En recherche du « Tu » qui s’accorde avec mon « Je »

L'Or Nadine
Danses & mots, l’écriture en mouvement
3 min readMay 6, 2018

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Tu as croisé mon sentier avec ton sourire enjôleur et une certaine bienveillance. Je m’étais engouffrée dans ce chemin où tu te présentais. Mais j’ai pris mon temps pour monter dans ton train…Il me fallait réfléchir, m’équiper pour ce voyage auquel je n’étais pas habituée… Tu as respecté mon temps de réflexion… et une fois entrée dans ton antre, tu m’as accueillie gentiment, trop gentiment même… Tu voulais me couver, me protéger, me ferrer, beaucoup apprendre de moi sans jamais rien lâcher sur toi… Tu reflétais un puits de bienveillance sans fond, peut être même trop infini pour moi qui ai goûté jusqu’à l’os l’amour inconditionnel à la source et qui en suis ressortie sevrée…Au début je me suis laissée envoûtée bien que tout cela m’étonnait grandement mais très vite j’ai repris le contrôle. Les danses avec toi me semblaient parfois longues et sans saveur, inquisitrices souvent. Tu te servais aussi sans un merci dans ma grande générosité ; après tout, de mon côté je ne voulais rien te devoir alors c’est comme si je payais un peu ma part dans la locomotive que tu menais. Parfois, au détour d’une station tu faisais le tour des wagons et avec moi tu voulais savoir dans quel camp j’étais car tu avais des ennemis, éjectés de ton train, qui étaient devenus mes amis… et dans ces moments de tests tu me montrais ton vrai visage, moralisateur, froid, sans filtre et avec une certaine perversité même dans tes attitudes. Alors la méfiance a commencé à s’installer avant que ne se développe le syndrome de l’imposteur dont tu voulais m’affubler et peu à peu, sans crier gare j’ai commencé à me détacher et à descendre tout doucement, sans faire de bruit… Tu ne comprenais pas et exigeais de moi que je te dise tes vérités que tu semblais avoir devinées mais étais tu dans le vrai ? Je t’ai laissé y réfléchir à loisir et chercher, tu me parais aimer fouiller et juger alors fais toi plaisir mais sans moi à tes côtés…

Toi aussi tu es arrivé sur mon chemin avec ce même sentiment de bienveillance que j’aime tant. Principe « second empire » me disais tu mais en me proposant cette randonnée, tu as respecté ce code qui me plait tant en me montrant patte blanche et ensemble nous avons fait un bout de chemin pas toujours évident. Tiens ? c’est marrant ce point de bascule avec toi du « je » au « nous »… Tu as ce je-ne-sais-quoi de fascinant dans l’aura qui te permet de pouvoir me faire entendre plein de Vérités et il t’est même arrivé souvent de me demander de regarder en bas, là, juste en bas… Dans ces moments là, tu me prends doucement par le bras et me ramènes au sol, là, tout en bas, jusqu’à la frôler cette Terre, ce sable où nos racines sont enfouies… Alors, avec confiance, je me baisse et tu me laisses fouiller et tu es souvent là quand je chute dans les méandres de ces nœuds bien cachés sous terre que j’ai du mal à défaire. Oh tu ne viens pas m’aider à les dénouer car ça ne te concerne pas mais tu m’offres la hache pour les rompre ; parfois j’abats même une partie de l’arbre mais je sais que le temps fera repousser une écorce plus saine… D’autres fois tu me fais découvrir les hauteurs du ciel jusqu’à l’ivresse insouciante… J’en oublie presque mon quotidien et prends plaisir à planer avec toi, là bas, tout là haut… Pour sûr que ma singularité t’interpelle, te plait même et avec moi tu apprends aussi sur toi… Ensemble, nous grandissons…Comme je l’aime cette danse ! Mais hélas, comme pour tout ce qui nous enivre agréablement, le temps semble toujours trop court avec toi, les minutes et les secondes filent comme l’éclair. La musique vient de s’arrêter… aujourd’hui ça ne durera pas, toi et moi on sait pourquoi… Alors à quand la prochaine danse avec toi ?

Nady — 06/05/2018

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