La feuille

C’est drôle que tu m’aies attribué la feuille ! Comment sais tu que j’aime les arbres ? Leurs feuillages qui m’émerveillent et me reposent, bien plus que les fleurs qui sont plus éphémères… Moi j’aime quand ça dure ; comme une certaine fidélité, et malgré la distance qui sépare la feuille de la Terre nourricière, la sève sait toujours trouver son chemin pour aller la nourrir.

La feuille change aussi au fil du temps : comme notre peau elle se flétrit après nous avoir montré sa belle parure verdoyante et pleine de vie ; sa couleur se modifie aussi selon les saisons et elle sait nous alerter quand elle est assoiffée. Les caresses de la pluie parfois, les baisers de la rosée le matin, la revigorent pour une nouvelle journée et au son du vent, la feuille s’engage dans une nouvelle danse. Elle se mêle à d’autres feuilles et ensemble elles virevoltent avec grâce jusqu’à tomber au sol. Les feuilles vivent en paix en forêt tant qu’on ne vient pas les arracher ou les écraser. Elles naissent, bourgeonnent, resplendissent au soleil, nous abritent de la pluie et tranquillement se détachent pour aller s’allonger et former un automnal tapis de sol.

La feuille c’est toi, c’est moi, c’est nous… c’est eux aussi là-bas ! Oui, c’est vraiment drôle que tu m’aies donné une feuille… La feuille, je la noircissais déjà de mes mots avant de te connaître, ça me soulageait de certains maux de société ; mais tu m’as fait valser ces mots dans le mouvement de la danse et avec toi j’ai appris tant de choses sur moi et ai par-dessus tout apprécié l’approche de regarder autour de soi. Ainsi, à travers tes ateliers, l’autre étranger devenait presque familier et sans danger… alors je me suis approchée sans préjugés et ensemble on dansait ou je m’en éloignais sans avoir à expliquer car tu mettais un point d’orgue à la liberté et ça j’ai beaucoup apprécié. Du coup je griffonnais sur ces feuilles avec plus de fluidité et donnais parfois de la voix pour exprimer ces mots en oralité.

Alors je terminerai cette feuille avec un simple mot, résumant ainsi ma reconnaissance au merveilleux travail que nous avons fait ensemble et qui m’apporta beaucoup : MERCI Marion, ce fut très bon !

Nady