus tôt, chaque surface commerciale, de 50 ou 500 m², s’appuie sur une identité architecturale et/ou un décor qui donne envie de s’y rendre, et permet de vivre autre chose qu’une simple expérience d’achat. Enzo ne se lasse pas d’admirer la devanture de l’épicier, herboriste et fromager dont le bois mêlé à la brique rouge et aux immenses baies vitrées reflètent suivant l’heure de la journée, la météo ou la saison, des couleurs et formes toujours différentes tel un tableau vivant.

Il aime aussi se réfugier dans l’un des sièges-bulles mis à disposition par le disquaire et libraire, pour lire quelques pages ou s’évader au moyen d’un casque VR dans un univers imaginaire et musical mis en scène par une nouvelle génération d’artistes très inspirés.

Et il aime passer des heures à regarder les apprentis mécanos bricoler leurs deux-roues, depuis l’arrière-cours aménagée en bar à jus et salon de thé du magasin où il a lui-même acheté sa trottinette et son équipement.

Chaque samedi ou presque, il vient donc ici aux heures d’atelier réparation, récupération ou fabrication pour partager quelques-unes de ses astuces, demander conseil, ou tout simplement profiter d’une ambiance décontractée, un tournevis dans une main et un cocktail de carotte-cranberry dans l’autre ! Il y retrouve régulièrement Madison, sa voisine et amie, qui vient s’y rafraichir et s’y détendre après avoir arpenté chaque allée des magasins du quartier en quête de vêtements, de meubles et d’accessoires de deuxième ou troisième main de style années 1960, une époque qui l’enchante (l’obsède même ! , chuchoterait Enzo.).

200 mètres plus loin se trouve le supermarché dans lequel il s’approvisionne chaque semaine. Le plus souvent, comme au café-caviste de la place, il commande via l’appli ce dont il a besoin, et passe en coup de vent les récupérer : le matin en partant au boulot, ou le soir, en rentrant d’un rendez-vous ou d’une soirée passée dans un autre quartier de la métropole. Il ne manque donc jamais de rien.

Mais, à l’occasion, il met aussi la main à la pâte. Passionné de jeux de société, c’est avec plaisir qu’il anime chaque premier vendredi du mois une soirée quizz ou un tournoi de Code Names dans la grande salle, spécialement réaménagée, du café-caviste de la place.

Conseiller indépendant en stratégie RSE et influenceur pour divers acteurs de l’agriculture biologique, il s’investit également dans son supermarché, en lien avec le producteur de légumes et herbes local, pour partager des recettes anti-gaspi ou participer à des débats sur la permaculture ou les manières de cultiver une terre vivante.

Projet de réaménagement de l’ancienne usine Fives Cail par la Métropole européenne de Lille (source : La Voix du Nord, 2019)

Des lieux qui font envie

Les commerces de son quartier, il les aime parce qu’ils sont accessibles, parce qu’ils sont connectés et permettent en quelques clics de combler ses besoins ou ses petits plaisirs, mais aussi parce qu’ils sont vecteurs de rencontres, de partage, de vie tout simplement. Ils incarnent en tous points ce que la théorie marketing a conceptualisé il y a 20 ans sous le terme d’omnicanal.

Il y a à la fois la possibilité de consommer et celle de se divertir, d’apprendre et de se détendre. Et plus que tout il y a la sensation d’être un acteur de sa consommation, de son quartier et, plus généralement, de la société.

Finalement ces commerces participent à donner de la valeur au quartier dans lequel Enzo vit et ne fait pas que résider. Parce qu’ils sont, à l’image des places de village depuis la nuit des temps, des matières vivantes. Les commerces abandonnent peu à peu les modèles qu’avait vu s’imposer l’ère de la très grande distribution, de la fast fashion et de l’hyper-consommation de masse pour des projets sur-mesure, singuliers mais aussi poreux entre eux.

Bien sûr, on y vend et on y achète toujours. Mais ils reflètent l’évolution plus responsable et ludique des modes de consommation. Et si, individuellement, ils semblent à première vue offrir des perspectives de rentabilité immobilière moindre que les enseignes retail au design et à l’économie « alignés », non différenciés en fonction des villes et rues dans lesquelles elles s’installent, ils participent très clairement à l’animation et à une valorisation de l’ensemble du quartier.

D’ailleurs, à Fives Cail, où Enzo a élu résidence il y a quatre ans, résidents et travailleurs ont depuis été multipliés par trois. Et, les conclusions du dernier sondage de quartier effectué via l’appli locale sont dithyrambiques : 92% lui donnent une note de 10/10 pour ses services de proximité, son animation et sa qualité de vie.

--

--

Curiosity is Key(s)
Curiosity is Key(s)

Who said real estate wasn’t sexy?! Curiosity is key at Keys AM. This is our exploration journey.