Le Bureau de demain
Un « network of places »
60% des français souhaitent plus de télétravail. Si ce dernier tend à s’installer durablement dans le monde de l’entreprise, il pose la question du Bureau tel qu’on le pratique depuis plus d’un siècle. “Les raisons pour venir au bureau doivent être importantes et attractives” déclare Bertrand Justamente, Directeur Immobilier d’EY dans un entretien avec Frank Zorn, co-fondateur de Deskeo.
Le confinement comme déclencheur
EY est une société nomade, la mobilité est dans son ADN. La Tour First, son gratte-ciel de bureaux situé à La Défense, en est la parfaite illustration. Si 5 000 collaborateurs y sont basés, la tour n’abrite que 3 500 postes. Pourquoi ? Car entre rendez-vous clients, voyages d’affaires et télétravail, seulement 3 300 employés sont en moyenne présents sur site.
Ajoutez à cela une crise sanitaire sans précédent et vous obtenez le parfait déclencheur d’un mouvement vers plus de remote work.
De fait, le confinement a réduit le taux de présence au siège d’EY de 60% à 0%, forçant l’adaptation au travail à distance avec un certain succès. De l’aveu même des managers du groupe, “la productivité des équipes est restée constante”.
Le monde d’après
A l’image du déconfinement national, le retour au bureau nécessite des mesures adaptées accompagnées d’une montée en charge progressive. Cela permet de valider le dispositif tout en garantissant santé et sécurité pour tous.
Parmi les mesures du groupe EY, l’instauration d’une distanciation entre deux bureaux et d’un turnover de 48h entre deux occupations d’employés sur un même poste. Conséquence immédiate, la jauge maximale sur site se limite désormais à 1 000 employés, soit moins d’un tiers de ce qu’elle était en début d’année.
Aujourd’hui EY estime à 30% la part de ses effectifs qui ira au bureau pour travailler dans les mois à venir. Cela pose donc la questions des règles à mettre en place.
Le règles d’or du télétravail
Plus qu’un essor, le télétravail devient une exigence pour une partie des collaborateurs. Toutefois, pour justifier l’existence du Bureau, le format présentiel devra intégrer quelques nouveaux principes :
1. Il faut une raison pour aller au bureau
- Pour inviter vos collègues ou partenaires à une réunion « en présentiel » au bureau, il vous faut désormais vous justifier. Et mieux vaut ne pas faire déplacer les gens pour regarder des slides sur un écran !
- Les collaborateurs ne viendront qu’en cas de nécessité : pour une tâche particulière qui n’est faisable qu’au bureau, pour la formation ou le on-boarding de nouveaux collaborateurs, pour le « teaming » (travail d’équipe) ou la vie sociale et le maintien du lien avec ses collègues.
2. Tout passage au bureau se réserve
- Cela permettra aux employeurs de « tracker » les taux d’occupation et les risques sanitaires.
- EY le permet déjà au travers de son application Tenant Experience qui servait auparavant à réserver des salles de réunion.
3. Vos employés peuvent désormais habiter dans le quartier et la ville de leur choix.
- Plus besoin de payer 800€/mois pour une chambre en coloc dans les mégalopoles pour les travailleurs de bureaux qui pourraient ne payer que 200€/mois dans une autre ville.
- Les employeurs peuvent et peut-être même doivent voir la flexibilité donnée par le télétravail comme un win-win: le collaborateur gagne en flexibilité, équilibre vie privé/perso; les entreprises ont l’occasion d’optimiser leur coûts fixes (loyers, salaires etc.).
4. Dernière règle : pas de règle !
Ne jamais rien imposer comme règles sur la façon de télétravailler ! Les règles sont trop souvent interprétées comme des dogmes qui braquent les collaborateurs et rigidifient les modes de travail. Au contraire, EY conseille de responsabiliser les gens et d’évaluer leur comportement en ce sens.
Le Bureau de demain doit donc être vu comme un « network of places », comme une multitude de hubs décentralisés, comme des lieux qui apportent de la valeur humaine et expérientiel. Ce bouleversement implique un changement de paradigme dont les bénéfices semblent être la rentabilité des entreprises tout autant que le bien-être de ses collaborateurs.