Le bâtiment au cœur de la transition écologique

De l’enveloppe à l’usage, pourquoi nos bâtiments sont un sujet incontournable pour la transition écologique.

Curiosity is Key(s)
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6 min readMay 31, 2022

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Lauréat de l’appel à projets Réinventer Paris sur le site Ternes-Villiers, “La ville multistrate, un nouveau paysage métropolitain”, projet présenté par BNP Paribas Real Estate, Jacques Ferrier Architecture et Chartier Dalix Architectes (Article amc-archi.com, 2016)

Infrastructures de nos vies quotidiennes mais deuxième source d’émissions de gaz à effet de serre en France : les bâtiments résidentiels et tertiaires sont un enjeu majeur de la transition écologique. Réduire le bilan carbone des bâtiments aurait un impact massif sur le bilan carbone du pays tout en étant bien accepté par les Français.

🏢 Résultats maximum, contraintes minimum

Réduire notre bilan carbone mais sans mesure générant de fortes contraintes individuelles : c’est ce que souhaitent les Français pour la transition écologique. C’est pour cela que le bâtiment est un secteur clé de la transition écologique : sa mutation écologique peut être réalisée de manière indolore du point de vue des habitants tout en produisant des résultats massifs.

Les mesures que les Français sont prêts à prendre pour lutter contre les gaz à effet de serre (Sondage OpinionWay pour l’ADEME)

Incontournable pour la neutralité carbone 🌱

Changer nos constructions, nouvelles ou anciennes, est une priorité absolue du fait de leur bilan polluant. Aujourd’hui, elles représentent 44 % de la consommation énergétique française et 23 % des gaz à effets de serre, soit 123 millions de tonnes de CO2 émises par an. D’une part, le logement ancien appelle à être réhabilité et rénové dû notamment à ses faibles performances thermiques. D’autre part, le bâtiment neuf émet une pollution dite « grise », prenant en compte la pollution émise par les matériaux produits ainsi que leur acheminement 🏗️. 90% à 95% d’entre eux sont construits avec du béton dont l’un des éléments indispensables est le ciment. Celui-ci est pourtant responsable de « 7 % des émissions mondiales de CO2 ». Afin d’atteindre l’objectif européen de neutralité carbone d’ici 2050, il est essentiel de repenser la construction du neuf et la réhabilitation de l’ancien.

1. …. par une volonté de se tourner vers l’écoconstruction

Face à l’enjeu environnemental, le BTP met en place l’écoconstruction sous trois formes. Lors de la conception de la nouvelle construction, l’usage du Building Information Modeling est généralisé. Il permet d’obtenir une maquette numérique du projet et d’en évaluer son impact environnemental ainsi que ses performances énergétiques. De cette façon, il devient possible de réduire son bilan carbone, par exemple en utilisant des biomatériaux. On va également jusqu’à imaginer des bâtiments à énergie positive, qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Lorsque le chantier est en route, il faut alors s’assurer de sa bonne gestion afin d’en réduire les déchets et la consommation de ressources naturelles tel que l’eau. Finalement, le bâtiment doit correctement s’intégrer à son environnement. Afin d’éviter un étalement urbain on veillera à construire en hauteur. Ou encore, pour respecter la biodiversité en ville, on songera à végétaliser certains murs.

2. …. par l’obligation imposée par la réglementation nationale et européenne

La loi vient encourager ces changements :

  • Le bâtiment neuf. La réglementation environnementale 2020 (RE2020), succédant à la réglementation thermique de 2012, prend de nouvelles mesures vers la construction de bâtiments passifs. Ainsi, l’isolation du bâtiment et l’apport de chaleur par son environnement extérieur comme intérieur doivent suffire aux besoins en chauffage de ses usagers. Par ailleurs, la loi Climat et Résilience d’août 2021 est venue appuyer la démarche des maires écologistes contre l’artificialisation des sols. Celle-ci établit que d’ici 2023, la construction sur terrain vierge et agricole sera divisée par deux.
  • L’immobilier de stock. Il ne fait pas exemption des mises en place graduelles de règlementations nationales à objectifs ambitieux. D’après le décret tertiaire de 2019, la consommation énergétique de tout bâtiment doit diminuer de 60 % sous 30 ans. Par ailleurs, les logements doivent également réduire leur consommation énergétique, puisque les propriétaires n’auront plus le droit de louer des appartements de classes DPE G ou F d’ici 2028 (voir le Journal Officiel). Le gouvernement a tenu à soutenir la rénovation énergétique via des dispositifs tels que MaPrimeRénov’.
  • Les professionnels du secteur. Non seulement les modalités techniques sont encadrées mais les professionnels sont également activement engagés. Chaque asset manager devra donc déclarer son alignement avec les six grands objectifs visant à la neutralité carbone d’ici 2023 d’après la taxonomie européenne.

🧍 Le bâtiment mixte au service de la Ville du quart d’heure 🤸

SI rendre le bâtiment éco-responsable est une mutation qui ne demande presque pas d’adaptation d’usage et qui sera donc l’une des plus simples à mener, cette évolution va de pair avec une nouvelle conception de la ville et de son aménagement. Les Français ont de nouvelles aspirations. Promus par les maires écologistes mais également voulu par les citoyens, on voit apparaitre de plus en plus d’aménagements piétonniers ou de verdure en ville.

Plan de Paris Centre et Saint-Germain “apaisé” (Site de la Ville de Paris)

Une ville respectueuse de l’environnement, plus verte ou de taille moyenne ? C’est simple on aspire à vivre dans la ville dite du « quart d’heure ». Celle-ci propose une transition de quartiers spécialisés à diversifiés. Loin du traditionnel quartier des affaires comme la Défense (dont le taux de vacance est de 14 %), les Français souhaitent désormais habiter proche des commerces, de leur travail et d’une multitude de services. 🏠 💼 🎳 Si beaucoup ont estimé que le télétravail allait mettre à mal l’immobilier de bureau, ce n’est pas la tendance qui se dégage actuellement, mais plutôt un appel à un réaménagement de la ville en plusieurs centres.

Afin de s’adapter à ces nouveaux usages, le « bâtiment mixte » s’offre comme une solution. En effet, on inverse désormais la tendance des urbanistes des années 1960–1970, et on tente de retrouver une vie de quartier au sein d’un immeuble. D’après la Harvard University Graduate School of Design : « un bâtiment est dit mixte dès lors qu’il comporte trois fonctions différentes dont aucune ne représente plus de 60 % de la surface totale de l’immeuble ». Un parfait exemple de cette nouvelle forme d’immobilier est proposé par David Chipperfield Architects, l’un des 23 lauréats du concours Réinventer Paris, tenu en 2016. Morland Mixité Capitale vise à réhabiliter la Préfecture de police de la zone Sully-Morland. Précédemment située à 20 minutes des commerces les plus proches (localisés à Bastille), le projet est en cours de rénovation d’un quartier de 40 000 m2. En gardant un espace résidentiel, le projet réintroduira 11 types d’usages avec des commerces, des bars et restaurants, l’accès à une salle de sport ou encore à une crèche.

Illustration du projet Morland Mixité Capitale (Site David Chipperfield Architects)

Il pourrait s’agir là d’une opportunité pour les investisseurs : l’immobilier géré devient une nouvelle sorte d’actifs à part entière. Tandis que l’immobilier géré a été synonyme de résidences seniors ou étudiantes, celui-ci poursuit de nouveaux desseins adaptés aux modes de vie portés par le coworking ou le co-living. Selon Anaxago, cette classe d’actifs possède un rendement élevé estimé entre 4 et 6 %, qui pourrait bien séduire les investisseurs. Que cela soit par la mixité des usages, ou la prise du tournant écologique, Curiosity is Key(s) est persuadé que s’adapter à ce changement de paradigme regorge d’opportunités pour le secteur de l’immobilier et du BTP !

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